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›› Politique intérieure

L’ANP verrouillée. Branle bas social et lutte contre l’inflation

Rassemblant plus de 3000 délégués, la Grand Messe de l’Assemblée Nationale Populaire, dont la session a débuté le 5 mars au Grand Palais du Peuple, a, comme chaque année, été inaugurée par trois longs rapports d’activités, présentés par Premier ministre, le Ministre des finances et le Président de la Commission Nationale pour la Réforme et Développement. Elle s’est terminée le 14 mars par la traditionnelle conférence de presse de Wen Jiabao.

1. Verrouillage politique.

Le contexte politique de cette manifestation n’a guère changé depuis l’année dernière. Mise en scène préparée à l’avance par les chevilles ouvrières du Régime que sont les deux secrétariats du Comité Central et du Conseil des Affaires d’Etat en liaison avec le Comité Permanent de l’Assemblée Nationale, la réunion annuelle de l’ANP subit cependant les influences de l’évolution des rapports entre le pouvoir et la société. (Voir notre article).

Cette année, le cadre politique était cependant plus contrôlé qu’en 2010, où, 4 jours avant l’ouverture de la session, 13 journaux, édités en province et à Pékin avaient au même moment publié un éditorial réclamant la suppression du passeport intérieur. Au passage, ce sujet est, comme chaque année, à l’ordre du jour de l’ANP, et fait l’objet de propositions de réforme par plusieurs députés. Mais la facture d’une intégration de plus de 100 millions de migrants dans le tissu urbain, évaluée à au moins 5000 euros par famille est exorbitante.

Depuis le 5e plenum du Comité Central d’octobre dernier, où le Parti avait mis fin à une période d’effervescence de plusieurs mois, marquée par la multiplication des critiques politiques - y compris celles de Wen Jiabao - réclamant plus d’ouverture, l’ambiance est très nettement au resserrement du discours autour des priorités socio-économiques et de la stabilité sociale et politique du pays. Quoi qu’en disent les analyses sur les faibles risques de contagion propagée par les ébranlements du Monde Arabe et du Moyen Orient, la vigilance du Régime est palpable. (La densité des forces de police déployées est nettement plus forte qu’en 2010).

Et s’il est vrai que, dans son discours d’ouverture, le Premier Ministre n’a pas manqué d’évoquer la nécessité de « protéger les droits des citoyens », dans le cadre de « réformes politiques conduites avec prudence », sujet sur lequel il est revenu lors de la conférence de presse (cf. brève n°1), il a aussitôt rappelé que la priorité restait au développement économique et social et au maintien de la stabilité interne, garantie par « un dispositif de sécurité publique, constamment mis à jour ».

Le 11 mars, Wu Banguo, président de l’ANP et n°2 du régime enfonçait le clou en précisant, dans une déclaration reprise par le Quotidien du Peuple, que le Parti n’adopterait jamais le principe de l’alternance au pouvoir de plusieurs partis et excluait la possibilité de priver l’exécutif de son emprise sur le judiciaire et le législatif. « Si nous dévions de ces principes, nous pourrions perdre les bénéfices du développement et le pays sombrerait dans les abysses du désordre ».

L’impression d’un resserrement politique est encore confirmée par le fait que la présentation bilan du 11e plan n’a pas mentionné les émeutes ethniques en 2008 et 2009 au Tibet et au Xinjiang. De même, les « compatriotes de Hong Kong », qui attendaient une confirmation du soutien de Pékin à la réforme électorale pour la désignation au suffrage universel du Gouverneur de la RAS et du Conseil Législatif, initialement prévue en 2012, mais reportée en 2017, en ont été pour leurs frais.

Le 5 mars, ils ont même été critiqués par le futur n°1 Xi Jinping qui leur reprochait d’inverser les termes de la formule « un pays deux systèmes », en accordant une plus grande place au particularisme du « système » de Hong Kong, qu’à la solidarité avec la Chine.

Curieusement, le rapprochement avec Taïwan, pourtant à porter au crédit du pouvoir,a été rejeté à la fin du discours avec les questions ethniques, celles des RAS de Hong Kong et Macao, en compagnie d’un court paragraphe évoquant la modernisation de l’armée chinoise. Le tout dans une sorte de brève conclusion d’à peine quelques minutes.

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2. Succès et manquements.

