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›› Technologies - Energie

Shenzhou 10 et Tiangong 1, dernier arrimage. Quelle coopération avec la Chine ?

Le 10 juin, la Chine a, à partir du pas de tir de Jiuquan, lancé Shenzhou 10 – sa 5e mission spatiale habitée –propulsée par une fusée Longue Marche 2F/G (2 étages et 4 boosters). Le 13 juin, après 40 heures de vol, Shenzhou 10 s’est amarré sans problème à 335 km d’altitude au module spatial Tiangong 1, mis sur orbite le 29 septembre 2011 pour tester les techniques d’amarrage automatiques et manuelles et entraîner les astronautes chinois au séjour dans l’espace.

L’ensemble de ces opérations est contrôlé depuis la nouvelle base spatiale modernisée de Dongfeng, Gansu, située à 60 km au sud-ouest du site de lancement (1600 km à l’ouest de Pékin) et par 3 navires de surveillance et de pilotage (Yuanwang III, IV et V) qui avaient successivement pris la mer à partir du 16 avril.

De taille relativement modeste (8,5 tonnes), le module expérimental Tiangong a déjà servi 2 fois dans ces buts, en novembre 2011 avec le vaisseau spatial non habité Shenzhou 8, et en juin 2012 avec Shenzhou 9. Ce dernier avait à son bord 3 astronautes, dont Liu Yang, la première femme astronaute chinoise. La mission de Shenzhou 9 avait comporté 2 exercices d’amarrage, l’un automatique, piloté depuis la terre, l’autre manuel mis en œuvre par l’équipage.

Selon les informations chinoises, Tiangong 1 sera remplacé par 2 autres modules Tiangong 2 et 3, plus grands et comportant un 2e point d’amarrage. Ces derniers jalonneront d’ici 2020 la construction de la station spatiale chinoise, dont le poids final devrait être au moins de 20 tonnes, mais dont la réalisation dépendra de la mise au point des lanceurs Longue Marche 5, 6 et 7, à plus grande capacité d’emport. Les premiers tirs de cette nouvelle génération de lanceurs pourraient avoir lieu d’ici 2017.

Selon Yu Menglu, de l’Académie des Sciences Sociales, ils utiliseront des carburants non toxiques et auront une capacité d’emport de 25 tonnes pour des mises en orbite basse, ce qui est comparable aux charges utiles d’Ariane V, mais très en-deçà des 115 tonnes de Saturne V, le plus puissant lanceur américain.

La mission de Shenzhou 10 a relancé aux États-Unis et en Europe la question de la coopération spatiale avec la Chine. S’il est vrai que Bruxelles, revenue des déceptions de la coopération sur le programme Galileo, paraît ouverte à des échanges dans le cadre de la station spatiale chinoise, aux États-Unis, c’est encore la méfiance qui domine les débats.

Shenzhou. Prémisses de coopération avec l’UE.

La mission en cours depuis le 10 juin, - probablement la dernière de la série avec Tiangong 1 - a à son bord trois astronautes, Nie Haisheng, le Commandant, 49 ans, pilote de chasse, qui avait déjà effectué un vol en 2005 à bord de Shenzhou 6, Zhang Xiaoguan, l’opérateur, 47 ans, pilote de chasse, dont c’est le premier vol, et Wang Yaping, assistante de laboratoire, 33 ans, pilote dans l’armée de l’air, deuxième femme astronaute chinoise, qui effectue elle aussi sa première mission.

Conçue d’après le modèle russe Soyouz TM, la série des Shenzhou (poids total 8 tonnes, longueur 9,25 m, diamètre 2,80 m, envergure 17 m), comporte trois modules. 1) Le module de service - pesant 3 tonnes est dédié à la production d’énergie par 2 panneaux solaires + 4 moteurs principaux et 24 moteurs de manœuvre -, 2) Le module orbital équipé de 16 moteurs de manœuvre - et 3) Le module de ré-entrée, équipé d’un bouclier thermique, qui adopte une trajectoire balistique pour l’entrée dans atmosphère. Freiné par un ensemble de parachutes, son retour sur terre est prévu le 26 juin en Mongolie Intérieure.

