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›› Politique intérieure

La 12e ANP. Un sentiment d’urgence. Des intentions ambigües

Le 17 mars, dans l’après-midi, a pris fin le transfert de pouvoir à la 5e génération des dirigeants du Parti Communiste Chinois. Ce dernier avait déjà renouvelé le cœur de la machine politique du Régime lors du 18e Congrès en novembre 2012. Par l’exercice législatif qui vient d’avoir lieu, en grande partie formel, mais pas seulement, le Parti se donne une « image exportable », habillée des concepts occidentaux des institutions de gouvernement.

Il est cependant important de se souvenir que le centre nerveux du pouvoir en Chine se trouve toujours retranché au Bureau Politique du Parti et dans son expression ramassée que constituent le Comité Permanent et ses diverses commissions adjacentes.

Ne cédant qu’à la marge aux principes de démocratie et de transparence, la réunion de l’Assemblée Nationale Populaire, ouverte le 3 mars, a confirmé Xi Jinping, le Secrétaire Général du Parti désigné en novembre, au poste de Président de la République, et Li Keqiang à celui de Premier Ministre, tous deux placés sur cette trajectoire depuis le 17e Congrès en 2007, après une lutte de pouvoir, où le deuxième avait été évincé de la course vers le Secrétariat Général du Parti et la Présidence, au profit du premier.

C’est à ce nouveau couple, placé par le Parti à la tête du pays pour 10 ans, qu’est revenu le soin de clore la 12e Assemblée Nationale Populaire. Le Président, par un discours adressé à la Nation et le Premier Ministre par une conférence de presse, dont les questions avaient été soumises à l’avance et à laquelle le représentant du New York Times à Pékin, en disgrâce après l’article sur les corruptions de l’épouse de Wen Jiabao publié le 26 octobre 2012, n’a pas été invité (Lire notre article Wen Yeye, le grand-père du peuple entre corruption et guerre des clans).

Les députés ont également massivement approuvé la nouvelle hiérarchie gouvernementale, vice-ministres, conseillers d’état, ministres ainsi que la composition de l’appareil judiciaire du régime.

Mais ce processus très formel, qui tient à la fois de la parade et du plébiscite, habituellement marqué par le souci du Parti d’afficher une harmonie politique sans faille, ne fut pas totalement sans surprises, ni grincements de dents. Il a, en effet, une nouvelle fois, révélé les querelles de clans, de personnes et d’influence, perceptibles dans la désignation à contre courant d’un Vice-président, pourtant écarté du Comité Permanent en novembre, à quoi s’ajoute le maintien à son poste du gouverneur de la Banque Centrale, que le Comité Central du 18e Congrès avait cependant désavoué.

Les marchandages, qui expriment aussi des visions politiques opposées, troublant la surface lisse d’un hypothétique consensus, n’ont cependant pas empêché que la grand-messe législative de 2013 restera dans les archives comme le point de départ d’une nouvelle réforme administrative, dont l’ampleur théorique devra cependant être confirmée dans les faits. La 12e Assemblée Nationale Populaire fut en effet l’occasion de lancer la première grande restructuration de l’Etat chinois depuis 5 ans, notamment par le démantèlement – ce qui n’est pas rien - du monstrueux ministère du rail et le regroupement d’une longue liste d’entités bureaucratiques, jusque là éclatées dans le dédale administratif du pouvoir.

Enfin, la répétition dans tous les rapports de l’ampleur des défis auxquels la Chine est confrontée, confirme que la tête du Régime est à la fois consciente de l’urgence politique des réformes et de la difficulté politique de leur mise en œuvre.

Xi Jiping et Li Keqiang aux commandes.

Le Président et son premier ministre - contrairement à son prédécesseur, qui n’était que troisième, ce dernier est placé au 2e rang protocolaire du régime -, se sont exprimés pour la première fois dans leurs fonctions officielles, le 17 mars au Grand Palais du Peuple devant les 3000 délégués de l’ANP.

De ces deux interventions, on retiendra à la fois le lyrisme du Président et une unité de ton qui exprime un sentiment d’urgence, en même temps que l’absolue nécessité d’une conjonction solidaire des efforts de tous, sous peine d’accident interne. Revenant sur les thèmes du « rêve chinois » et de la « renaissance de la Nation », qu’il développe depuis le Congrès, sans cependant expliciter clairement leur contenu, Xi Jinping a en revanche défini la méthode pour le réaliser.

Celle-ci est articulée autour du redressement moral, de la frugalité, du travail acharné de tous et de l’esprit patriotique, tout en gardant à l’esprit les « caractéristiques chinoises », ce qui laisse supposer que la voie choisie restera à l’écart du modèle occidental. « Il nous faut résolument rejeter le formalisme, la bureaucratie, l’hédonisme, l’extravagance, et lutter avec détermination contre la corruption et les écarts de comportement ».

