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›› Politique intérieure

Reconstruire le lien entre le pouvoir et la société

Photo : Activistes à Pékin déployant une bannière après la 12e Assemblée Nationale Populaire : « S’il n’est pas mis fin à la corruption des cadres, le rêve chinois restera un rêve éveillé ». Le 31 mars, ils ont été arrêtés par la police. La photo est également parue dans le New-York Times du 4 avril.

Depuis le 18e Congrès, le Bureau Politique s’est réuni une fois par mois en séminaire, sous la présidence de Xi Jinping. L’habitude avait été prise en 2002 sous l’impulsion de Hu Jintao, et, depuis, elle avait été maintenue au rythme moyen d’une dizaine de séminaires par an. Le 23 avril, le magazine Caixin 财新 publiait le sujets des réunions, dont trois sur cinq portaient sur la réforme, l’état de droit, et la lutte contre la corruption.

Mais leur fil conducteur renvoyait à la manière de réduire les tensions entre le pouvoir et la société, une des préoccupations cruciales du pouvoir chinois depuis plus de 10 ans, mais que Xi Jinping, proche d’un sociologue de Qinghua iconoclaste, semble prendre particulièrement à cœur et dont il ressent l’urgence. Il y a de quoi. Le 15 avril, quatre jours avant le séminaire sur la corruption, l’exemplaire en ligne du Quotidien du Peuple publiait en effet les résultats d’un sondage effectué auprès de 3000 personnes sur le degré de confiance que les internautes accordaient au Parti Communiste Chinois (PCC).

Les conclusions étaient alarmantes. A la question « croyez vous que le PCC aura le courage et la sagesse d’accélérer les réformes ? », 72,1% ont répondu Non ; Ils étaient aussi 82,1% à réfuter l’idée selon laquelle le développement « aux caractéristiques chinoises » serait conforme aux intérêts de la grande majorité des Chinois ; 85,33% ne croyaient pas non plus que « seul le PCC serait capable de guider le peuple chinois sur le chemin du socialisme idéal » ; Enfin 80,9% ont rejeté le principe d’un système à plusieurs partis politiques fédérés par le parti communiste, raison d’être et épine dorsale de la Conférence Consultative du Peuple Chinois.

Les sondages en ligne ne sont pas la panacée et ne peuvent remplacer une étude en bonne et due forme. Celui-ci, mis en ligne par le QDP en contredisait d’ailleurs d’autres moins catastrophiques. Mais l’alerte du 15 avril, vite effacée des écrans, confirmait nombre de mises en garde des chercheurs chinois que le Parti n’ignore pas. S’il est vrai que la société civile chinoise recèle un important potentiel de réactivité, il est aussi exact que depuis 2008, elle a été systématiquement mise sous le boisseau.

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Les mises en garde des intellectuels.

Le 11 mars 2013, lors de la 12e ANP, Sun Liping, 孙立平, qui fut le professeur de sociologie de Xi Jinping à Qinghua, dressait de l’état de la société et de ses relations avec le pouvoir, un tableau inquiétant et publiait sur son blog un court article intitulé « La troisième phase de la déroute du pouvoir - 权力溃败的第三阶段 Quanli Kuibai de Di San Jieduan – » qui constatait l’échec social et politique du précédent Bureau Politique.

Sun expliquait que le mandat de Hun Jintao et Wen Jiabao avait commencé sous le signe encourageant de l’ouverture politique et de l’État de droit, qui fit naître de grands espoirs. En 2003, le pouvoir mettait fin aux procédures policières qui autorisaient les forces de l’ordre à arrêter puis à renvoyer dans leurs provinces d’origine les migrants sans permis ; la même année eut lieu une vaste remise en question des rapports du pouvoir avec la société civile après la crise du SRAS et l’omerta officielle, assortie du limogeage du ministre de la santé et du maire de Pékin, remplacé par Wang Qishan, actuellement membre du Comité Permanent, en charge de la lutte contre la corruption.

La remise en ordre s’était poursuivie en 2006 par l’arrestation du n°1 de Shanghai Chen Liangyu, membre du Bureau Politique, accusé de corruption. Mais, s’étonnait Sun, le pouvoir s’est de manière inexplicable arrêté là, adoptant un « schéma politique de type nord-coréen, où la priorité n°1 est devenue la préservation de la stabilité sociale -维稳 -Wei Wen – ». L’explication réside peut-être, ajoute Sun Liping, dans la manière extrêmement crispée dont le Parti a abordé la période des Jeux Olympiques, à quoi s’ajoutent les hésitations d’un Bureau Politique très peu sûr de lui et la persistance dans les esprits des anciens réflexes de gouvernement.