Les rapports annuels présentés aux députés ont d’abord été l’occasion pour le Régime d’énumérer ses succès intérieurs et de rappeler les progrès de la stature internationale de la Chine, leviers de sa légitimité politique. Cette fois, l’exercice comportait un intérêt supplémentaire puisqu’il présentait aussi le bilan des réussites et manquements du 11e Plan, ainsi que les grandes lignes du 12e Plan dont la mise en œuvre (jusqu’en 2015) engagera l’équipe qui prendra les rênes du pays en octobre 2012.

Dans la période du 11e Plan, marquée par l’organisation magistrale des JO et de l’Expo de Shanghai, suivis par le rétablissement spectaculaire de l’économie en 2009, la Chine avait accéléré les programmes sociaux (santé, retraite, logements), ceux visant à aider le monde rural (élimination des taxes à la paysannerie, subventions et prix garantis) et à préserver les surfaces cultivables. Elle avait aussi lancé une vaste réforme du système éducatif où les investissements publics avaient augmenté de 20% par an.

Le contrôle macro-économique du pays avait été perfectionné, le fonctionnement des administrations s’améliorait lentement, la TVA était en place dans tout le pays, la réforme des grandes banques d’état, dont plusieurs ont été introduites en bourse, était en cours, et les prix de l’eau et de l’énergie étaient en cours de réajustement. En même temps, des expériences de taxe à la propriété avaient été lancées dans plusieurs provinces ; l’État avait développé les sciences et techniques, modernisé ses infrastructures de transport et initié un vaste programme de production d’énergie, accompagné d’un effort important pour promouvoir les énergies renouvelables.

Mais les rapports ont aussi égrené les insuffisances à corriger. Ces dernières vont des déséquilibres structurels, dangereux talon d’Achille de l’économie (tensions croissantes sur les ressources et l’environnement, disproportion entre investissement et consommation, écarts de développement et de revenus, faiblesse du système financier, allocation désordonnée des fonds publics, corruption), à l’indigence de l’innovation scientifique et technologique, en passant par les graves lacunes rémanentes du système éducatif, le désordre du secteur industriel, et la fragilité de la paysannerie.

Dans un contexte où le système socio-économique restait rigide, gêné par les déficits systémiques en personnels qualifiés et d’importants blocages structurels (cf. supra), le 11e Plan avait manqué quelques uns de ses objectifs essentiels : la part des services dans l’économie et le pourcentage du PNB alloué à la R&D restaient très insuffisants ; le système de santé était encore dans les limbes ; l’inflation s’aggravait ; les prix des logements étaient exorbitants en ville, et les tensions sociales liés aux expropriations abusives s’aggravaient.

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3. Les priorités du 12e Plan.

Toute la philosophie du 12e Plan - qui confirme les choix antérieurs - renvoie à la nécessité du recentrage intérieur, qui s’exprime par la prévision en baisse de la croissance (limitée à 7,5% en moyenne sur les 5 années) et des rééquilibrages tous azimuts, avec un effort particulier en faveur des questions sociales pour assurer « une meilleure vie » aux Chinois.

L’objectif de recentrage intérieur et de croissance réduite n’est cependant pas nouveau. Lors de la session 2007 de l’ANP, Wen Jiabao avait déjà limité l’objectif de croissance à 8% pour l’année. Elle fut en réalité de 11,4%. Pour 2011 la plupart des experts l’estiment entre 9 et 10%.

Cette fois, le Parti espère cependant que les rééquilibrages seront facilités par l’urbanisation de la société - le pourcentage des urbains passera de 47,5% à 51,5%en 2015 -, la modernisation du secteur agricole, le développement des services sociaux (santé et retraite - + 70% affectés à l’assurance médicale - ; à terme assurance de tous les ruraux et de 357 millions de citadins ; augmentation d’une année de l’espérance de vie -), la hausse des salaires - augmentation prévue de 13% par an -, un vaste programme de logements à loyer modéré - 36 millions à construire ou à rénover en 5 ans -, la création de 46 millions d’emplois et le maintien du chômage en deçà de 5%.

Notons cependant qu’actuellement, la situation des couvertures sociales est tout sauf favorable. Selon Hu Xiaoyi, vice-ministre de la sécurité sociale, qui s’exprimait durant la réunion de l’ANP, seuls 143 millions de ruraux étaient couverts par l’assurance médicale et encore le taux de remboursement ne couvre t-il que les soins de base à 6 euros.

Par ailleurs, la poursuite de la réforme du système éducatif, dont les dysfonctionnements sont une source de tensions avec le pouvoir, s’inscrit dans la priorité générale d’une bascule qualitative, exprimée par le slogan de « développement scientifique », qui peut également s’interpréter comme la nécessité de se démarquer de l’idéologie et de corriger les effets pervers de 30 années de développement accéléré.