Mais, conscient des risques qui pèsent sur le Parti, maintes fois exposés par son prédécesseur, et convaincu de la double nécessité d’un sursaut moral et des réformes, en même temps inquiet de l’effet de réformes trop radicales sur le magistère du Parti, il ajoute « l’heure n’est pas à l’autosatisfaction ni au relâchement. Il nous faut développer et promouvoir l’esprit chinois qui combine à la fois le patriotisme [ndlr : comprenez l’allégeance au Parti] et la réforme ».

Quant à Li Keqiang, qui dit souhaiter une urbanisation contrôlée sans bidonvilles, et avoue avoir été choqué par la pollution à Pékin, il a repris le flambeau de l’attention sociale portée aux plus défavorisés, – 175 millions de Chinois vivant avec moins de 1,5 $ par jour –, aux pauvres des campagnes, aux retraités et aux migrants, et promis de réduire l’omnipotence de l’Etat, tout en avouant que le processus sera difficile « réformer c’est réduire le pouvoir du gouvernement. Une révolution douloureuse que nous nous imposons à nous-mêmes et exigera de vrais sacrifices ».

Limitant pour l’instant sa vision des réformes aux restructurations entérinées par l’ANP, le nouveau chef du gouvernement a cependant éludé les questions politiques tout en reconnaissant la force de résistance des avantages acquis, précisant que « combattre les intérêts catégoriels est plus difficile que de consoler les âmes ». La remarque sonnait comme une critique adressée à son prédécesseur qui s’était construit une image d’homme politique charitable proche du peuple et de ses misères.

Mais pas plus que le président, Li Keqiang n’a évoqué la suppression du système du Laojiao ou l’appel des intellectuels lancé au Parti avant l’ouverture de l’ANP pour la ratification du Traité International pour les droits civils et politiques.

Apaiser les relations internationales.

Au-delà des paroles convenues sur la politique internationale de la Chine et sur ses relations avec Hong Kong, Macao et Taïwan qui, dans ce genre d’exercice, n’abordent jamais les contradictions et les tensions, l’impression générale est tout de même celle d’une volonté de compromis.

Des deux premières prestations de la nouvelle tête du régime et des commentaires plus anciens de militaires de l’entourage de Xi Jinping, il ressort en effet que la nouvelle direction pourrait être déterminée à apaiser les relations tumultueuses de la Chine avec les Etats-Unis et plusieurs de ses voisins directs – Japon, Philippines, Vietnam – ainsi qu’avec les autres pays de l’ASEAN.

S’il est vrai que le budget de la défense a encore été augmenté de plus de 10% et que le Secrétaire Général, également Président de la Commission Militaire Centrale, a appelé l’APL à améliorer des capacités opérationnelles – ce qui était à la fois un encouragement et une critique -, la tonalité des interventions de politique étrangère, est de plus en plus à la conciliation, à mesure que Xi Jinping affirme son pouvoir sur la bureaucratie et l’armée.

il n’est pas certain que la nomination de Wang Yi, pas plus manœuvrier que l’abrupte Yang Jiechi, nommé Conseiller d’Etat, chargé des Affaires stratégiques, en remplacement de Dai Bingguo, pourrait aider à cet ajustement.

Selon l’agence Reuter le Général Liu Yuan, proche du Président, a à plusieurs reprises mis en garde contre les risques de dérapages militaires.
Actuellement commissaire politique du département logistique de la Commission Militaire Centrale, le Général Liu, fils le Liu Shaoqi, parle d’autorité à un moment crucial de la transition, dans une ambiance générale nationaliste où ses collègues ont des vues plus agressives. « Beaucoup de jeunes n’ont pas idée des dégâts que peut causer la guerre ; S’il existe une alternative pacifique, il est nécessaire de l’explorer pour éviter le recours à la violence extrême d’un conflit armé ».

Cette interview faisait suite à un article écrit dans le Global Times, où Liu expliquait que les précédents conflits avec le Japon avaient sérieusement retardé la modernisation de la Chine. Pour les analystes chinois, le discours sur les risques de guerre, de la part d’un officier général aux ascendances familiales prestigieuses, vise à inverser l’actuelle tendance ultra-nationaliste de l’opinion, nourrie par la presse, qui, depuis plusieurs mois, publie à jets continus des reportages au ton belliqueux sur la présence de la marine chinoise dans les parages des ilots contestés.