L’extrême prudence politique avec laquelle le régime a considéré le grand événement des JO eut une influence considérable sur la suite, marquée à la fois par l’alourdissement de la main du pouvoir et sa déroute, dans un contexte où les plus riches ont aujourd’hui de plus en plus la parole, tandis que le succès des jeux donna libre cours à des fantasmes régressifs de puissance et de concentration des pouvoirs.

Dans cette ambiance, l’argent et la fortune attisèrent l’arrogance et l’arbitraire, mettant à rude épreuve la patience du public, favorisant le retranchement des intérêts catégoriels et provoquant de considérables injustices. Relativement démuni face à ces dislocations sociales, le régime a limité ses solutions à la préservation à tous prix de la stabilité. Ces choix ont maintenu la Chine dans une ornière politique. Pas seulement parce qu’ils ont contribué aux injustices sociales, mais aussi parce que les mécanismes du fonctionnement normal de la société ont été détruits.

Mais, il y a pire. Sun Liping ajoute que la priorité absolue donnée à la stabilité sociale a favorisé chez les cadres une mentalité où la fin justifie les moyens, leur accordant un blanc seing pour s’affranchir de la morale « 作恶授权 - zuo e shouquan - Littéralement « le droit de faire le mal » », tandis qu’on justifiait la suppression ou l’affaiblissement des organes de contrôle du pouvoir, capables d’en freiner les excès, par le souci d’efficacité et de stabilité socio-politique.

La nouvelle direction politique, dont il est légitime de penser qu’elle considère les analyses de Sun Liping, proche du Président, comme une contribution pertinente et utile, se trouve donc placée devant l’urgence de raccommoder un tissu social mis à mal par les inégalités et de rétablir une relation entre le pouvoir et la société civile que la persistance des stratégies de suppression ont saccagée. Depuis plusieurs années, les sociologues chinois n’ont cessé de mettre en garde le pouvoir sur ces deux thèmes.

En 2009, déjà Sun Liping expliquait que ce qui menaçait la société chinoise n’était pas l’instabilité, obsession univoque du régime, mais la sclérose et, à terme, la nécrose et la décomposition. (Lire notre article L’obsession de stabilité sociale, principal obstacle au développement d’une société civile dynamique et responsable).

Fin août 2011, lors d’un séminaire d’intellectuels organisé à Pékin, Yu Jianrong, de l’Académie des Sciences Sociales, dont l’analyse sociale est voisine de celle de Sun Liping, se plaignait des restrictions du droit d’expression depuis 30 ans et de la mise sous le boisseau de tous les débats sur les valeurs universelles. « Le système politique et la philosophie du pouvoir n’ont jamais été remis en question (…). Mais quels recours pour le peuple si le Parti contrevient lui-même à sa propre conception d’un état de droit ? ».

Il recevait le renfort de Zhang Weiying (52 ans), ancien Doyen de l’Ecole de gestion de l’Université de Pékin, révoqué en 2010 pour ses vues jugées trop radicales : « le Parti n’a jamais mis en œuvre qu’un seul principe de la constitution : celui qui affirme absolument son « rôle dirigeant » ».

La verve critique de Sun Liping avait même attiré l’attention du Monde diplomatique dans sa livraison de juin 2011 (Lire Des chercheurs chinois réclament des réformes dans leur pays), qui résumait les appels de Sun pour une refondation des relations entre la société civile et le pouvoir.

Enfin, sur les inégalités et le grippage de l’ascenseur social paraissait à la mi-janvier 2012, dans le magazine Caixin, un article signé de Madame Guo Yuhua, titulaire d’un Doctorat d’anthropologie, elle aussi, professeur de sociologie à Qinghua qui analysait le phénomène de stagnation sociale porteur d’amertume et de découragement.

Son argumentation résumait l’essentiel des ressentiments d’une partie de la classe moyenne, d’autant plus dangereux que le Parti a toujours considéré ce segment de la population comme sa base politique la plus fiable. Selon Guo, la désillusion prenait racine dans le décalage entre les discours publics sur la « naissance d’une nation puissante » et la faiblesse des progrès individuels dans une société de moins en moins ouverte. Elle ajoutait « Ce ne sont toujours pas la connaissance et les diplômes qui ouvrent les portes, mais les réseaux, les appuis et le statut de la famille ».

