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›› Technologies - Energie

Livre Blanc sur l’espace. Bilan et perspectives

Le 17 février, la Chine a annoncé qu’au début de l’été 2012 elle enverrait trois astronautes vers le module spatial Tiangong-1 à bord d’une capsule Shenhzou. Celle-ci sera pilotée manuellement par les astronautes jusqu’à l’arrimage. La mission inaugurera la dernière phase du programme d’une station spatiale chinoise indépendante qui permettra la vie à bord pendant plusieurs mois.

Cette annonce a été précédée par la publication, le 29 décembre dernier, du 3e Livre Blanc sur l’espace qui témoigne de la détermination de la Chine à consolider sa place de puissance spatiale à parité avec l’Union européenne, la Russie et les Etats-Unis.

Le document revient sur les 10e et 11e plans - mise en place des bases du programme spatial et consolidation des différents volets : vols habités et station orbitale, satellites d’observation, missions lunaires et exploration lointaine, positionnement spatial -. Il fait aussi le bilan de la commercialisation des lanceurs et des satellites et évoque les projets à moyen et long terme.

Enfin, les rédacteurs du LB estiment que la période du 12e plan (2011 – 2015) sera décisive pour l’industrie spatiale chinoise qui « développera ses propres capacités, en s’appuyant essentiellement sur l’innovation nationale ».

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Vols habités et satellites. Positionnement spatial et exploration de la lune.

Après le 1er vol habité du Colonel Yang Liwei à bord du vaisseau Shenzhou V en octobre 2003 - dont le principe avait été décidé en 1992 -, un autre fut conduit en octobre 2005 avec 2 astronautes à bord de Shenzhou 6.

Avec Shenzhou 7, du 25 au 28 septembre 2008, la chine abordait la phase cruciale de la sortie des astronautes dans l’espace et du pilotage des modules depuis la terre, 16 années après le feu vert du Parti. Au cours des sorties, les deux astronautes portaient chacun une combinaison spatiale différente ; l’un était revêtu d’une combinaison chinoise de type Feitian, l’autre portait une combinaison de type Orlan M, achetée à la Russie.

Ce détail rappelle que le programme spatial chinois est, pour l’heure, placé sous la contrainte d’une coopération rémunérée avec la Russie, la capsule Shenzou étant, par exemple, un dérivé amélioré de la capsule Soyouz. Ces réalités expliquent pourquoi la partie spatiale du 12e plan est placée sous le signe de l’innovation chinoise.

C’est la capsule Shenzhou 8, non habitée, qui effectua le premier arrimage avec le module Tiangong 1 piloté depuis la terre, le 3 novembre 2011. Shenzhou 9 et 10, prévus en 2012, effectueront la même opération d’arrimage avec des spationautes à bord.

Le programme satellites, moins spectaculaire n’en est pas moins important. Entre 2006 et 2010, 19 satellites de mesure et de recueil d’informations sur la terre, l’atmosphère, le climat, les océans et l’espace ont été lancés.

Ils utilisent tous les types de capteurs existant et forment l’ossature d’un système informatique de contrôle et de commandement intégré pour la surveillance de zone et d’éventuelles ripostes contre des intrusions hostiles, baptisé C4 I SR par les Anglo-Saxons - Command, Control, Communication, Computer, Intelligence, Surveillance & Reconnaissance -.

Une autre réussite spectaculaire du programme spatial chinois est la mise en service partielle et à titre d’expérimentation du système de positionnement par satellite Beidou le 1er décembre 2011. En 2012, six autres satellites seront mis en orbite, qui augmenteront la précision du positionnement. (Lire notre article)

Au cours du 11e plan quinquennal, la Chine a également lancé les 2 missions d’exploration lunaire de Chang’e-1 en 2007 et Chang’e-2 en 2010, ce qui lui a permis de publier une cartographie complète de la lune en 2008, avec une version 3D en septembre 2009 et une autre beaucoup plus précise avec une résolution de 7m (soit 17 fois plus précise que les précédentes), le 6 février 2012.

La suite du programme comporte la mise au point d’un véhicule lunaire et le lancement « d’études préliminaires pour une exploration humaine de la lune ». Ce développement n’a cependant pas été confirmé par le porte parole Zhang Wei, lors de la présentation du Livre Blanc. Ce dernier souligna au contraire que le calendrier d’une exploration humaine de la lune n’était pas arrêté, car il dépendait de la mise au point d’une fusée assez puissante pour emporter un véhicule lunaire de grande taille.

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Commercialisation, coopération. Militarisation de l’espace.

Les lanceurs chinois ont également fait des progrès. Entre 2006 et 2010 le nombre de lancements a triplé par rapport au plan quinquennal précédent, pour atteindre un total de 67, avec seulement 2 échecs – taux de réussite 94% (contre 60 tirs de la fusée Ariane toutes versions confondues entre 1996 et 2011 et un taux de réussite 95% -).

En 2011, la Chine a procédé à 18 tirs dépassant ainsi les Etats-Unis. Au cours du 12e plan, il est prévu une centaine de tirs. Une nouvelle génération de lanceurs est à l’étude avec les fusées Longue Marche 5, 6 et 7 dont les premiers tirs pourraient avoir lieu d’ici 2017. Selon Yu Menglu, de l’Académie des Sciences Sociales, elles utiliseront des carburants non toxiques et auront une capacité d’emport de 25 tonnes pour des mises en orbite basse, ce qui est comparable aux charges utiles d’Ariane V, mais très en-deçà des 115 tonnes de Saturne V, le plus puissant lanceur américain.