Alors que récemment l’International Crisis Group a pointé du doigt les risques de dérapage militaires créés par la présence, souvent anarchique, d’une multitude de bâtiments de surveillance, la campagne d’apaisement menée par Liu Yuan, qui insiste sur les conséquences catastrophiques des guerres, aurait pour but de préparer l’opinion à une approche plus conciliante de la Chine. Cette volonté d’apaisement, dont il faudra cependant tester la réalité à l’usage, pourrait s’étendre à l’ensemble du scope des relations internationales de la Chine, et en premier lieu aux Etats-Unis. Xi Jiping et Li Keqiang ont en effet tous les deux à plusieurs reprises insisté sur l’importance d’une meilleure coopération bilatérale et l’importance d’éviter des dérapages.

S’il est vrai qu’au moment de sa prise de fonction, la nouvelle tête du Régime semble disposée à la conciliation par une approche plus souple, - mais c’était le cas aussi de Hu Jintao et Wen Jiabao en 2002, notamment avec le Japon, il n’est pas certain que le discours de Liu Yuan soit entendu par ses pairs.

A l’intérieur du sérail il sent le souffre, nimbé de sa réputation de pourfendeur impitoyable de la corruption au sein de l’appareil militaire, mais ayant, à l’occasion, flirté avec la tendance populiste de Bo Xilai avant sa chute, et pris des distances avec la pensée de Deng Xiaoping.

Sans compter que sa nouvelle philosophie d’apaisement semble un opportunisme, qui tranche radicalement avec quelques unes de ses prises de positions antérieures nettement plus belliqueuses (Lire notre article Congrès du Parti. Ruades militaires et perspectives pour la CMC).

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Nominations, rapports de travail et défis internes.

L’ANP a désigné les nouvelles hautes autorités du système judiciaire, formellement chapeautées par le pouvoir législatif, mais, en réalité, étroitement subordonnées à la Commission des Affaires juridiques du Parti, dont les rênes sont tenues par le pragmatique Meng Jianzhu peu enclin aux réformes brutales. Si on se souvient que l’indépendance de la justice est un de thèmes récurrents des réformateurs, également évoqué ça et là par Xi Jinping lui-même, il est intéressant de s’arrêter un instant aux hommes et femmes de l’appareil judiciaire et aux nouvelles nominations (1).

L’Assemblée a également entériné la nomination des nouveaux Vice-premiers ministres – Zhang Gaoli, Liu Yandong, Wang Yang et Ma Kai -, où le souci d’équilibrer les influences est évident. Elle a aussi formellement validé la liste des Conseillers d’État et des ministres, ainsi que les choix du secrétaire général du gouvernement et reconduit à son poste le Gouverneur de la Banque Centrale, tous désignés par Li Keqiang (2) & (3). Avec la composition des commissions de l’Assemblée, ces répartitions de postes trahissent autant le souci d’équilibre entre les clans que la contradiction politique entre l’obligation de réformes et la crainte de l’ouverture.

La conférence de presse de Li Keqiang et le discours de clôture de Xi Jinping ont été précédés par rapports des grands responsables sortants - Premier Ministre sortant, Président de la Commission pour la Réforme & Développement, et Ministre des finances -, tous présentés selon une forme très classique à trois piliers.

La première partie des rapports présentait sans surprise les succès du pouvoir, qui vont du doublement du PNB en 10 ans aux grandes fiertés du régime que sont la conquête spatiale, l’organisation des JO et celle de l’expo de Shanghai en 2008 et 2010, en passant par la diminution radicale du taux de pauvreté, l’augmentation de 100% des revenus de l’état et l’accroissement de 9,9% du revenu moyen des campagnes, d’autant plus remarquable que la hausse est supérieur de plus d’un point à celle des villes.

Avant d’évoquer les solutions envisagées, troisième pilier de tous les rapports, les deuxièmes parties focalisaient sur les échecs ou manquements déjà exposés lors du 18e Congrès. Ces derniers concernent les écarts de développements, les fractures sociales, les lacunes de la santé et de l’éducation, les surcapacités et les désordres industriels, l’augmentation générale des coûts de production, la faible capacité d’innovation des entreprises, un secteur financier encore mal assaini et, enfin, les deux tares, qui constituent peut-être les plus préoccupants talons d’Achille du régime, les dégâts considérables infligés à l’environnement par 30 ans de croissance accélérée et la corruption endémique des responsables.

S’agissant des choix politiques à venir, toutes les présentations ont focalisé sur l’importance de réorienter la croissance par la consommation interne et le rôle central des réformes économiques et sociales, qu’elles s’appliquent à l’industrie ou au monde rural – avec la quadrature du cercle du remembrement foncier et le nécessaire renforcement du droit de propriété -.

La restructuration des campagnes est en effet considérée comme l’indispensable accompagnement du considérable défi de l’urbanisation. Dans ce contexte, l’exode rural est à la fois un facteur d’espoir, comme adjuvant à la consommation interne et l’objet des craintes d’un dérapage des mouvements démographiques, dont se nourriraient les désordres sociaux et politiques.