L’ensemble est développé par la CASC (pour China Aerospace Science and Technology Corporation, Zhong Guo Hangtian Keji Jituan 中国航天科技集团), responsable du programme, du module orbital et du module de ré-entrée dans l’atmosphère ; et la SAST (pour Shanghai Academy of Space Flight Technology, Shanghai Hangtian Keji Yanjiu Yuan 上海航天技术研究院), en charge du module de service, du système de propulsion électrique, de la télémétrie, ainsi que des systèmes de contrôle et de communication avec la terre.

A ce stade, en dehors des remarquables apports techniques russes, et hormis une courte coopération avec le projet de positionnement spatial européen Galileo qui s’est mal terminée, les programmes spatiaux chinois sont conduits sans coordination notable avec les programmes européens, américains ou russes, et notamment avec celui de la station spatiale internationale.

Mais une évolution vers plus d’ouverture est probable dans un avenir proche. Selon l’Agence Spatiale européenne, des échanges d’expérience auront lieu assez rapidement, tandis que certains astronautes européens ont commencé l’apprentissage du Chinois. Lire aussi Livre Blanc sur l’espace. Bilan et perspectives.

Les blocages du Congrès critiqués

Lire notre article L’espace, lieu de toutes les méfiances.

Le 11 juin dernier, Gregory Kulacki expert spatial de la Chine et des questions de sécurité au syndicat américain dit des « scientifiques responsables » (Union of concerned scientists) a, lors d’une interview avec l’agence Xinhua, critiqué le barrage imposé par le Congrès à toute coopération de la NASA avec la Chine : « Je crois que les interdictions dans les domaine des vols spatiaux sont contreproductives. Elles ne recèlent aucun bénéfice politique, économique ou stratégique et pourraient même heurter les intérêts stratégiques des États-Unis. »

Estimant les risques du programme chinois, il ajoute qu’il ne constitue pas une menace pour les intérêts américains, ni pour la position de leader de l’exploration spatiale actuellement occupée par les États-Unis qui, dans les années 60 et 70 furent les premiers à mettre en œuvre les procédures et technologies actuellement expérimentées par la Chine.

Son message au Congrès via Xinhua conclut en espérant qu’avec le temps les États-Unis adopteront une approche plus constructive et encourageront des échanges plus riches entre les professionnels de l’espace chinois et américains.

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Chine – États-Unis. Méfiances et rivalités stériles.

L’exigence déçue de coopération globale.

Les implications stratégiques globales de cette problématique qui, aux États-Unis et ailleurs, n’a pas fini d’opposer les « pour » et les « contre » la coopération spatiale avec la Chine sont assez bien résumées dans un article paru en février 2013 dans le magazine américain « The Space Review », US cooperation with China in space : Some thoughts to consider for space advocates and policy makers.

L’auteur, Christopher Stone commence par identifier les coopérations possibles, soulignant que la méfiance stratégique et l’interdiction des coopérations sensibles ne doivent pas systématiquement fermer la porte à toutes les possibilités d’échanges. Dans cette optique il énonce trois domaines où la coopération serait possible.

1) Les transferts de technologies, désormais contrôlés par des règlements internationaux (International Trafic in arms regulations – ITAR -) légitimant les embargos quand existent des risques de captation de technologies ou des menaces de sécurité, mais pouvant en revanche autoriser la série des véhicules Shenzhou à s’amarrer à la station internationale ;

2) les efforts de régulation internationale des opérations spatiales – y compris les systèmes anti-balistiques ou la présence de débris – et la mise au point d’un code de conduite par des traités qui restent à négocier, mais dont la teneur doit faire l’objet de dialogues dont l’autorisation ne dépend pas du Congrès, mais de la Maison Blanche ;

3) Les échanges d’informations sur l’espace, tels que la course des astéroïdes et l’organisation de séminaires scientifiques, qui, rappelle l’ auteur, prirent place même durant la guerre froide avec l’URSS.

A ces pistes de coopérations possibles qui touchent à l’organisation générale de la conquête de l’espace par l’homme, s’ajoutent des considérations mises en avant par ceux qui disent prendre en compte l’intérêt stratégique des États-Unis et de leurs alliés.

Le fond des arguments qui sous-tendent cette mouvance au Congrès met en avant les dangers d’un développement spatial totalement cloisonné et le probable surgissement de malentendus porteurs de risques de sécurité, alors que nombre d’autres pays ont déjà entamé des coopérations spatiales avec Pékin. Pour d’autres, qui vont plus loin, la coopération spatiale serait même un adjuvant pour les intérêts stratégiques nationaux des États-Unis et de la Chine, à condition d’y consentir un minimum de transparence et de jouer la carte de la réciprocité.