Au cours du 11e plan, Pékin a, pour la première fois, procédé à la mise en orbite commerciale de satellites télécom fabriqués par l’Agence spatiale chinoise pour le Nigéria, le Venezuela, le Pakistan. L’intension du 12e plan est de contrôler 15% des tirs commerciaux et 10% du marché des satellites.

La Chine a accéléré et diversifié ses coopérations spatiales internationales avec l’Ukraine, la Russie (exploration lointaine, vols habités, science de l’espace), la France et la Grande Bretagne (exploration de la lune). Elle dit avoir signé 66 accords de coopération avec 22 états, dont 44 sont toujours opérationnels. Des pourparlers pour la vente de satellites chinois sont en cours avec la Biélorussie, l’Indonésie, la Bolivie et le Laos.

Toutefois aucune coopération notable n’a été lancée avec la NASA en dépit de plusieurs contacts. Par ailleurs, le Livre Blanc ne dit mot de la rupture de la coopération avec l’UE sur le projet Galileo pour cause de captation de technologies dénoncée par les experts européens. Enfin, comme on pouvait s’y attendre, il élude aussi les intentions militaires de la Chine dans l’espace, un sujet où Pékin et Washington s’accusent mutuellement de ne pas faire preuve de transparence.

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BRÈVES.

Conservation hydrique

Le 29 janvier, le gouvernement a, dans un document officiel expliquant ses priorités et sa politique, annoncé un investissement de 54 Mds de $ dans des projets de conservation hydrique, en hausse de plus de 70% par rapport aux investissements précédents. L’objectif principal est d’augmenter l’accès à l’eau potable dans les régions rurales.

Le document, qui fait suite à une déclaration du Conseil des Affaires d’état de fin décembre dédiant 600 Mds de $ à la politique de l’eau sur 10 ans, traduit la préoccupation du pouvoir. Il décline la politique officielle concernant, entre autres, la réduction des gaspillages, une meilleure efficacité des systèmes d’irrigation, l’interdiction du pompage sauvage et le contrôle de la pollution.

Mais la tâche est immense. Suite à l’urbanisation rapide des régions méridionales, elle est compliquée par le déplacement du centre de gravité des cultures céréalières vers les régions sèches du nord, et le défaut de coordination des services.

Sont en effet impliqués dans la gestion de l’eau, non seulement le ministère des ressources hydriques, mais également les ministères du logement, du développement rural, de l’agriculture, des ressources foncières, de l’environnement, ainsi que les services météo. Plus d’efficacité sera difficile s’il n’est pas mis fin aux obstacles bureaucratiques liées à cette organisation enchevêtrée.

Les autres urgences sont de vérifier que les gouvernements locaux se conforment à la loi qui les oblige à réserver 10% de leurs revenus fonciers à la protection de l’eau, et de légiférer pour : 1) plus de transparence dans la communication des données, dont l’opacité nourrit la corruption, et 2) pour mieux préciser les droits sur les nappes phréatiques des industries et des particuliers, qui, pour l’heure, sont entourés d’une ambiguïté qui profite aux pollueurs et facilite les gaspillages.

Lancement de satellites.

Le 9 janvier une fusée Long Marche 4B, qui transportait également un satellite luxembourgeois, a lancé Ziyuan III, un satellite d’observation haute résolution pesant 2650 kg mis en orbite à 500 km au-dessus de la terre.

Précisant qu’il était dédié à des missions civiles, l’agence spatiale chinoise indique que Ziyuan enverra des observations permettant la prévention des désastres naturels, le développement agricole, la gestion de l’eau et l’aménagement urbain.

Le 13 janvier, une fusée Longue Marche 3 a mis en orbite le satellite météo Fengyuan-II 07, à partir du pas de tir de Xichang au Sichuan. Les satellites sont développés par la CASC, l’agence spatiale chinoise ou dans l’un de ses nombreuses filiales.

Gaz de schiste

Le 29 décembre, la CNOOC, premier pétrolier off-shore chinois, a commencé l’exploration d’un gisement de gaz de schiste dans le district de Wuhu dans la province de l’Anhui, à 300 km à l’ouest de Shanghai. C’est le premier projet du groupe à l’intérieur de la Chine qui signale un ajustement de sa stratégie. S’agissant des gaz de schiste, CNOOC avait acheté 33% des parts que Chesapeake Energy group (CHK) possède dans le projet de gaz de schiste Eagle Ford Shale, au sud Texas, pour 1 Md de $ cash.

En janvier 2011, CNOOC, qui cherche à maîtriser la technologie de l’extraction des gaz de schiste a réinjecté 570 Millions de $ cash dans CHK et 700 Millions de $ dans ses opérations d’extraction. La China National Petroleum Company n°1 chinois des hydrocarbures, suivant la même trajectoire, a signé une Joint Venture avec la Royal Dutch Shell pour améliorer ses techniques de forage.

Les autres gisements de gaz de schiste chinois connus sont situés dans les régions de Nanchuan et Xiushan, près de Chongqing. Selon la US Energy Information Administration la Chine recélerait 36 milliards de m3 de gaz de schiste, soit 12 fois ses réserves de gaz conventionnelles.

Cellules souche.

Début janvier le gouvernement a annoncé qu’il cesserait les expériences cliniques sur les cellules souche à partir du 1er juillet. La décision fait suite à une longue polémique qui condamnait l’utilisation des embryons humains donnés par les cliniques d’avortement.

 

 

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