La conclusion du rapport du Premier Ministre sortant Wen Jiabao était aussi un guide des priorités à venir à l’usage des nouvelles équipes. Il balayait largement, non seulement l’organisation du pouvoir et celle du tissu industriel, les rapports entre public et privé, ceux entre le Centre et les administrations provinciales, mais également et surtout les domaines sociaux où les réformes étaient urgentes, comme celles du Hukou, du planning familial, ou des systèmes de retraites et de santé, où le remboursement des actes stagnent encore autour de 4 à 5 € par personne.

Mais contrairement à ce qui disent certains articles de presse, prompts à dénoncer les immobilismes politiques, et se démarquant de Xi Jinping et Li Keqiang, Wen n’a pas éludé les réformes politiques.

Prononcé, il est vrai, avec moins de verve qu’à l’époque (2010), où il se référait à Hu Yaobang (Lire notre article Qui est Wen Jiabao ?), le testament de Wen Jiabao établissait cependant clairement un lien entre, d’une part les progrès de l’harmonie sociale, le bien être du peuple, l’éradication de la corruption, l’efficacité industrielle et l’innovation et, d’autre part, l’amélioration de l’État de droit, l’élargissement de la démocratie et la mise en place d’un dialogue efficace avec la société civile, assorti de dispositifs permettant le contrôle par le peuple des politiques publiques.

Restructuration de l’État.

Baignant dans un sentiment d’urgence, né de l’avalanche des problèmes exposés par les rapports de travail, le 10 mars l’ANP s’est aussi penchée sur ce qui constitue le premier plan depuis 5 ans de restructuration administrative et industrielle du pays. L’intention est de diminuer l’impact bureaucratique sur l’efficacité du gouvernement et de donner plus d’importance aux incitations du marché, avec, peut-être, en fond de tableau, la réforme « serpent de mer » de la loi sur la propriété.

Il s’agissait d’abord d’examiner la dissolution de l’Etat dans l’Etat que constitue le ministère du rail, dont la partie commerciale sera séparée de la fonction opérationnelle, elle-même incorporée au ministère des transports. Puis d’intégrer la Commission du planning familial au ministère de la santé, de relever le pouvoir des responsables de la sécurité alimentaire pour réduire le nombre des empoisonnements, de regrouper le contrôle et la régulation des secteurs des médias, de l’édition, de la télévision et du cinéma en un seul organisme.

Une autre restructuration envisagée, probablement en rapport avec la volonté d’apaiser les querelles de souveraineté sur les îlots en Mer de Chine avec le Japon, les Philippines et le Vietnam, est le regroupement sous une même autorité des quatre flottilles paramilitaires - surveillance maritime, garde-côtes, assistance aux pêches et douanes - dont la présence, parfois désordonnée autour des zones contestées porte d’importants risques de dérapage.

Enfin, Selon Ma Kai, ancien Directeur de la Commission pour la Réforme et le développement, nommé Vice-premier ministre, qui s’exprimait le 17 mars, la nouvelle administration publique de l’énergie prendrait en charge les anciennes attributions de la Commission de régulation de l’énergie électrique qui serait dissoute. Mais cette restructuration manque probablement son objectif qui était de se donner les moyens d’assurer une meilleure efficacité énergétique.

De la même manière, l’échec de Pan Yue que certains voyaient déjà à la tête du ministère de l’environnement, et la reconduction à ce poste de Zhou Shengxian signale une hésitation néfaste sur la route d’un ministère plus efficace, dont la puissance heurterait les intérêts de nombre d’industries polluantes.

Ce bafouillage du Parti, qui a tout de même augmenté le budget du ministère de 12%, a soulevé quelques protestations dans l’Assemblée, avec le vote négatif record de plus de plus 800 délégués lors du scrutin d’approbation de la Commission environnement de l’ANP (Lire notre article Pan Yue et la catastrophe écologique chinoise. Un cri d’alarme à méditer).

Des vagues à la surface du consensus.

Les petites et grandes secousses, qui dérangèrent l’ordonnancement des procédures législatives préréglées survinrent les 14 et 16 mars. Après la confirmation des 2963 délégués députés de l’Assemblée et l’élection attendue de Zhang Dejiang, désormais n°3 du régime, remplaçant Wu Wangguo à la présidence l’ANP, c’est en effet Li Yuanchao, 62 ans, qui fut élu Vice-Président de la République.

L’un des réformateurs les plus emblématiques du Parti, favori pour le Comité Permanent, mais écarté en novembre 2012 lors du 18e Congrès par Jiang Zemin, Li devient ainsi le premier Vice-Président depuis 1993 (4) à ne pas être membre du noyau dur du Régime.