Cette dernière priorité s’exprime concrètement par l’augmentation à 2,2% de la part R&D dans le PNB, les efforts pour rehausser le niveau de la ressource humaine et des administrations, ainsi que par le branle bas pour la conservation hydrique - baisse de 30% de la consommation d’eau dans l’industrie -, auxquels s’ajoutent les restructurations industrielles, les économies d’énergie - baisse de 16% de l’intensité énergétique - et le développement des énergies renouvelables, dont la part, aujourd’hui estimée à 8%, devrait passer à 11,4% en 2015.

En même temps, le Plan prévoit l’augmentation de 21% de la surface des forêts, le maintien des surfaces cultivables à 1,8 Mds de Mu (120 millions d’ha) - elles étaient de 130 millions d’ha en 1996 -, tandis que la nouvelle société civile fait pression pour un « PIB vert », calculé à partir du PIB classique auquel seraient soustraits les coûts des atteintes à l’environnement et de la consommation des ressources.

Mais les préoccupations immédiates du Régime se lisent dans la présentation des objectifs de l’année 2011, qui fut le sujet de plus de la moitié du discours du Premier Ministre.

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4. 2011. Resserrement politique. L’inflation dans le collimateur. Et toujours : « le bien-être du peuple ».

S’il est vrai que cette partie du rapport a commencé par les questions macro-économiques (rythme de la croissance - fixée à 8% pour 2011 -, politique fiscale, contrôle de la masse monétaire, de l’inflation (cf. infra), des dépenses de l’état et du déficit budgétaire, réforme des banques et du système financier, développement de la consommation intérieure), à quoi s’ajoutait un nouveau rappel de l’exigence qualitative, le Premier Ministre en est très vite arrivé au « développement social et à l’amélioration de la qualité de vie des Chinois ».

Le tout assorti de promesses pour plus de cohérence et d’efficacité administrative, dont les cadres locaux seront tenus responsables, sans oublier un vigoureux appel, assez peu dans le style de Wen Jiabao, pour le contrôle strict de la société et un redressement moral en vue de parer aux risques de débordements politiques et aux dérapages civiques et éthiques : « renforcer la foi dans le socialisme aux caractéristiques chinoises et accélérer la résurgence de normes morales de comportement conformes aux valeurs chinoises traditionnelles ».

Les mesures concrètes traduisent l’urgence de la lutte contre l’inflation, l’attention accordée au monde rural, aux pauvres et aux classes moyennes, dont le niveau de vie décroche dangereusement par rapport à celui des nouveaux riches. Elles laissent aussi prévoir un renforcement du contrôle policier de la société.

L’inflation estimée à 4,9% en février, au-dessus des prévisions, sera tenue sous étroite surveillance grâce au contrôle des prix, à la mise sur le marché d’une partie des stocks, à la réforme des circuits de distribution des produits agricoles et à la lute contre les spéculations. En cas de nécessité, les effets de la hausse de prix seront compensés par des subventions et des aides sociales.

Au passage Wen Jiabao a rappelé que l’une des préoccupations constantes des dirigeants chinois était bien de résoudre la difficile équation population ressources : « assurer la logistique alimentaire d’une population de 1,3 Mds de personnes reste la priorité majeure qui ne doit pas être sous estimée. Nous sommes confiants dans notre capacité à faire face à ce problème ».

Les paysans et le secteur agricole bénéficieront de garanties de revenus (prix du blé et du riz) et de subventions pour les cultures déficitaires, avec un engagement de l’état de près de 1000 Mds de RMB (100 Mds d’euros) pour améliorer la distribution et aider à l’investissement. Leurs soins médicaux de base et leur retraite seront progressivement pris en compte. (Note : La réforme du système de santé en cours, dont le financement sera en partie assuré par les provinces et un appel aux investissements privés, constitue l’une des priorités centrales en même temps qu’un des principaux casse tête du régime).

Les citadins bénéficieront par ailleurs de la construction de 11,5 millions de logements à loyers modérés. A la fin du Plan, un Chinois sur cinq pourrait en bénéficier. Mais ces efforts sociaux heurtent de plein fouet les projets d’immobiliers de luxe toujours dans les tiroirs des investisseurs, en connivence avec le pouvoir.

Enfin, effet probable des ébranlements du Monde Arabe et concession faite à Zhou Yongkang n°9 du Comité Permanent du Bureau Politique, grand ordonnateur du contrôle de la société, le budget dédié à la sécurité publique est, avec 624 Mds de RMB (68 Mds d’euros), passé au-dessus de celui de l’APL, affiché à 65 Mds d’euros.