Dans ce contexte, chacun comprend que, même le branle bas contre la corruption récemment sonné par le Bureau Politique et mis en œuvre par Wang Qishan, mais que beaucoup d’observateurs continueront de considérer avec méfiance aussi longtemps que la justice ne sera pas indépendante, ne parviendra pas éradiquer les défiances et à redonner vie à un débat constructif avec la société civile.

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La réactivité traditionnelle de la société.

Pourtant s’il est un pays qui dispose d’un fort potentiel de réactivité sociale, inscrite dans l’histoire et ses traditions, c’est bien la Chine. Dans son livre « Civil Society in China », Karla W. Simon montre que la société civile chinoise s’inscrit dans la longue histoire du pays. Elle s’intéresse précisément à la manière dont les Chinois ont, souvent contre les oligarchies au pouvoir, toujours trouvé le moyen de participer au développement socio-économique du pays par le truchement de la pléthore d’associations qui structurent la société.

Il est vrai que durant la règle maoïste tous les liens entre individus furent détruits, au point qu’à la fin de la révolution culturelle, l’atomisation et la défiance avaient atteint leur apogée. Les réformes de Deng Xiaoping libérèrent certes l’économie, mais l’organisation sociale verticale fut maintenue par le biais des « Danwei » - unités de travail -, chapeautées par les grands groupes publics.

A partir du milieu des années 1995, quand le filet protecteur des unités de travail s’est délité, les associations de masse, dérivées des traditions communistes, les organisations gouvernementales parallèles, mais également les fondations publiques et privées investies dans la philanthropie, et de plus en plus les ONG chinoises et étrangères, prirent le relais.

Avec cependant l’importante restriction que leur autorisation reste toujours soumise à une procédure compliquée et que toute implication dans une activité politique, sortant du cadre autorisé - le plus souvent dans des secteurs humanitaire et technique, où l’État est déficient -, est strictement prohibée.

C’est également le cas des associations professionnelles, chambres de commerce et syndicats qui peuvent débattre des techniques, des stratégies d’action commerciales et des conditions de vie ou de salaires, mais restent toujours sous le contrôle étroit du Parti. En 2011, Wang Yang, alors SG du Parti à Canton, avait suggéré d’accorder plus d’autonomie politique aux syndicats. Mais l’idée avait fait long feu. Ses initiatives en faveur de plus de démocratie lui ont peut-être coûté sa place au Comité Permanent du Bureau Politique lors du 18e Congrès.

Pourtant, une étude réalisée par l’Université de Stanford au printemps 2012 suggérait que la société civile continuera à exercer une pression de plus en plus importante sur le gouvernement et les milieux d’affaires pour les contraindre à une meilleure éthique démocratique.

« La modernisation et le capitalisme ont mis en lumière l’exigence de reformes dans tous les secteurs de la société. Cette mise à jour provoque en retour de profonds changements, conduisant à de nouvelles aspirations pour plus de responsabilité et de transparence des affaires publiques et privées. Les obstacles sur cette route seront nombreux, mais en fin de compte, la Chine n’aura pas d’autre choix que de s’ajuster aux contraintes de l’époque ». (Voir le document PDF 21st Century China :
Does Civil Society Play a Role in Promoting Reform in China ?
).

Une chose est certaine, la Chine en plein bouleversement n’est pas un pays facile à diriger. Dans une note datée de 2011 (Understanding Chinese Society), Thomas Gold, professeur de sociologie à l’Université de Berkeley, contredisant l’idée de la sclérose mise en avant par Sun Liping, expliquait que « La Chine était dynamique, énergique, bruyante et joyeuse, mais polluée et oppressante… [et que] ses dirigeants, confrontés à des défis d’une dimension inédite, s’appliquaient à construire et consolider des institutions capable de gouverner le nouvel ordre ».

L’avenir dira si, au-delà de la lutte contre la corruption, Xi Jinping et Li Keqiang suivront les conseils de Sun Liping et d’autres comme Yu Jianrong, et, tirant profit des traditions de réactivité sociale du peuple chinois, laisseront s’exprimer l’énergie associative dont il est capable. Ou si la crainte de perdre le pouvoir qui hante la bureaucratie et la machine politique du régime continuera de favoriser les stratégies de suppression si efficacement mises en œuvre par Zhou Yongkang l’ancien grand maître de la sécurité.

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BRÈVES

Affrontements au Xinjiang.