Selon une dépêche de Reuter, qui cite des sources internes au Parti, le choix aurait été imposé à l’Assemblée par Xi Jinping lui-même contre une nouvelle manœuvre de Jiang Zemin pour promouvoir à ce poste Liu Yunshan (5), l’apparatchik de la propagande, déjà en charge de l’Ecole Centrale du Parti et du Secrétariat du Comité Central. Reuter ajoute que la désignation de Li Yuanchao (6), le 14 mars n’aurait pas donné lieu aux mêmes tonnerres d’applaudissement que lors de la nomination à la vice-présidence de Zeng Qinghong en mars 2003, ou de Xi Jinping cinq ans plus tard.

Pour relativiser la réalité de ce système électif notons que, selon le journal japonais Asahi Shimbum, 117 députés auraient voté contre Li Yuanchao ou se seraient abstenus. Ce qui lui confèrerait tout de même une majorité de 99,43% des voix, il est vrai très inférieure à celle de Xi Jinping, qui n’a eu à déplorer qu’une seule voix dissidente.

Clairement, Li aura plus de difficultés que ses prédécesseurs à imposer son influence puisque la Présidence de l’Ecole Centrale du Parti incombe déjà à son rival Liu Yunshan et que, contrairement à Xi Jinping ou Hu Jintao, lui-même n’est pas placé sur la trajectoire de futur n°1 du Parti.

A l’intérieur, il n’aura qu’un petit rôle dans les relation avec les RAS de Hong Kong et Macao, et assistera le Président dans les affaires internationales. Il reste que sa nomination, qui le place au 8e rang de la hiérarchie du Parti, et lui confère une dimension internationale, n’est peut-être pas seulement un lot de consolation, comme le soulignent certains analystes chinois, mais pourrait avoir une valeur symbolique attachée à la volonté de réforme. Dans ce cas, son efficacité dépendra de la marge de manœuvre que voudra bien lui laisser le Président.

Après « l’élection » de Li à la vice-présidence, le Hangzhou Daily publia un de ses commentaires datant de 2010, quand, en charge de la très puissante Commission de l’organisation du Parti, il avait menacé de mettre sur pied une commission d’enquête spéciale chargée de réprimer le commerce des charges dans la haute administration. Cette seule incidence pourrait expliquer sa mise à l’écart du Comité Permanent, lors du 18e Congrès.

La deuxième nomination à contre courant, cependant attendue par beaucoup d’observateurs, fut celle de Zhou Xiaochuan qui conserve son poste de gouverneur de la Banque Centrale, alors qu’en novembre dernier il n’avait pas été reconduit au Comité Central, ce qui avait nourri les spéculations sur son départ.

Son maintien était cependant attendu depuis que le président Xi Jinping et Li Keqiang lui firent attribuer un des sièges de Vice-président de la Commission Consultative du Peuple Chinois, il est vrai purement honorifique, mais porteur de la caution de la tête du régime, et contre laquelle les délégués de l’ANP, aux traditions démocratiques encore plus qu’hésitantes, ne peuvent s’opposer.

Cette décision, qui prend le contrepied du Comité Central, indique que le nouveau pouvoir a l’intention de pousser les feux de la convertibilité du Yuan, tout en continuant à lutter contre l’inflation et les dettes toxiques des grandes banques d’État, que Zhou voudrait aussi ouvrir à la concurrence étrangère.

Autant de projets qui heurtent de plein fouet quelques intérêts de l’oligarchie liés au secteur financier et pourraient expliquer que le Comité Central ait tenté d’écarter Zhou lors du 18e Congrès. A Pékin, la rumeur court que, contrairement au coup d’arrêt contre Li Yuanchao, les attaques contre Zhou n’auraient pas été fomentées par le clan Jiang Zemin, qui aurait au contraire appuyé son maintien.

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Urgence existentielle et ambiguïté politique.

Le sentiment d’urgence mêlée d’inquiétude qui habite la classe politique chinoise, perceptible au travers des rapports présentés lors de la 12e ANP est tout entier résumé par la question, qui agite la classe politique et les intellectuel chinois depuis de nombreuses années : La Chine sera t-elle réellement capable de se moderniser socialement et de mettre sur pied une économie articulée autour de l’innovation, si le système politique du pays reste inchangé ?

A cette interrogation existentielle, un intellectuel chinois avait publiquement donné une réponse inquiétante. Cité par Cheng Li dans plusieurs articles, Zhang Lifan, 章立凡, avait démissionné de l’Académie des Sciences Sociales en 2000. Depuis, il écrit sur des sujets politiques tabous y compris dans des journaux chinois comme Yanhuang Chunqiu 炎黄春秋, animé par des anciens membres du Parti à la sensibilité réformiste (Lire notre article Le Parti à l’épreuve de la démocratie).

