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›› Taiwan

Controverses sur l’Accord Cadre Economique sur fond de méfiance

Alors que les deux rives continuent leur rapprochement économique avec l’entrée en vigueur à la mi-janvier d’un accord sur les investissements bancaires et la préparation de la deuxième session de négociations pour la signature de l’Accord Cadre Economique fin mars, la classe politique taïwanaise est toujours divisée. Les controverses portent à la fois sur la manière peu transparente dont le gouvernement fait avancer l’Accord Cadre et sur les risques qui en découlent pour les secteurs de l’économie les plus vulnérables, notamment l’agriculture, l’automobile, l’industrie textile et la pétrochimie.

Le 17 mars, lors d’une séance au Yuan législatif, le Ministre de l’économie Shih Yen Shiang a été contraint d’abréger une présentation de l’Accord Cadre. Les députés de l’opposition qui ont interrompu sa communication réclamaient plus de détails sur les mesures d’accompagnement en faveur des entreprises les plus fragiles, susceptibles d’être touchés par l’ouverture du marché taïwanais à la Chine.

Le Président Ma, dont les sondages sont toujours au plus bas, promet de dégager 3 milliards de Dollars sur dix ans pour aider les secteurs les plus touchés. Mais il répète que l’accord est indispensable pour mettre l’économie taïwanaise au même niveau de compétitivité en Chine que celles des pays du Sud-est asiatique, dont l’accès au marché chinois est ouvert depuis l’entrée en vigueur, le 1er Janvier dernier, des accords commerciaux Chine - ASEAN. Il espère aussi que l’Accord Cadre avec la Chine ouvrira la voie à d’autres accords bilatéraux avec les pays de l’ASEAN.

En Chine, où l’on considère l’Accord Cadre comme la meilleure stratégie de rapprochement entre les deux rives pouvant être présentée, en interne, comme un premier pas important vers un accord politique, on observe avec attention les controverses taïwanaises susceptibles de faire dérailler le processus.

Les implications politiques du rapprochement resurgissent lorsque le Parti Indépendantiste (DPP), qui ne cesse de commenter les intentions cachées chinoises et les risques d’une réunification rampante, réclame que l’Accord soit précédé d’une déclaration liminaire, inacceptable par le Parti Communiste chinois, qui rappellerait que Taïwan est « une Nation indépendante et souveraine ».

Pour tenter d’apaiser les craintes taïwanaises et affaiblir les stratégies de harcèlement du DPP, Wen Jiabao a même déclaré, lors de la session annuelle de l’ANP, que la Chine prendrait en considération les différences de taille entre les deux économies et qu’elle accepterait que l’Accord Cadre soit assorti de mesures préférentielles et compensatoires au profit de l’Ile.

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C’est peu dire que l’ambiance politique est ambigüe. Une part importante des milieux d’affaires approuve le projet d’Accord Cadre Economique avec la Chine, tandis que les hésitations de l’opinion, en général favorable aux échanges plus larges avec la Chine, mais inquiète des implications politiques, économiques et sociales d’un rapprochement trop rapide, sont marquées par la misère des sondages d’opinion sur les performances de Ma Ying Jeou. Le Président est en effet seulement crédité de 29% de votes si l’élection présidentielle, prévue en 2012, avait lieu cette année, contre 38% au candidat du DPP. 53% des sondés se disent mécontents de sa présidence, l’accusant de manquer de courage et de fermeté avec Pékin.

C’est dans ce climat indécis que surgit une nouvelle polémique, il est vrai rendue possible par la détente, mais qui, par sa nature, renvoie aux années des pires tensions entre Pékin et Taipei. Elle rappelle que la relation reste hypothéquée par d’importantes méfiances et une longue série de non-dits. Durant des années, Taïwan a en effet rémunéré des milliers d’hommes d’affaires pour fournir des renseignements sur la Chine et son système militaire. Des centaines d’entre eux ont été pris en flagrant délit et mis au secret sur la Grande Terre, où ils sont toujours.

En novembre 2003, par exemple, lorsque Chen Shui Bian avait, dans un discours public, dévoilé que Pékin avait braqué 496 missiles sur l’Ile, la Chine avait immédiatement répliqué en arrêtant 36 « espions » taïwanais. 24 autres avaient connu le même sort en 2004. Fin 2008, la Chine avait même exécuté Wo Weihan, un Chinois du continent, accusé d’avoir vendu des secrets militaires à Taïwan. Le journal japonais Asahi Shimbun estime qu’au total plusieurs centaines de Taïwanais sont toujours en prison en Chine. Leurs familles espèrent que le dialogue entre les deux rives permettra de les rapatrier. La question n’a pas encore été évoquée lors des rencontres.

 

 

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