Le 23 avril, dans la région de Kashgar, un violent affrontement entre des forces de sécurité chinoises et un groupe de civils Ouïghours a provoqué la mort de 21 personnes. Plusieurs autres ont été blessées. Selon la version officielle, l’affrontement aurait commencé quand 3 cadres locaux qui suspectaient un rassemblement interdit furent kidnappés à l’intérieur d’une maison du village de Selibuya, 150 km à l’est de Kahsgar.

L’intervention de la police locale déclencha un feu nourri, l’assassinat des otages et l’incendie de la maison. L’affrontement cessa après l’intervention d’une unité de la Police Armée Populaire appelée en renfort.

Le communiqué officiel précisait que, parmi les tués, on dénombrait 9 policiers ou auxiliaires Ouïghours, 3 Han et 3 Mongols. Parmi eux se trouvaient 3 femmes. Il n’indiquait pas l’origine ethnique des 6 insurgés tués. Le 29 avril, la police annonçait avoir arrêté 8 suspects. Le même jour CCTV diffusait les images d’une cérémonie à la mémoire des victimes de l’accrochage, à laquelle participait Meng Hongwei, le vice-ministre de la sécurité publique.

Le porte parole du Congrès Mondial des Ouïghours Dilshat Raxit nie les accusations de terrorisme et précise que l’accrochage a été déclenché suite à l’assassinat d’un jeune Ouïghour par un membre des forces de sécurité qui investirent toute la région.

Depuis les troubles du 5 juillet 2009 à Urumqi, Pékin a alourdi le quadrillage militaire des principaux centres urbains de la province. Le Congrès Mondial des Ouïghours ajoute que cette présence armée très lourde, sous prétexte de menace terroriste, appuyée par des postes de surveillance armés par des milices, provoque des dérapages et l’usage arbitraire de la force, y compris par l’ouverture du feu contre des Ouïghours refusant de coopérer avec la police.

(Lire aussi notre article Xinjiang : Accusations de provocation. Silence de la haute direction et spéculations sur les luttes de pouvoir).

Protestations au Fujian.

Dans le village de Panxu au Fujian, des villageois manifestent depuis le 17 mars devant la mairie contre une captation de terres destinée à installer un terrain de golf. Le 24 avril, plusieurs centaines de policiers antiémeutes ont chargé la foule et arrêté de nombreux villageois.

En représailles des milliers de manifestants ont détruit des voitures de police et pris en otage Madame Chen, n°1 local du Parti, qui fut en partie déshabillée en public, et ses photos diffusées sur internet.

La querelle concerne 230 ha de terres, propriété collective des villageois, réquisitionnées par la mairie pour aménager un terrain de golf. Mais les représentant des villageois indiquent qu’ils n’auraient été mis au courant qu’une fois l’accord signé avec l’investisseur. La compensation accordée au village était de 3,9 millions de $ pour un bail de 70 ans, à l’expiration duquel il n’existe aucune garantie qu’il soit renouvelé.

Séisme au Sichuan.

Le 20 avril, la région de Lushan au sud du Sichuan a été secouée par un séisme de force 7. 196 personnes ont perdu la vie et 12 211 ont été blessées, 26 sont portées disparues. 245 000 autres ont été évacuées. La catastrophe a affecté 2 millions de personnes et plus d’une centaine de communes. Plus de 70 000 habitations se sont effondrées.

S’il est vrai que le séisme a relancé les débats sur internet à propos du contrôle des donations, les jugements des internautes sur la réaction des autorités ont été globalement positifs.

Grève des dockers à Hong Kong

Voilà près d’un mois que des centaines de dockers sont en grève à HK pour réclamer une augmentation de 20% de salaire et l’amélioration de leurs conditions de travail. La semaine dernière les manifestants ont monté des tentes face au Cheung Kong Center, siège de Hutchison Port Holding, appartenant au milliardaire Li Ka-shing, dont ils réclament la médiation. Le 25 avril le Tribunal de Hong Kong a rejeté une demande de la société Hutchison de faire évacuer la place par la police.

Le mouvement reçoit l’appui de nombreuses associations d’étudiants, de la classe moyenne et des plus démunis, agacés par les écarts de revenus, dont Li Ka-shing est devenu le symbole. La société de Li Ka-shing devenu l’archétype d’une réussite fulgurante, aujourd’hui inaccessible aux nouvelles générations, possède une des deux plus grandes chaînes de grands magasins de Hong Kong, un groupe pharmaceutique, des commerces d’équipements électroniques, un des plus gros opérateurs de téléphonie mobile et plusieurs ensembles immobiliers.

