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2e trimestre 2013. Réformes et turbulences. Energie verte et or noir russe

CHINE – MONDE

Dans les relations économiques de la Chine avec l’étranger on retiendra deux faits majeurs : un très puissant rapprochement énergétique avec la Russie et l’exacerbation des querelles commerciales avec les États-Unis et l’UE.

Après le jugement de l’OMC en octobre 2012 condamnant le dumping sur les pièces d’acier destinées aux transformateurs électriques et la mise en place, à la même époque, de taxes américaines sur les panneaux solaires, mesures qui font suite à d’autres jugements en 2011 condamnant les quotas imposés par la Chine sur les Terres Rares, la création en février 2013 aux États-Unis d’une administration spéciale antifraude ciblant la Chine, montre que rien ne va plus dans les échanges commerciaux entre la Chine et les États-Unis, qui ont récemment pris un tour très agressif.

Les affres de l’énergie verte

Aujourd’hui, compte tenu des efforts chinois dans le domaine des énergies renouvelables, il n’est pas étonnant que les conflits touchent les secteurs du solaire et de l’éolien, qui, après quelques années d’expansion échevelée, sont aujourd’hui confrontés à de graves difficultés – le secteur des énergies renouvelables est accablé de plus de 3 Mds de $ de dettes, conséquence de la crise mondiale et d’une série d’investissements imprudents -. Lire à ce sujet les déboires de Suntech au printemps dernier.

Aujourd’hui c’est au tour de SINOVEL, le n°1 chinois de l’éolien d’être pris dans la tourmente des relations tendues entre Washington et Pékin. Mais cette fois, le conflit commercial se double d’une péripétie d’espionnage industriel, mise à jour grâce au système de surveillance américain dénoncé par l’ancien contractuel de la NSA, Snowden, lui-même au centre d’une saga planétaire de chasse à l’homme, sur fond de réprobation des pratiques américaines d’espionnage du net.

L’habitude est cependant courante chez la plupart des services de renseignement, qui tirent profit de l’aubaine des nouvelles technologies de l’information et de la circulation plus ou moins bien protégée d’innombrables informations sensibles. (Lire notre article Cyber-guerre. Une autre perspective).

Déjà sur la sellette judiciaire en Chine pour fausses déclarations sur ses profits, SINOVEL, dont les affaires sont en chute libre est en procès aux États-Unis. Lui-même et 2 de ses employés ont, à la fin juin 2013, été inculpés par un grand jury fédéral américain pour avoir dérobé en 2011 les programmes informatiques d’un composant électronique fabriqué par le groupe American Supraconductor et équipant les turbines de SINOVEL, elles-mêmes exportées par centaines au Massassuchetts.

Le transfert illégal de données a été organisé contre un pot de vin de plus d’1,5 million de $ à un ex-ingénieur du groupe américain basé à Vienne. Selon le site Boursier.com, le groupe chinois pourrait être condamné à près de 5 milliards de $ d’amende et de dommages et intérêts.

Le trimestre a également vu l’UE emboîter le pas aux États-Unis et imposer une taxe sur les panneaux solaires chinois, ayant déclenché d’assez fortes tensions entre Bruxelles et Pékin. Le sujet a déjà été évoqué dans la note du 8 juin : Guerre commerciale entre la Chine et Bruxelles.

Hormis la nécessité de se protéger contre le pillage technologique flagrant qui ne cessera pas, phénomène consubstantiel d’un monde en mutation rapide, on peut en revanche s’interroger sur la logique et l’efficacité de sanctions commerciales contre le dumping ou les subventions que les pays européens ont eux-mêmes accordées à leurs entreprises du secteur des énergies renouvelables.

Plus encore, alors que Pékin paraît prêt à la conciliation en acceptant de s’imposer des quotas d’export et des prix minimum (10 GW de cellules photovoltaïques par an, au prix minimum de 0,47 € pièce), les sociétés chinoises ciblées par les sanctions européennes – 11% de taxes pouvant aller jusqu’à 48% - s’apprêtent à contourner le barrage fiscal européen, envisagent déjà de délocaliser leur production dans d’autres pays d’Asie, en Turquie, en Afrique du Sud, en Arabie Saoudite ou au Portugal.

En même temps, l’Allemagne, la Grande Bretagne et d’autres pays du Nord de l’Europe craignent que les crispations nées de la guerre commerciale qui vient de commencer ne constituent un handicap à leurs affaires sur le marché chinois, dont les opportunités se développeront rapidement avec l’urbanisation du pays.

Aux États-Unis, les taxes – de 25 à 250 % -, qui devaient favoriser l’embauche sont controversées. Selon Rhone Resch, président du syndicat des industries solaires, cité par le Financial Times du 2 juin, elles n’auraient eu qu’un faible impact sur le marché. En dépit de l’effondrement des importations venant des Chine - 900 000 au 1er trimestre 2013, contre 11 millions en 2011 -, les prix des cellules photovoltaïques ne se sont pas envolés et les industriels américains n’ont pas recruté.

Même le chinois Yingli Green Energy, implanté aux États-Unis, n°1 mondial du secteur en 2012, qui constate un effet sur les prix américains, aujourd’hui plus élevés que sur d’autres marchés, reconnaît cependant la résilience du marché. Les sanctions sont contournées par Taïwan ou la Malaisie au point que les résultats du 1er trimestre 2013 furent parmi les meilleurs enregistrés, avec en prime la perspective de doubler les ventes en 2013.

L’américain First Solar, n°2 mondial, qui a délocalisé 85% de sa production en Malaisie, construit plusieurs champs de panneaux solaires aux États-Unis. Grâce à la chute du prix des cellules depuis l’entrée en lice de la concurrence chinoise, il est en mesure de livrer de l’électricité à des prix impensables il y a seulement quelques années. Le projet « Macho Springs » au Nouveau Mexique, propose le kW/h 40% moins cher qu’une centrale au charbon et même 10% en dessous des prix d’une centrale au gaz.

Puissance de l’or noir russe.

Dans les relations internationales, l’autre fait significatif au 2e trimestre, fut le développement considérable des liens énergétiques avec la Russie, amorcé lors du voyage de Xi Jinping en Russie à la fin mars et concrétisé par un accord sans précédent de 270 milliards de $, signé le 20 juin à Saint-Pétersbourg entre Vladimir Putin et le Vice-Premier ministre Zhang Gaoli, pour la livraison par Rosneft sur 25 années de 360 millions de tonnes de pétrole.

Dans un accord séparé, le géant chinois du pétrole CNPC a accepté, contre une cession annuelle de 3 millions de m3 de gaz, de prendre 20% des parts d’un projet sur la péninsule de Yamal dans l’océan arctique - liquéfaction de gaz lancé par Yamal LNG (détenu par Novatek et Total) -, dans lequel le français Technip est également partie prenante depuis le 3 avril 2013.

L’accord du 21 juin, l’un des plus importants jamais signés dans le secteur du pétrole, double les livraisons annuelles à la Chine à hauteur de 31 millions de tonnes. Répondant aux appétits chinois, il signale une bascule des projets d’hydrocarbures russes vers l’Asie, alors que la demande européenne stagne.

Déjà 20% des livraisons à la Chine viennent de la Sibérie occidentale, traditionnellement orientée vers les exportations en direction de l’Europe. La Russie voit le déplacement vers l’est du centre de gravité de ses exploitations d’hydrocarbures, comme les prémisses d’une mise en valeur de la Sibérie orientale grâce aux financements chinois.
Lire aussi Les habits neufs de la diplomatie chinoise.


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