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3e trimestre 2013. La lutte contre la corruption et les monopoles cible les groupes étrangers

CHINE – EUROPE

Un article du magazine Caijing du 5 août félicite le premier ministre Li Keqiang pour avoir remporté sa « première victoire diplomatique » dans le dénouement de la querelle sur les panneaux solaires avec l’UE, un épisode – dit l’article – qui montre l’importance accordée par le pouvoir aux nouvelles énergies.

Le 27 juillet, après deux mois de négociations, l’UE et la Chine ont conclu un accord qui fixe un prix minimum pour les panneaux solaires chinois, mais ne satisfait pas les fabricants européens. Ces derniers font remarquer que le prix minimum proposé aux Chinois est exactement au niveau des anciens prix subventionnés par Pékin. Selon EU ProSun représentant les fabricants européens qui a décidé de porter l’affaire devant la Cour de justice européenne de Luxembourg, « l’accord n’est pas une solution, mais une capitulation ».

Manifestement à l’avantage de Pékin et signé par 90 sociétés chinoises l’accord autorise les producteurs chinois à vendre jusqu’à 7 gigawatts par an au prix minimum de 0,56 € par Watt, très en-dessous des 1,12 € initialement prévus par la Commission. Il est vrai que Karel de Gucht, le Commissaire européen au commerce avait été mis en difficulté par plusieurs pays européens dont l’Allemagne et le Royaume Uni opposés aux sanctions contre la Chine. Les mésententes européennes sur cette question où la France, à l’inverse de Londres et Berlin, s’était portée en tête des pays favorables aux sanctions contre Pékin, expliquent la marche arrière de Bruxelles et la colère des fabricants européens.

Toutefois, il est nécessaire de préciser que pour la fabrication de panneaux solaires, la Chine importe ou utilise des technologies françaises comme les gaz spéciaux d’Air Liquide et le sodium résine de la société française MSSA, leader mondial du secteur, racheté en 2011 par le Japonais NISSO (Nippon Soda). Enfin l’engouement pour ce type d’énergie passe sous silence sa faible rentabilité et les embarras du stockage des panneaux usagés non recyclables.

CHINE - FRANCE

Les deux caractéristiques de la relation franco-chinoise sont : 1) une baisse de la cote de la France en Chine, tombée loin derrière les États-Unis et l’Allemagne et qui ne cesse de s’affaiblir depuis la période faste de la reconnaissance gaullienne en 1964 ; 2) un manque de stabilité de la relation, tour à tour renforcée ou fragilisée au gré des bascules de politique intérieure dont il arrive que les effets désarçonnent les Chinois.

Ainsi après les émotions et les connivences de la période Chirac, qui suivirent la forte secousse de la vente des Frégates et des Mirage 2000-5 à Taïwan durant la présidence de François Mitterrand, Pékin fut d’abord agacé par les déclarations intempestives sur le Tibet de Nicolas Sarkozy au moment des JO de 2008, puis heurté par les critiques du candidat Hollande sur le non respect par la Chine des règles du marché, au point qu’en 2012, la direction politique du régime avait laissé filtrer une préférence pour la réélection de Sarkozy, tandis qu’elle avait boudé Laurent Fabius venu à Pékin avant le scrutin.

En avril 2013, la visite de François Hollande, accompagné par 60 chefs d’entreprise devait fixer les bases d’un renouveau de la relation articulé autour des promesses de constance politique et de pragmatisme. Mais dans les secteurs traditionnels de la coopération industrielle les résultats furent mitigés.

Pas de nouvelle commande d’Airbus, une lettre d’intention pour une nouvelle tranche de 2 EPR à Taishan, une autre pour une usine de retraitement, signée par AREVA, 6 ans après le début des négociations, avec cependant une forte incertitude sur le prix de vente pour lequel aucun accord n’a été trouvé.

D’autres contrats ont été conclus dans les secteurs de l’environnement, de l’aménagement urbain et du tourisme, mais rien en vue pour Renault qui espérait pouvoir annoncer le lancement d’une chaîne de production à Wuhan en partenariat avec Dongfeng, le partenaire de PSA.