Lors du 18e Congrès, Zhang avait fait cette prévision alarmante : « Si la 5e génération ne met pas en œuvre des réformes politiques dans les 5 années qui viennent, elles ne seront plus nécessaires après. L’alternative est soit des réformes politiques dans 5 ans, soit la fin du Parti dans 10 ans. »

Cette sombre perspective s’alimente d’abord de la perte de légitimité politique et sociale du Parti, alors que l’image de son pouvoir est ternie par l’arbitraire et la main mise des clans, issus de dynasties familiales – « fils de princes 太子 » - sur la richesse et les avoirs du pays, dans un contexte où le mythe vertueux des ascensions sociales par la « méritocratie » est désormais remplacé par la perception largement répandue que la société est contrôlée par un « capitalisme des élites et des réseaux - 权贵资本主义 – quangui zibenzhuyi », expression employée par de nombreux sociologues chinois, qui figurait dans la Charte 08 de décembre 2008, dont Zhang fut un des signataires.

Cheng Li explique comme de nombreux observateurs que, dans un contexte où les lois du marché et de la concurrence sont flouées, le pouvoir est contrôlé par les banques d’État, les grands groupes publics des secteurs des télécoms, du rail, du pétrole, des ressources minières, de l’acier, et leurs protecteurs au sein des administrations.

Il en résulte que le partage des fruits de la croissance est gravement inégalitaire, et que la tendance monopolistique des groupes tue la compétition, affaiblissant considérablement les conditions de l’innovation, au point que, après 30 ans d’ouverture économique, rares sont les groupes chinois ayant réussi à se faire un nom de réputation mondiale.

Dans le même temps, les freins aux réformes financières par les intérêts retranchés des banques d’État handicapent une meilleure distribution du capital au profit des petites et moyennes entreprises dont l’efficacité industrielle et commerciale est pourtant bien meilleure que celle des grands groupes, mais dont la survie est menacée par les difficultés qu’ils éprouvent à obtenir des prêts. Enfin, l’enchevêtrement des réseaux et des intérêts mêlés des affaires et de la politique crée un terrain idéal au développement de la corruption et à l’évasion massive de capitaux.

Dans un contexte où la nouvelle classe moyenne, certains journalistes, avocats, chercheurs, militants écologistes, ou partisans d’un système judiciaire plus indépendant, tous, excédés par l’arbitraire, la censure, les captations de terre, la corruption des fonctionnaires et la pollution, en même temps qu’ils sont de plus en plus conscients de leurs droits et désormais capables de s’informer et de se mobiliser par internet, l’augmentation des conflits plus durs est d’autant plus probable que le pouvoir, toujours obsédé par l’exigence cardinale de stabilité sociale, critère de bonne gouvernance, ne renonce pas toujours aux répressions brutales.

Au plus haut niveau de la machine du pouvoir, l’inquiétude vient de cette prise de conscience amplement favorisée par la qualité des recherches chinoises sur la société et dont les mises en garde, autrefois confidentielles, percent de plus en plus l’opacité du système et le contraignent à s’ajuster.

Ainsi l’actuelle remise en cause du Hukou est-elle la conséquence directe des mises en garde par les experts chinois, dont la plus alarmante était peut-être cet avertissement du Centre de recherche du Conseil des Affaires d’Etat, publiée le 14 juin 2011 : « les migrants venant des campagnes sont marginalisés dans les villes et seulement considérés pour le faible coût de leur travail. S’ils ne sont pas intégrés dans le tissu urbain, et ne bénéficient pas des droits qui leur sont dus, de nombreux conflits surgiront, qui créeront une menace majeure de déstabilisation ».

La manière dont le Parti répondra à ces menaces n’est pas claire. S’il ne fait pas de doute que les risques ont été clairement identifiés, rien ne dit qu’il voudra, ou même aura les moyens de conduire les réformes politiques au niveau d’efficacité nécessaire à la correction des graves déséquilibres socio-politiques.

A ce sujet les messages du Secrétaire Général et de plusieurs autres responsables sur la nature et l’ampleur de l’ouverture politique sont ambigus. Xi Jinping a en effet récemment mis en garde contre les risques d’une catastrophe politique semblable à celle de l’URSS.

Tout en prônant le respect de la constitution il continue à mettre en avant « les spécificités chinoises » parsemant parfois ses discours de références maoïstes, pour retarder les réformes politiques, jugées dangereuses, tandis que Yu Zhengcheng, nouveau Président de la Commission Consultative du Peuple Chinois, répétait durant l’ANP le message des conservateurs selon lequel « jamais la Chine n’adopterait le système politique occidental de séparation des pouvoirs »

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NOTES (1)

(1) Coup d’œil sur l’appareil judiciaire.

Meng Jianzhu, 65 ans}}.

