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›› Technologies - Energie

Espace. Les progrès de la Chine inquiètent le Pentagone

Aux Etats-Unis certains cercles du renseignement observent la montée en puissance spatiale de la Chine avec suspicion. Ce n’est pas nouveau. Depuis quelques années déjà, les spécialistes américains affirment que Pékin développe une capacité militaire anti-satellites. La destruction par Pékin, dans la nuit du 11 janvier 2007, d’un de ses vieux satellites météo avait confirmé les craintes antérieures et donné lieu à des mises en garde du Pentagone contre les progrès de la Chine dans les technologies spatiales militaires.

Dans le même temps, à Washington, on a du mal à accepter les règlementations qui freineraient la militarisation de l’espace. En août 2006, le Président Bush avait même défini une politique spatiale très unilatérale qui, d’une part, défendait le droit de disposer sans restrictions de l’espace et, d’autre part, envisageait des mesures visant à interdire à quiconque de menacer les intérêts américains depuis l’espace. Une déclaration qui, à Pékin, avait été perçue comme une provocation. D’autant que les Chinois réclamaient depuis longtemps des négociations et un moratoire sur les armes spatiales. Pour beaucoup d’observateurs, c’est cette mise au point très belliqueuse de la Maison Blanche qui avait motivé la réponse chinoise de l’APL du 11 janvier 2007.

Ce contexte de défiance réciproque dessine l’arrière plan de la réaction des services de renseignement américains à certains aspects de la mission de Shenzhou 7. Prévu pour entraîner les équipages chinois aux sorties dans l’espace - mission parfaitement réussie -, le lancement de Shenzhou 7 a aussi donné lieu à la première expérience chinoise de pilotage depuis la terre d’un petit engin spatial d’une trentaine de kilos, baptisé BX 1, orbitant à faible distance (4 à 8 km) du satellite. Les experts occidentaux s’interrogent sur les buts ultimes de l’exercice. Pour certains, le BX 1 ne serait qu’un véhicule spatial expérimental équipé de caméras et d’un système de transmission, destiné à parfaire les techniques de pilotage de proximité dans l’espace et à transmettre des informations sur le satellite lui-même. Pour d’autres, plus méfiants, l’engin pourrait être le prototype d’une petite plateforme d’attaque anti-satellites. Les plus alarmistes signalent d’ailleurs que « l’attelage » Shenzhou 7 et BX 1 a, à un moment donné de sa mission, évolué à faible distance de la station spatiale internationale, signalant les progrès rapides de la Chine, en même temps que la vulnérabilité de la station à une menace militaire.

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La prise de conscience américaine de la maîtrise chinoise en matière spatiale date déjà d’il y a quelques années. En 2005 en effet, au retour d’une visite au centre de lancement spatial de Jiuquan (province du Gansu), un sénateur américain, frappé par les progrès accomplis par les Chinois, avait affirmé : « Aux Etats-Unis nous formons nos ingénieurs à maintenir en état des équipements vieux de 20 à 40 ans. Les Chinois développent de leur côté de toutes nouvelles technologies. Il y a 15 ans la Chine n’apportait rien au domaine de la conquête spatiale ; aujourd’hui les choses changent très vite ». Ce constat conduit aujourd’hui à deux sortes d’attitudes dans le cercle des spécialistes américains de l’espace. La première, ouverte et positive, insiste sur la nécessité de coopérer avec la Chine. La deuxième, qui reste la plus fréquente, est empreinte de méfiance et craint les risques de pillage technologique qui résulteraient d’une coopération trop poussée.

Les plus méfiants des spécialistes américains de l’espace qui considèrent que le BX 1 est le prototype d’une plateforme anti-satellite sont probablement trop alarmistes. Il est en revanche certain que la Chine usera de tous les artifices permis par le concept des « technologies duales », parfait camouflage des recherches et développements plus sensibles, pour développer, à l’instar des Etats-Unis, des armes spatiales de plus en plus sophistiquées.

 

 

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