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En bref

Conférence de presse de Wen Jiabao. Répondant aux journalistes le 14 mars, et prenant clairement ses distances par rapport à la rigidité conservatrice de Wu Banguo, Président de l’ANP, et n°2 du Régime, le Premier Ministre est le, 14 mars, revenu sur la nécessité de réformes politiques, tout en rejetant les comparaisons avec les événements du Monde Arabe.

« Pour éliminer le terreau qui favorise la corruption, nous devrions réformer nos institutions et notre système politique. Si nous voulons répondre aux griefs du peuple et à ses vœux, nous devons créer les conditions qui lui permettraient de critiquer et contrôler le pouvoir ».

Revenant sur les idées énoncées à l’automne 2010 à Shenzhen, il a répété : « les réformes politiques sont la condition des réformes économiques. Sans réforme politique, ces dernières échoueront et nous perdrions les bénéfices de nos succès antérieur ». Le 11 mars, à la tribune de l’ANP, Wu Banguo avait dit très exactement le contraire.

Cette passe d’armes entre le n°2 et le n°3 du régime confirme bien quelques dissensions au sommet du pouvoir. L’avenir dira si cette fracture s’aggravera. A ce jour, beaucoup d’analystes estiment que la crainte du changement et de l’inconnu freineront les réformes politiques.

Ces déclarations politiques de Wen Jiabao, plutôt décalées de son discours, accompagnaient une série de remarques du Premier Ministre sur les risques sociaux de l’inflation, le contrôle de la masse monétaire et la détermination de la Chine à réévaluer sa monnaie à son rythme sans céder aux pressions extérieures.

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Conférence Consultative du Peuple Chinois. Le 13 mars, la Conférence Consultative du Peuple Chinois, dont la session annuelle des 2000 délégués se tient en même temps que celle de l’ANP a adopté le 12e Plan, tout en formulant quelques conseils critiques.

La CCPC, qui par le passé fut présidée par des grandes figures du Régime, dont Mao, Zhou Enlai et Deng Xiaoping, n’a pas de pouvoir direct, mais elle sert d’exutoire et son influence compte dans le paysage politique. La plupart de 5762 motions déposées cette année par les délégués étaient liées au bien-être du peuple (revenus, logement, santé, retraite).

Celle adoptée le 13 mars, avait une étrange résonance philosophique, puisqu’elle incitait le pouvoir à tout faire pour « augmenter le sentiment de bonheur dans le pays », en innovant dans ses relations avec la société civile, en luttant contre la corruption, en cultivant la transparence - notamment par la publication des avoirs des grandes fortunes du pays -, et en instaurant la justice sociale.

Milliardaires. La liste des grandes fortunes du monde publiée chaque année par le magazine Forbes a révélé qu’en 2010 le nombre de milliardaires avait doublé en Chine, pour atteindre 115, un chiffre probablement inférieur à la réalité, compte tenu des réticences de certaines grandes fortunes à se faire connaître. Le n°1 est Robin Li, PDGT de Baidu, site commercial d’informations et de vente en ligne.

Les nouveaux milliardaires sont à la tête d’affaires plus diversifiées (industries pharmaceutiques, textiles, instituts d’éducation privée), alors que, par le passé, on comptait une majorité d’investisseurs immobiliers. Une vingtaine de nouveaux venus ont fait fortune dans la finance, mettant à profit le nombre important d’introductions en bourse ces dernières années. 30% des milliardaires chinois sont des femmes et, parmi elles, 11 se classent dans les 20 femmes les plus riches de la planète.

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Le Dalai Lama annonce qu’il abandonne ses fonctions politiques. Le 10 mars dernier, le chef spirituel des Tibétains et leader du gouvernement en exil, a annoncé qu’il abandonnerait ses fonctions politiques. Aujourd’hui âgé de 75 ans, il souhaite transférer ses pouvoirs à un chef politique élu. Ce n’est pas la première fois.

Lobsang Tenzin, mieux connu sous son titre de 5e Samdhong Rinpoche, avait été élu premier ministre en 2001, mais l’emprise politique du Dalai Lama était restée très forte. L’initiative est symbolique et vise à préparer la succession, dont beaucoup pensent qu’elle pourrait entraîner des rivalités entre clans rivaux.