Ces déceptions font suite à des crispations récurrentes sur les transferts de technologies nucléaires civiles dont la plus importante avait eu lieu à l’été 2012 quand les Chinois avaient, en contradiction avec l’accord gouvernemental de 1995, tenté d’exporter en Afrique du Sud une centrale nucléaire utilisant les technologies françaises. Elles précèdent le récent raidissement chinois contre la France qui, contrairement à l’Allemagne et à l’Angleterre, s’étaient rangée du côté de Bruxelles dans la querelle sur les panneaux solaires.

Lire l’article du Petit Journal de Shanghai.

Lire aussi notre article 4e trimestre 2012. Xi Jinping et Li Keqiang à la manœuvre.

5 mois après la visite de François Hollande, alors que la querelle des panneaux solaires est provisoirement calmée, surgissent déjà de nouveaux agacements réciproques avec les accusations contre Sanofi (cf. supra), les difficultés de Carrefour et les doutes sur l’origine des capitaux chinois investis dans les vignobles français.

Engouement suspect pour les vignobles français

Le 6 août, le magazine Caijing citait le rapport 2012 de Tracfin, la cellule française de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme qui avançait l’hypothèse qu’une partie des nombreux achats de vignobles en France était en réalité des opérations de blanchiment d’argent provenant d’affaires crapuleuses, d’acteurs chinois, russes ou ukrainiens (Pages 27 à 29).

Sans citer de noms le journal Caijing renvoyait aux dizaines d’acquisitions par des Chinois de Hong-Kong, Taïwan et du Continent depuis 2008. Les seuls Chinois continentaux ont récemment acheté 40 vignobles, dans un contexte où le rythme des transactions s’accélère.

Mais interrogés à ce sujet les professionnels du vin de la région de Bordeaux affirment ne pas avoir connaissance de l’origine louche des capitaux. Un article du Figaro du 13 août cite la remarque peut-être un peu naïve de Grégory Pécastaing, directeur du Musée du vin à Bordeaux, également propriétaire d’une boutique en Chine : « Il est très difficile de sortir son argent en Chine, il y a beaucoup de démarches, donc je n’imagine pas du blanchiment possible. ».

Stratégie de Carrefour en Chine.

Fin juin 2013, la direction du groupe Carrefour démentait les rumeurs de son retrait de Chine qui circulaient depuis l’été 2012, en même temps que la bruit selon lequel COFCO (China National Cereals, Oils and Foodstuffs Corporation -中国粮油食品(集团)有限公司 - ), le n°1 de l’agroalimentaire chinois pourrait être un acquéreur potentiel. Mais les deux n’auraient pu s’accorder sur le prix exigé par Carrefour (6 Mds de $ contre 3 Mds proposés par COFCO). Il n’est pas anodin de rappeler que Carrefour avait eu plusieurs contentieux très médiatisés en Chine avec trois de ses fournisseurs dont précisément COFCO, à qui se sont ajoutés KSF et Jiusan.

Les rumeurs de départ de Chine de celui qui fut longtemps le modèle des hypermarchés en Chine avaient été amplifiées par deux affaires survenues l’une en février 2011 pour un scandale sur les prix, pointé du doigt par la Commission Nationale pour la Réforme et Développement (11 magasins avaient été obligés de payer des amendes) et l’autre en décembre 2012 à Taiyuan où un magasin Carrefour avait fait l’objet d’une enquête pour avoir trompé les clients sur des dates de péremption.

Après une période d’expansion rapide jusqu’en 2005 Carrefour s’est heurté à la concurrence de Walmart et Auchan et a ralenti son rythme de développement, au point d’être obligé de fermer 6 magasins entre 2010 et 2012. Jadis seul hypermarché présent en Chine, Carrefour occupe aujourd’hui le 4e rang avec 8,1% du marché, après Sun Art Retail Group (13,6%), Auchan (12 %) et Walmart (11,2%). La période de recul de Carrefour a également coïncidé avec la fin des avantages fiscaux accordés aux entreprises étrangères.

Présent dans 68 villes avec 220 magasins Carrefour continuera son expansion selon une stratégie présentée par Thierry Garnier le responsable Chine lors du 50e anniversaire du groupe. Le développement se poursuivra au rythme de 20 à 22 magasins par an en visant désormais les villes secondaires et les capitales de province du Centre et de l’Ouest.


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