Certains parlementaires opposés à l’embargo estiment aussi que le rapprochement sino-américain pourrait permettre aux États-Unis de regagner une pertinence dans le projet de la Station Spatiale Internationale (SSI), perdue depuis l’arrêt des missions de la navette en 2001.

Fin 2012, un éditorial de « Discovery News » avançait que la coopération avec la Chine dans le domaine du transport spatial permettrait à Washington de reprendre la main, non seulement sur le projet SSI, mais également sur celui de l’exploration des confins de l’espace, à condition d’y consacrer suffisamment de moyens technologiques et financiers.

Défiance des conservateurs américains au Congrès

L’autre versant de l’article est un rappel des arguments bien connus mis en avant par les opposants à tout échange avec la Chine dans le domaine spatial (hostilité de la Chine envers les États-Unis, lourde implication de l’APL dans les programmes, risques que les États-Unis perdent leur suprématie acquise depuis 40 ans, absence de démocratie et atteintes aux droits de l’homme).

Au point que, réagissant aux missions en Chine de Charles Bolden, directeur de la NASA et de John Holdren, responsable des politiques scientifiques et technologiques à la Maison Blanche, les Congressmen les plus conservateurs avaient fait voter une loi très restrictive interdisant d’utiliser des fonds publics pour développer quelque forme de coopération que ce soit avec Pékin.

Le cœur des rhétoriques renvoie aux stratégie globales, multiformes et multi-secteurs de la Chine toutes orientées vers le développement de sa puissance et la recherche du leadership au moins régional sinon mondial, articulé autour de l’ancienne conception de Thucydide expliquant que l’influence repose sur la « sécurité, le prestige et la richesse ».

Dans ce contexte, la conquête spatiale est pour la Chine un argument de puissance et d’influence pour regagner dans le monde la place qui lui revient. Contrairement à l’Europe et aux États-Unis elle y consacre sans compter toutes les forces nécessaires, quel qu’en soit le prix, notamment pour maîtriser les technologies de pointe ou se les approprier par tous les moyens, qu’ils soient légaux ou illégaux.

Dans cette stratégie, la diplomatie par laquelle Pékin nie absolument qu’elle est en recherche de puissance, est un outil de déception derrière lequel elle s’abrite pour, selon les analyses très conservatrices de l’American Enterprise Institute « réduire la puissance des États-Unis en Asie, leurs accès et leurs alliances, afin de limiter l’autonomie des démocraties asiatiques ». En bref, conclut l’article, dans le programme spatial chinois, il y a bien plus que la simple fierté, la gloire ou le prestige de mettre des astronautes en orbite ou d’explorer l’espace.

Il serait « en réalité partie d’une stratégie globale visant à assurer la sécurité nationale et à promouvoir le développement économique et l’accès aux sources d’énergie. Par dessus tout, il vise à freiner l’influence diplomatique américaine en Asie-Pacifique, et, en cas de conflit à gêner l’accès des États-Unis aux satellites de renseignement et de navigation ».

Revenant à une logique moins paranoïaque, la conclusion générale de l’article n’appelle pas au blocage, mais à un « scepticisme prudent », soulignant qu’il existe plus d’une manière de considérer la question de la coopération avec la Chine et pas seulement « le tout ou rien ».

Plus largement on peut estimer que les arguments qui spéculent sur la recherche de puissance et de sécurité par la Chine s’appliquent également aux stratégies américaines, qui, elles aussi, pourraient, faute de dialogue, conduire à de dangereuses crispations. Dans ce contexte où survivent les vieilles stratégies de compétition stériles, alors même que le cours du monde exige de plus en plus de coopération globale, on ne peut que regretter que la voie de l’Union Européenne porte si peu.

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NOTES DE CONTEXTE.

Xi Jinping et Barack Obama en chemise.

Un article du 8 juin publié par Xinhua après la rencontre informelle du 7 juin entre Xi Jinping et B. Obama en Californie, donne une image plus optimiste et moins crispée des relations entre Washington et Pékin. Au milieu de fortes controverses commerciales et stratégiques, avec notamment les accusations américaines de cyber-espionnage, les deux chefs d’État ont, dit Xinhua, grâce à « un échange sincère et sans arrières pensées », abouti à « un consensus sur les politiques intérieures et extérieures de la Chine et des États-Unis ».

