Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Chronique

19e Congrès. Les hommes du président en route pour 2022. 1re Partie : Une stratégie à 3 volets

2.- Consolider la base.

Se connaissant bien, confirmés à la tête de provinces en même temps que Sun et Hu, Li Hongzhong et Wang Guosheng qui appartiennent à la génération des aînés, ont derrière eux une longue carrière d’apparatchiks dont les débuts remontent à la fin de la révolution culturelle. Avec d’autres, ils apporteront leur appui à Xi Jinping au sein du Comité Central où son audience n’est pas encore totalement assurée.

Li Hongzhong, 60 ans, a été officiellement nommé à la tête de la municipalité de Tianjin, poste qu’il occupait déjà depuis 8 mois. Membre suppléant du Comité Central depuis 20 ans, il n’a jamais réussi à en devenir un membre de plein droit. Ses plus hautes fonctions furent celles de chef du parti de la municipalité de Shenzhen (2005 – 2007), après quoi il resta 9 années au Hubei où il occupa les fonctions de vice-gouverneur et de n°2 du parti avant d’en devenir le chef en 2010 jusqu’en 2016, année à laquelle il fut muté à Tianjin. Il y a remplacé Huang Xingguo, arrêté en septembre 2016 pour corruption.

Une fois muté à Tianjin, Li avait exprimé son soutien à Xi Jinping. Avant le 6e plenum de l’automne 2016, il fut en effet l’un des premiers à soutenir la motion ayant fait de l’actuel n°1, à la suite de Mao, Deng Xiaoping et Jiang Zemin, le « Cœur - 核心- de la 5e génération de militants du Parti - un honneur auquel Hu Jintao n’avait pas eu droit -.

Mais, à au moins une occasion, Li fit la preuve de son manque d’habileté politique, exprimant sans ménagement son hostilité à la presse. En 2010, durant la cession de l’ANP, il avait en effet confisqué le magnétophone d’une journaliste qui lui demandait de commenter le viol d’une jeune femme par un fonctionnaire du Parti à Baodong, municipalité appartenant à sa juridiction. L’affaire lui valut quelques titres peu élogieux de journaux chinois et étrangers.

Le deuxième vétéran confirmé au rang de responsable politique provincial fut Wang Guosheng nommé à la tête du Qinghai où il est en poste depuis juin 2016. 60 ans, membre du Comité Central depuis 2012, originaire du Shandong où il a passé une bonne partie de sa carrière dans des postes techniques à l’inspection du travail, comme directeur commercial, puis comme chef de parti dans des villes moyennes de la province, Wang a ensuite partagé sa carrière entre le Jiangsu où il fut Directeur de la propagande, président de la Commission d’organisation et Directeur de l’école du parti (2000 – 2010) et le Hubei dont il fut le gouverneur de 2010 à 2016, alors que Li Hongzhang y était le chef du Parti et le n°1.

Evidemment la nomination de ces deux fantassins du Parti à la tête d’importantes administrations ne suffit pas à rendre compte des efforts du président pour consolider la base. En réalité le travail est en cours depuis plusieurs années, sur la lancée de dispositions antérieures portant chaque année à l’attention de la tête du régime une centaine de représentants des districts les plus méritants.

Depuis 2013, Xi Jinping poursuit cette stratégie honorant la base en lui conférant une solennité et un lustre particuliers, dans le but de reconstruire les soubassements du régime et ses liens personnels avec le peuple jusque dans les endroits les plus reculés de Chine.

Le projet de rénovation du Parti par ses racine locales est en phase avec la décision de juin 2014 annonçant le durcissement des critères de recrutement de l’appareil. Après avoir constaté que les anciennes conditions d’adhésion, trop tolérantes, ne correspondaient plus, précisait Xinhua, « aux circonstances politiques auxquelles était confronté le pays. », la sélection, disait la dépêche, focalisera désormais plus sur « la qualité que sur la quantité ».

Lire aussi Xi Jinping rénove le Parti, recentre son pouvoir et s’organise pour durer.

3.- La nomination de Cai Qi 菜奇. Promotion d’un fidèle.

Agé de 62 ans, diplômé de sciences politiques de l’université normale du Fujian, n’ayant ni l’expérience politique, ni les capacités de ses jeunes rivaux, toujours pas membre du Comité Central, Cai Qi a pour lui d’être un des fidèles du Secrétaire Général qui apprit à le connaître au cours leur expérience commune au Fujian à la fin des années 90 et à Hangzhou au Zhejiang (2003 – 2007). En 2014, Xi Jinping l’a appelé à Pékin pour en faire le n°2 de la Commission Nationale de Sécurité du Comité Central.

Deux ans plus tard, il était nommé vice-maire de Pékin, puis maire en 2017. Rares sont les fonctionnaires pouvant se targuer d’être passés en seulement une année du poste de vice-maire à celui de n°1 d’une grande municipalité.

A partir de 2010, alors président de la Commission d’organisation du parti du Zhejiang, tandis que Xi Jinping qui le connaissait bien, était déjà Vice-président de la République, Cai s’est signalé à l’attention du public en tenant un blog qu’il avait intitulé « Cai Qi le Bolchevik » où il se présentait à ses « suiveurs » comme le redresseur de tort des abus. Surtout, une fois maire de Pékin, il s’était bruyamment manifesté pour lutter contre la pollution.

Trois mois à peine après sa nomination, il décidait la réduction de 30% de la consommation de charbon dans Pékin et la mise hors service des centrales thermiques autour de la ville. A quoi s’ajoutait le projet de fermer les usines les plus polluantes, tandis qu’il promettait à 2000 autres des subsides publics pour filtrer leurs émissions. Les projets d’installer des purificateurs d’air dans les écoles, d’interdire 300 000 véhicules polluants et d’augmenter la rigueur des contrôles par des équipes spéciales ont fini de lui rallier l’opinion de la capitale, prélude à sa nomination.

Lire notre article La difficulté des stratégies anti-pollution. Progrès et embardées.

Notons que, pour remplacer Cai à la mairie de Pékin, le pouvoir, décidé à tirer profit de la dynamique favorable à l’écologie, a nommé l’actuel ministre de l’environnement (2015 – 2017), Chen Jining, 53 ans, un scientifique qui fut président de Qinghua de 2012 à 2015. Lire La longue marche chinoise vers la conscience écologique.

Cai sera aussi secondé à Pékin par l’ancien vice-ministre de la publicité Jin Jun Hai 景 俊 海, 56 ans nommé en 2017 n°2 du Comité du parti de la capitale. Jin appartient au clan de Xi Jinping du Shaanxi, chapeauté par Zhao Leji, le president de la Commission d’organisation du Parti.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Commission mixte scientifique 2024 : et après ?

Chine - France : Commission mixte scientifique 2024, vers une partie de poker menteur ?

A Hong-Kong, « Un pays deux systèmes » aux « caractéristiques chinoises. »

Chine-Allemagne : une coopération scientifique revue et encadrée

Pasteur Shanghai. Comment notre gloire nationale a été poussée vers la sortie