Cliquer pour lire la bio.

Wu Aiying 吴爱英, 62 ans.

Ministre de la Justice, reconduite à son poste, Madame Wu, originaire de Chengle, dans le Shandong, est entrée au Parti à 19 ans. Après des études de sciences politiques à l’Université du Shandong, elle a, après divers postes dans l’administration du Shandong, dont celui de Vice-gouverneur, été nommée Vice-ministre de la justice en 2003, puis ministre en 2005.

Proche de Hu Jintao, donc de Li keqiang, elle s’est jusqu’à présent signalée par les directives données au tribunaux et magistrats pour privilégier le maintien de la stabilité sociale plutôt que la promotion du droit des individus. Il n’est pas certain qu’elle soit prête à engager des réformes allant dans le sens de l’indépendance de la justice.

Zhou Qiang 周强, 52 ans.

Président de la Cour suprême. Juriste d’expérience. Né en 1960 dans le district de Huangmei (Hubei), Zhou est membre du Comité Central depuis 2002 et n°1 du Hunan depuis 2010, après en avoir été le gouverneur pendant trois ans. Diplômé de droit, il a servi 10 ans au ministère de la justice. Sa carrière politique a été lancée au travers de la Ligue de la jeunesse dont il a été nommé Commissaire Politique en 1998 à 38 ans.

En 2005, toujours à la Ligue, il a été distingué par une récompense des Nations Unies dans le cadre du programme « Champions de la Terre » pour la dépollution de la rivière Xiangjiang dans le Hebei. Sa conscience écologique et l’analyse des causes favorisant la pollution industrielle massive des rivières et fleuves chinois pourraient en faire un des vecteurs d’une réforme de la justice vers plus d’indépendance.

Cao Jianming. 曹建明, 58 ans.

Etudes de droit en Chine 1983 – 1986 à Shanghai et à Gand 1989 – 1990. Président du Collège des magistrats et Vice président de la Cour Suprême en 1999, puis Procureur général en 2008. Ayant été le professeur de droit de la classe politique à qui il donna des conférences à Zhongnanhai (1994), Cao est très apprécié de la hiérarchie du régime qui l’a à plusieurs reprises honoré par des récompenses officielles. Cette connivence qui n’enlève rien à ses qualités de juriste, constitue cependant un obstacle capable de bloquer un élan réformiste.

(2) Liste des Vice-premiers ministres.

La liste des nouveaux Vice-premiers ministres offre un bel exemple de partage des influences.

A côté de Wang Yang qui, dans la province de Canton s’était construit une réputation d’homme politique ouvert aux réformes, au point que la vieille garde de Jiang Zemin l’avait, lors du 18e Congrès, écarté du Comité Permanent, on trouve Ma Kai et Zhang Gaoli, proches des entreprises d’État et, au moins pour Ma Kai, un adepte de la planification centralisée. Aucun des deux n’a jamais milité pour un ajustement du système politique, comme l’a fait Wang Yang.

Quant à Liu Yandong, ses allégeances multiples, allant de Jiang Zemin à Hu Jintao en passant par Zeng Qinghong, tout comme son histoire à la tête du Front Uni font d’elle une adepte du consensus et une experte de la médiation, mais probablement pas un ferment pour des réformes politiques hardies.

Ma Kai 马凯

Zhang Gaoli 张高丽

Liu Yandong 刘延东

Wang Yang 汪洋

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NOTES (2)

(3) Liste des ministres.

Li Keqiang 李克强

China’s parliament endorses new cabinet lineup

Quelques ministres remarquables.

Gao Hucheng, ministre du Commerce, 62 ans.

Docteur en sociologie de l’Université de Paris, ayant une expérience africaine à l’ambassade de Chine à Kinshasa de 1975 à 1980 et française de 1982 à 1987 comme représentant de la société chinoise d’État d’exportation des machines outils. Gao était vice-ministre du commerce depuis 2009. Son expérience internationale en Europe et en Afrique est un atout.

Lou Jiwei, ministre des finances, 63 ans.

Président du fond souverain chinois (China Investment Corporation – CIC -), il est diplômé de Qinghua en sciences informatiques et d’économie à l’Académie des Sciences Sociales, où il a dirigé l’Institut des finances et du commerce international. Proche de Zhu Rongji, il a été vice-gouverneur du Guizhou, puis vice-ministre des finances de 1998 à 2007 et joua un rôle crucial dans la réforme du système fiscal chinois et dans la promotion des investissements souverains chinois à l’étranger.