Le président chinois a à cette occasion rappelé que « la Chine était fermement attachée au développement pacifique et qu’elle poursuivra sans faiblir la voie des réformes et de l’ouverture » … « Le “rêve chinois“, a ajouté le Président, renvoie au « projet de prospérité économique, à la renaissance nationale, au bien être des Chinois et à la noble cause du développement de l’humanité. Ses objectifs rejoignent ceux du “rêve américain“ ».

Concrètement, Xi a invité le Président Obama à venir aux États-Unis « à sa convenance », rappelant que les relations officielles vieilles de 40 ans, étaient articulées autour de 90 mécanismes inter-gouvernementaux. Elles avaient le soutien global des deux peuples, comme le prouvaient les 190 000 Chinois étudiants dans les universités américaines ou les 220 jumelages entre états américains et provinces chinoises ou entre les municipalités des deux pays.

« Les défis et les élans sont une première dans l’histoire » a t-il ajouté, précisant que Pékin et Washington devaient améliorer leur niveau de compréhension, de confiance et de coopération et « gérer leur différends » afin d’éviter toute confrontation. Il a conclu qu’il croyait à la sagesse et à la patience des deux pays pour réaliser ces objectifs. A cet effet, l’accent sera mis sur l’approfondissement du dialogue économique et stratégique et sur la qualité des relations militaires.

En dépit des lourds contentieux évidents ou sous-jacents tels que les ventes d’armes à Taïwan, les tensions en Mer de Chine, ou, plus prosaïquement, les différends financiers et commerciaux, Obama et son administration ont choisi de rester sur le même ton de la conciliation et du contrôle des tensions.

A cet effet Obama a souligné l’infléchissement de l’attitude chinoise sur la question nord-coréenne et rassuré Pékin sur les bonnes intentions américaines qui n’étaient pas de bloquer la montée en puissance pacifique de la Chine, et encore moins de l’encercler. On ne peut cependant évacuer la probabilité des arrières pensées de Pékin et sa lourde méfiance en face de la bascule stratégique vers le Pacifique effectuée par le Pentagone en 2012.

En même temps, il est difficile de ne pas voir que le ton et l’allure informelle de cette réunion au sommet tranchent radicalement avec les rigidités et le formalisme des rencontres précédentes.

L’avenir dira si les deux sauront étoffer les espoirs qu’ils viennent de faire naître ou s’ils se sont livrés à un jeu de poker menteur, tandis que les vieilles lunes des rivalités stratégiques reprendront le dessus, attisées en Chine et aux États-Unis par les adeptes d’un nationalisme mal compris, assez souvent en contradiction avec l’espoir d’un règlement global des grandes questions qui hantent l’humanité - .

A ce sujet, le pire n’est jamais sûr, mais comme dans d’autres questions stratégiques sous-tendues par de profonds machiavélismes, « un prudent scepticisme » est de mise.

Programme antisatellites chinois

Oubliant de préciser que le Pentagone fait très exactement la même chose, le 11 juin dernier, le site américain « Strategy Page » mettait en ligne un article intitulé « The Chinese Conspiracy In Orbital Space », dans lequel il indiquait que pour se préparer au durcissement de la compétition spatiale avec les États-Unis, la Chine allait développer « entre 20 et 30 missiles antisatellites ». Le développement insiste d’abord sur les progrès rapides de la Chine dans l’espace.

Alors qu’en 20 ans elle n’avait mis en orbite que 36 satellites la Chine est aujourd’hui capable d’en lancer autant en seulement 18 mois. En 2020, l’efficacité sera encore améliorée de 50%, avec une capacité de lancement de près de 40 satellites par an.

Le site ajoute que ces nouvelles capacités inverseront la situation actuelle où les États-Unis contrôlent près de 50% des 900 satellites orbitant autour de la terre. Plus encore, pour éviter une saturation par Washington en cas de conflit des systèmes de renseignement et de navigation par l’espace, l’APL serait engagée dans un programme destiné à « détruire ou à brouiller » les satellites américains. (The Chinese Conspiracy In Orbital Space).

Espionnage de la NSA. La Chine exige des explications.

