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1er trimestre 2012. Faits et commentaires

3. La Chine et le Monde.

• Forum économique de Lingnan.

La première session du forum économique de Lingnan, destiné à des échanges de vues sur l’adaptation du schéma de développement de la Chine, a eu lieu, à Canton, le 25 mars à l’Université Sun Yat-sen. Plusieurs passes d’armes ont opposé quelques patrons privés aux pouvoirs publics.

Zhong Shan, le vice–ministre du commerce, répétant la position du gouvernement, d’ailleurs reprise lors du sommet des BRICS à New-Delhi le 29 mars, a expliqué que la Chine était forcée de jouer un jeu dont les règles avaient été établies par les pays occidentaux. Dans ce contexte, a t-il ajouté, Pékin sentait la pression de tensions commerciales croissantes et se trouvait prise en étau.

Alors que la Chine avait en 2011 contribué à 10,8% du commerce mondial, les pays développés dressaient des obstacles à la participation des sociétés chinoises au secteur des énergies vertes et des hautes technologies. Dans le même temps, elle était confrontée à la concurrence de pays comme le Vietnam et l’Indonésie, dont les coûts de production étaient plus bas.

En réponse, plusieurs hommes d’affaires chinois ont critiqué les complications administratives posées par les autorités chinoises, locales et centrales, qui gênent l’expansion des PME chinoises à l’étranger. Ils ont également demandé aux banques de se mettre en mesure d’appuyer les entreprises privées dans leurs projets de développement à l’étranger.

• Baisse des IDE [1] occidentaux en Chine. Augmentation des IDE chinois.

En février la Chine enregistrait pour le 4e mois consécutif une légère chute des investissements directs étrangers (IDE). Ce recul a mis la situation du crédit sous pression et obligé la banque centrale à baisser le taux de réserve obligatoire des banques.

Au cours des 2 premiers mois de 2012, les capitaux américains investis en Chine n’ont augmenté que de 0,87 % pour atteindre 525 millions de $, ceux de l’UE ont baissé à 906 millions de $ (-33,3%) par rapport à janvier, février 2011. En revanche ceux des partenaires asiatiques de la Chine (Japon, Corée, Taïwan, Hong Kong + ASEAN) ont augmenté de 2,66 % pour atteindre 15,4 Mds de $.

Dans le même temps et dans les 3 premiers mois de 2012, les IDE chinois ont augmenté de 41,1% par rapport à 2011 pour atteindre 7,4 Mds de $. Cette tendance s’inscrit dans la stratégie destinée à réduire les excédents courants, alléger la pression à la réévaluation du Yuan, à quoi s’ajoutent la quête de technologies nécessaires à la modernisation du secteur industriel et la recherche de marchés, par l’accès aux réseaux de ventes et de distribution des groupes occidentaux en difficulté, dont les sociétés chinoises font l’acquisition.

• SINOPEC aux Etats-Unis. Petro China au Canada. CNPC en Afghanistan.

En Janvier 2012, le Groupe SINOPEC a racheté à l’Américain Devon 30% de ses parts dans 5 gisements de gaz et de pétrole de schiste aux Etats-Unis, pour 2,5 Mds de $ (dont 900 millions cash) qui lui donneront le droits de creuser 125 puits d’exploration en 2012.

Presqu’en même temps, Petro China a conduit une opération similaire au Canada pour acquérir la totalité des droits sur le champ de sables bitumeux de Mackay River, dont le groupe chinois possédait déjà 60% des parts. En février, la CNPC, société mère de Petro China avait obtenu une autorisation d’exploration en Afghanistan.

Selon une synthèse réalisée par Bloomberg, en 2011, les compagnies chinoises ont engagé 18,3Mds de $ dans des opérations d’exploration et d’extraction d’hydrocarbures.

• Taxe carbone. Bras de fer avec l’UE.

La décision prise en janvier par l’UE de taxer les émissions de carbone des compagnies aériennes mondiales a soulevé l’opposition de la Chine appuyée par les Etats-Unis, la Russie, l’Inde, et l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA). La controverse, qui s’est déjà traduite en une menace chinoise et indienne de boycotter Airbus, risque de se transformer en une guerre commerciale planétaire.

La querelle, compliquée par des intérêts commerciaux et une vision hypocrite des risques de pollution, avant tout soumise à des impératifs de profits, est significative des arrière-pensées, non dits et échecs d’une politique globale de l’environnement, entrée en catalepsie après la conférence en demi teinte de Durban qui avait reporté à 2020 l’adoption de mesures efficaces.

Récemment, l’ambassadeur de l’UE, l’allemand Markus Ederer, a mis les pieds dans le plat en ciblant la mauvaise foi des réticences anti-européennes, tout en ouvrant la porte à un compromis qui pourrait exempter de la taxe mise en place par Bruxelles ceux des pays qui prendraient des « mesures équivalentes » en terme de réduction de pollution : « en comptant les dispenses obtenues grâce aux « mesures équivalentes », le coût additionnel par passager sur un vol Pékin – Bruxelles serait de 2,70 $. Je laisse à votre appréciation s’il s’agit là d’un prix trop important à payer pour sauver la planète ».

L’initiative européenne très critiquée a pourtant une base légale, puisqu’un jugement de la Cour européenne de justice a, en décembre 2011, débouté plusieurs compagnies américaines qui refusaient la taxe au motif que les gaz émis hors espace européen ne pouvaient pas faire l’objet d’une taxe européenne et que l’application de la taxe sur les carburants était interdite.

Mais l’IATA, qui représente 240 compagnies aériennes, avance que la taxe induirait un manque à gagner total de 900 millions d’€ en 2012 et 2,8 Mds d’€ en 2020.

A bien des égards cette controverse, sur fond de préoccupations mercantiles, est emblématique des défis qui compliquent les solutions aux problèmes d’environnement. Elle souligne aussi l’isolement de l’UE dont les efforts en faveur de l’environnement ont souvent été unilatéraux.

Note(s) :

[1investissements directs étrangers


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