Les commentaires de Pékin, qui craint également les effets politiques imprévisibles de la disparition du guide spirituel du Bouddhisme Lamaïque, ont été marqués par l’habituel mépris dont la direction entoure sa personne « Il s’agit d’une ruse pour tromper la communauté internationale (...). Le Dalai Lama est un exilé politique déguisé en moine, depuis longtemps impliqué dans des activités séparatistes (...). Son départ de la scène politique n’aura aucun impact au Tibet ».

Ces attaques suivaient de 48 heures l’annonce par le gouvernement chinois que les étrangers ne seraient pas autorisés à se rendre au Tibet durant tout le mois de mars. La mesure est prise chaque année pour éviter l’afflux d’activistes autour de la date anniversaire des émeutes du 14 mars 2008. Lors de la session de l’ANP de mars, le secrétaire du Parti à Lhassa Zhang Qingli a indiqué que la menace séparatiste constituait un grave défi pour le Tibet.

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Politique de l’enfant unique. Comme chaque année le sujet revient sur le tapis, avec de plus en plus d’acuité. Instaurées en 1980, les restrictions devaient être levées au bout de 30 ans. Nombre d’experts en soulignent ses effets pervers (vieillissement accéléré, déséquilibre social, disparités filles garçons). Mais en décembre dernier la Commission du Planning Familial annonçait que la politique ne serait pas modifiée durant les 5 prochaines années. La raison invoquée est toujours la même : on craint une explosion démographique dont les effets seraient insoutenables pour l’économie.

De nombreuses exceptions existent aujourd’hui (paysans, groupes ethniques minoritaires, si les deux parents sont des enfants uniques). Mais pour la majorité des Chinois un deuxième enfant donne lieu à des fortes amendes ; encore ces dernières ne permettent-elles pas d’accéder aux services publics.

Selon le Bureau National des Statistiques (BNS), en 2010 le taux des naissances a plafonné à 1,2%, inférieur à ce qu’il était dans les années 80. L’augmentation annuelle de la population qui était de 1,35 millions en 1985 est tombée à 630 000 en 2010. Toujours selon le BNS, le nombre de personnes de plus de 65 ans qui était en 2009 de 160 millions (soit 8,5%, pour seulement 5,5% en Inde), sera de 260 millions en 2030 et de 450 millions en 2050.

Le vieillissement de la population commence à provoquer des effervescences affairistes liées à la prise en charge des personnes âgées. Pour l’heure les services publics sont encore indigents dans ce secteur (moins de 40 000 foyers, dont moins de la moitié ont un médecin et seulement 2,4 millions de lits). Quant à la dépendance des personnes âgées malades, elle commence à peine à être prise en compte.

Washington critique la Chine. Au moment où la Maison Blanche vient de nommer Garry Locke, le secrétaire d’état au commerce d’origine chinoise, très populaire en Chine et dont l’épouse, originaire de Shanghai, est liée à la famille Sun Yat Sen, Washington durcit son discours sur les droits de l’homme.

Le département d’Etat vient en effet d’adresser de sévères critiques à Pékin pour le nombre d’activistes des droits de l’homme en prison (dont un professeur d’université et un avocat disparus récemment) et la manière dont été récemment traités les journalistes étrangers, lors des rassemblements liés aux effervescences du Monde Arabe.

En février H. Clinton, faisant référence aux troubles au Moyen Orient, avait désigné la Chine comme un des pays qui pourrait être confronté au « dilemme des dictateurs ». Pékin avait immédiatement bloqué l’accès au site de l’Ambassade des Etats-Unis.

Effort pour la santé publique. Lors de l’ANP, la presse chinoise annonçait que le gouvernement financerait dans un premier temps la construction de 300 hôpitaux de district et que le coût des antibiotiques courants et des médicaments de base serait réduit de 21%, tandis que le gouvernement investirait 26 Mds de $ en 2011 dans le système de santé (+ 16,3% par rapport à 2010). La subvention publique annuelle pour l’assurance médicale est portée à 30 $ par personne.

Mais les chercheurs chinois considèrent toujours que les dépenses publiques de santé (1,2% du PNB) sont insuffisantes. La facture des patients est encore alourdie par le coût des médicaments prescrits, dont une partie entre dans la rémunération des médecins, principale cause des sur prescriptions.

Une réflexion est en cours pour augmenter le financement de la santé publique. Les idées avancées tendent à ouvrir le secteur aux investissements privés (en cours depuis 2010) et à impliquer les pouvoirs locaux. Certains craignent que ce schéma ouvre la voie à plus de corruption. (Voir notre article).

 

 

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