Durant la période où il était à la tête du CIC, il a après des débuts difficiles – investissements catastrophiques dans Morgan Stanley et Blackstone durant la crise -, réussi à assurer au CIC un retour sur investissement de 12% au cours des deux dernières années. Ses talents de diplomates ont également rassuré européens et américains qui accusaient le fond souverain d’avoir des intentions politiques plutôt que commerciales. Il aura ainsi réussi à transformer le CIC en un fond d’investissement profitable de plus en plus favorablement accueilli à l’étranger.

Wang Yi, ministre des Affaires étrangères, 59 ans.

Diplomate chevronné, licencié de Japonais, il fut en poste à Tokyo de 1889 à 1994, puis ambassadeur au Japon de 2004 à 2007 (durant les précédentes échauffourées sino-japonaises). Il s’est également signalé par sa grande souplesse à la tête du bureaux des Affaires taïwanaises, où il avait succédé à Chen Yulin en 2008. Wang possède également une expérience de coopération avec les Etats-Unis dans les négociations avec la Corée du Nord.

Chang Wanquan, ministre de la défense, 63 ans.

Membre du Comité Central depuis 2002, Directeur du département de l’armement de la CMC depuis 2007, et membre du bureau politique depuis le 18e Congrès, Wang possède une solide expérience de commandement et de spécialiste des opérations militaires acquise dans la Région Militaire de Lanzhou, à quoi s’ajoute une expertise technique qui lui a permis d’assurer avec succès le commandement du programme chinois de vols spatiaux habités.

Guo Shengkun, ministre de la sécurité, 59 ans.

Membre du Comité Central depuis novembre 2012, Guo qui était jusqu’en décembre 2012 n°1 de la région autonome du Guangxi est un homme politique qui vient de l’industrie, où il a été le PDG de Chinalco, le n°1 de l’aluminium chinois qu’il avai contribué à mettre sur pied en 2000. Après quoi, il aidé à introduire sa filiale Chalco sur les marchés boursiers de Hong Kong et de New York.

Cette contribution est semblable à celle de Zhou Yongkang qui, avant d’être ministre de la sécurité publique de 2003 à 2007, fut PDG du groupe pétrolier CNPC, période pendant laquelle il avait introduit Sinopec, la filiale de CNPC, à la bourse de New York. Avec Guo, et après Meng Jianzhu, le ministère de la sécurité renoue avec la puissance du monde industriel.

Guo est aussi titulaire d’un doctorat de gestion d’entreprise de l’Université des Sciences et Technologies de Pékin. Il n’est pas impossible du Guo, qui n’a que peu d’expérience dans le secteur de la sécurité, ait été recruté à ce poste pour coordonner la réorganisation du ministère, après ses expériences réussies dans le gestion de deux grands groupes industriels.

Zhou Xiaochuan. Gouverneur de la Banque de Chine. 65 ans.

Titulaire d’un doctorat d’économie de Qinghua, Zhou est proche de Zhu Rongji, et connu comme un financier réformateur en charge de la Banque Centrale depuis 2002, où il a présidé à la réforme de la politique monétaire. Son ambition, qui lui a créé de nombreux ennemis, est de rendre la monnaie chinoise librement convertible, et d’ouvrir le système financier chinois et les banques d’État à la concurrence internationale.

Sa longue expérience du secteur financier chinois – il a été vice-gouverneur de la banque Centrale, Directeur des réserves de change, gouverneur de la Banque de construction, Président de Commission des régulations boursières - lui ont conféré une large renommée internationale au point qu’en décembre 2010, le magazine Foreign Policy l’avait classé n°4 parmi une centaine d’experts internationaux de la finance.

En Chine ses ennemis ont influencé le Comité Central au point qu’il n’y a pas été réélu en novembre 2012. Mais, le président Xi Jinping et son premier ministre Li Keqiang l’ont fait nommer à la vice-présidence de la Commission Consultative du Peuple Chinois pour lui permettre de rester en poste à la Banque Centrale.

(4) Rong Yiren 荣毅仁 .

Nommé Vice-président de la RPC par Jiang Zemin en 1993, étranger au sérail politique, Rong, issu d’une famille riche, ayant choisi de rester en Chine après la révolution au lieu de fuir vers Hong Kong ou Taïwan, fut un des hommes d’affaires les plus respectés du pouvoir communiste.

Après la nationalisation de ses avoirs, on lui attribua 6 millions de $ de compensation et il devint Vice-maire de Shanghai, puis conseiller spécial du gouvernement. Pendant la révolution culturelle, il fut maltraité, mais, protégé par Zhou En-lai, il échappa au pire. En 1989, il fut de ceux qui prônèrent la négociation avec les étudiants, mais échappa à la disgrâce. Deng le nomma au contraire conseiller du Bureau Politique pour l’ouverture. Il est décédé en 2005, à l’âge de 89 ans, la même année que Zhao Ziyang.

(5) Liu Yunshan 劉雲山

(6) Li Yuanchao 李源潮

 

 

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