Le 17 juin, le porte parole du Ministère des Affaires étrangères chinois s’est joint au concert des demandes d’explication concernant les révélations sur les activités de la National Security Agency qui collectionne des millions d’informations recueillies par l’écoute des téléphones portables et par l’intrusion dans les réseaux internet aux États-Unis.

Plusieurs pays assistés par des avocats ont déjà fait pression sur Washington pour avoir des informations sur les révélations de l’ancien agent de la CIA Snowden réfugié à Hong Kong depuis le 20 mai. Le porte parole chinois a renchéri exigeant « que les États-Unis considèrent sérieusement les demandes de la communauté internationale et des peuples de tous les pays et produisent toutes les informations nécessaires. »

Espionnage chinois et chasse aux sorcières

Dans le contexte actuel de suspicions réciproques sino-américaines, un livre récemment paru aux États-Unis fait grand bruit. Il s’agit de « Chinese Industrial Espionage », 320 pages n° ISBN/EAN 978-0-415-82142-1.

Il est rédigé par William C Hannas, Docteur linguistique et en langues de l’Asie de l’est de l’université de Pennsylvanie, membre de l’administration américaine ; James Mulvenon, Docteur en sciences politique de l’Université de Californie, sinologue, spécialiste de l’armée chinoise et vice-président d’un groupe de recherche multinational travaillant au profit du gouvernement américain sur les questions de défense et de renseignement ; Anna B. Puglisi, analyste auprès du gouvernement américain, experte des cyber-réseaux.

Le livre révèle que, depuis des dizaines d’années, la Chine a mis sur pied un système élaboré destiné à cibler les hautes technologies étrangères et à se les approprier par tous les moyens, pour les utiliser dans la fabrication des armes ou des produits haut de gamme vendus à des prix imbattables, sans compensation pour les propriétaires des brevets. Récemment, ajoutant à la polémique en cours, le Directeur de la NSA a baptisé l’opération « le plus important transfert de richesses de l’histoire ».

La présentation du livre explique qu’après avoir replacé la quête chinoise dans son contexte historique, l’enquête, menée par 2 célèbres analystes américains et une spécialiste des réseaux cybernétiques chinois, analyse les transferts de technologies en détail, à partir de sources chinoises jusqu’ici non exploitées. Elle met à jour l’implication de l’État chinois dans les transferts de technologies, non seulement par intrusion internet, mais également par l’activation des réseaux d’espions chinois travaillant aux États-Unis.

Selon Puglisi, chercheur au profit du gouvernement américain, « depuis le milieu des années 50, la Chine est engagée dans un effort systématique pour s’approprier discrètement, par des moyens légaux ou illégaux, les technologies haut de gamme existant sur la planète ». L’opération en cours depuis plus d’un demi-siècle est vue par les Chinois comme un raccourci qui économise le temps et le coût de la R&D et fait appel au sentiment patriotique des centaines de milliers de Chinois expatriés qui travaillent ou étudient à l’étranger.

Aux lecteurs qui pourraient considérer cette opération visant à collecter les technologies étrangères comme normale et courante, les auteurs répondent « qu’elle est ni normale, ni courante, mais qu’il s’agit d’une attaque directe organisée et soutenue par l’État chinois, ciblant les innovations étrangères au moyen de procédés occultes qui organisent un véritable pillage des données rassemblées dans des « centres de transferts », avant d’être envoyées en Chine.

Toutefois, les auteurs prennent soin d’ajouter que, tout en traitant le problème, il convient « d’éviter de soupçonner tous les Chinois et tous les Américains d’origine chinoise ». Compte tenu du battage fait autour des affaires d’espionnage, et de l’engouement des jeunes chinois pour les études aux États-Unis, ainsi que des nombreux sino-américains travaillant dans les sociétés high-tech, on voit mal comment ces dérapages pourraient ne pas avoir lieu.

De manière pour le moins utopique, la conclusion du livre suggère de mettre fin à cette hémorragie en corrigeant l’individualisme des Américains et en les appelant à plus de solidarité nationale. Dans ce qui est déjà un début de dérapage, elle remet également en question le nombre de Chinois admis à étudier dans les Universités américaines. Enfin, elle appelle le gouvernement fédéral à exiger que la question soit inscrite à l’agenda du dialogue économique et stratégique avec la Chine.

 

 

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