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1er Trimestre 2013. Le temps des grands défis

CHINE – MONDE (2)

La baisse des IDE en Chine est en phase avec les critiques des investisseurs américains et Européens qui, répondant à une enquête, affirmaient à la fois que leurs affaires étaient profitables (73%), mais que l’environnement administratif se durcissait avec la multiplication de réglementations complexes et souvent floues.

La récente campagne commencée à la mi-mars par les médias officiels chinois contre Apple, accusé d’arrogance à cause d’un service après-vente déficient (modalités de garantie jugées peu équitables et utilisation de pièces usagées pour les réparations), pourrait être un des symptômes d’un environnement commercial et politique dégradé.

Elle renvoie à d’autres affaires du passé, où en s’attaquant à une entreprise étrangère, le pouvoir chinois visait d’autres cibles. Le 24 mars le Quotidien du Peuple, adoptant un style de révolution culturelle, publiait en première page un article expliquant qu’il fallait « combattre l’arrogance auto-satisfaite d’Apple ».

Un éditorial du Global Times, non traduit en Anglais, appelait les Chinois à avoir plus confiance en eux-mêmes, expliquant que les critiques des internautes contre CCTV et les journaux chinois « viennent de ceux qui sont aveuglément convaincus de la supériorité occidentale ».

Certains supposent que la manœuvre est une contre attaque visant à protéger les concurrents chinois d’Apple comme Huawei ou ZTE. D’autres y voient une riposte aux mesures récentes prises par le gouvernement américain contre les entreprises chinoises du secteur des technologies de l’information, dont les exportations en Chine atteignent 129 Mds de $ par an. Une loi en gestation depuis plusieurs semaines, entrée en vigueur le 29 mars, exige en effet que la NASA, les ministères de la défense, de la justice et du commerce sollicitent l’accord des autorités fédérales avant de d’importer des équipements chinois.

L’offensive qui a duré deux semaines menée par le Quotidien du Peuple, le Global Times et CCTV s’est achevée par les excuses postées sur le site d’Apple, par le PDG Tim Cook qui a mesuré l’importance du marché chinois pour le groupe. « Nous reconnaissons que certaines personnes ait pu considérer que le manque de communication était une arrogance de notre part. Nous présentons nos sincères excuses à nos clients pour la confusion qu’ils ont ressentie et les désagréments causés ».

L’affaire a suscité les réactions d’autres médias et des internautes, parfois à la décharge d’Apple. Le 1er avril, le magazine Caixin publiait un article citant Fu Weifang, universitaire, expert du droit de propriété et vice-président de l’Institut de Droit et des finances de Shanghai qui dénonçait la campagne en relevant le flou de la loi chinoise sur les garanties et mettait en garde contre le mauvais signal envoyé aux investisseurs étrangers.

Mais le commentaire le plus pertinent a été proposé par un internaute qui trace la limite entre la propagande politique et le droit : « je ne comprends pas bien ce qu’on reproche à Apple. Si la compagnie a commis un acte illégal, il faut la poursuive en justice, sinon, il faut la laisser tranquille ».

Si les investissements étrangers en Chine se contractent, en revanche, en 2012, les IDE chinois ont augmenté de 28,6% pour atteindre 77 Mds de $, qui ciblent plus de 4000 sociétés et 141 pays. Le chiffre est cependant à mettre en rapport avec les 1600 Mds de $ d’IDE dans le monde, dont 1240 Mds (77%) viennent de l’Amérique du Nord, de l’Union européenne et du Japon.

Les principaux investissements récents concernent 2,5 Mds de $ par SINOPEC dans Devon Energy, 420 millions de $ par Wangxiang dans Greatpoint Energy, 2,6 Mds de $ de Dalian Wanda pour acheter AMC Rhodium et, en février, 15 Mds de $ par CNOOC pour le rachat du Canadien Nexen, spécialiste du gaz de schiste.

Enfin, début février, le gouvernement pakistanais a accepté en échange de 35 millions de $, la proposition de la compagnie chinoise Overseas Port Holdings Ltd 海外集团有限公司 de reprendre la gestion du port de Gwadar à la suite de PSA International (Singapour), qui a jeté l’éponge alors qu’elle détenait une concession pour 40 ans. Le bureau logistique de l’armée pakistanaise se trouve parmi les investisseurs.

L’affaire est sensible car l’arrière pays du Baluchistan est traversé par des tension irrédentistes anti chinoises. Lors de la dernière assemblée générale des NU, le représentant chinois a du prendre la parole pour répondre au représentant de la province du Baluchistan qui accusait Pékin et Islamabad de vouloir « piller » les ressources de la province et de vouloir installer à Gwadar une base militaire, dont le financement serait assuré par les trafics de drogue de la région, auxquels l’armée pakistanaise serait partie prenante.


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