Li Keqiang au chevet de la grippe aviaire.

Le 28 mars, le PM a visité le centre de contrôle et de prévention des maladies infectieuses à Pékin, et déclaré que l’épidémie était « prévisible et sous contrôle ». Il a ajouté qu’il n’y avait pas de signe que le virus pouvait se transmettre entre humains et promis la transparence de l’information pour calmer les rumeurs.

Les réformes politiques lancées au 2e semestre ?

Selon Yu Keping, intellectuel proche du pouvoir et connu pour son livre publié en 2009, « la démocratie est une bonne chose », Xi Jinping et Li Keqiang lanceraient des réformes politiques au 2e semestre 2013, et leur coup d’envoi serait donné lors du 3e plenum du Comité Central.

Il a ajoute, peut-être imprudemment, que « les efforts actuels de Xi Jinping pour combattre la corruption et sa campagne contre les extravagances montrent que le n°1 du Parti est déterminé à pousser les réformes politiques. ».

Appel public à la « Première Dame ».

Un étudiant de l’Université chinoise de Hong Kong a adressé une lettre ouverte à Peng Liyuan pour lui demander de restaurer la réputation de la croix rouge chinoise, en en prenant la Direction. La Croix Rouge chinoise a récemment été secouée par des scandales de corruption, dont le pire a été la disparition partielle des dons après le séisme de 2008 au Sichuan.

Il est peu probable que Peng Liyuan s’engage dans cette aventure, mais la requête indique la popularité de la première dame, dont les photos, notamment celles des voyages en Russie et en Afrique, font le tour du net.

Mais les Chinois ne sont pas les seuls à prêter attention à la nouvelle Première Dame chinoise. Le 24 mars dernier, le New York Times lui consacrait un article, qui commençait par l’éloge suivant : « Elle est “glamour“, à la mode, et l’une des chanteuses les plus connues du pays ; Si on la compare à celles qui l’ont précédée, le contraste est saisissant ».

Emporté par son élan, l’auteur continuait en indiquant que Madame Peng pourrait « contribuer à rehausser l’image internationale de la Chine », ce que confirmait Tian Yimiao, professeur au Conservatoire de Shanghai, lui aussi persuadé qu’elle serait « un atout pour son mari ».

En mars 2008, quand Xi Jinping a été nommé Vice – Président, Peng Liyuan a réduit le nombre de ses tours de chant, mais est restée présidente de l’ensemble de danses et de chants du Département de Politique Général de l’APL. En 2011, l’OMS l’a nommée ambassadrice pour la lutte contre le SIDA et la tuberculose.

MACAO.Les actifs publics détournés vers les salles de jeu.

Depuis décembre 2012, le nouveau n°2 à Macao s’appelle Li Gang. Il est membre de la Commission Centrale de discipline et rompu aux affaires financières sensibles et louches qu’il traitait à Hong Kong. Dans l’ancienne colonie portugaise, devenue Région Administrative Spéciale, seul endroit de Chine où les casinos sont autorisés, les cœur de sa mission sera de lutter contre la mauvaise habitude des cadres chinois de parier avec les actifs publics.

En 2012, les bénéfices des salles de jeu ont compté pour les 2/3 des revenus de la RAS, dont, selon l’administration de Macao, plus de 10% seraient sujets à caution. Une dépêche de Reuter cite par exemple les 490 millions de $ de dettes de jeu accumulées par Yang Kun, vice-président de la Banque Agricole, tandis que des journaux de Macao racontent que Bo Xilai lui-même y blanchissait l’argent sale de Chongqing.

La situation est héritée de l’époque portugaise quand des mafias contrôlaient le jeu à Macao où elles géraient des sociétés de crédit occultes qui prêtaient d’importantes sommes d’argent aux parieurs. Ces officines étaient aussi chargées d’épurer les dettes de jeu au profit des casinos. Dans les années 90 ces opérations se traduisaient assez souvent par de sanglants règlements de compte.

Voilà plusieurs années que Pékin s’applique à mettre de l’ordre dans ces situations malsaines. Des systèmes de contrôle ont été mis en place dans les casinos pour signaler les cadres utilisant les actifs publics, tandis que, preuve de l’approche flexible et discrète de Pékin - qui, au passage, est à l’opposé des méthodes employées par Bo Xilai à Chongqing -, Alvin Chau, l’un des dirigeants le plus connu des officines de crédit, ayant pignon sur rue à Macao, a, cette année, été élu à la Conférence Consultative du Peuple Chinois de la province de Canton.

 

 

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