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›› Chine - monde

Syrie. Pékin contre Washington, Ankara, Paris et Ryad

Après les récentes déclarations de Paris, Washington et Londres, laissant envisager des attaques par missiles contre la Syrie pour réagir aux soupçons d’utilisation d’armes chimiques par Bashar el Assad, mais suivies de la rétractation des deux derniers sous la pression de leurs opinons publiques, la Chine prend sans surprise clairement position contre une intervention militaire en Syrie quelle qu’elle soit.

Sa réprobation est en phase avec celle de Moscou. Les deux ont en effet anticipé « des conséquences catastrophiques » pour d’autres pays d’Afrique du Nord et du Moyen Orient dans le cas où « une nouvelle fois », dit Pékin, les États-Unis et leurs alliés ignoraient le Conseil de sécurité.

En Chine, les médias officiels dénoncent les accusations sans preuves concrètes d’utilisation d’armes chimiques – Xinhua - et appellent à « toutes les parties opposées aux interventions militaires par une force extérieure à s’unir pour les empêcher en engageant des actions de “ résistance“ » - Global Times -, tandis que le Quotidien du Peuple répète la nécessite d’appuyer une intervention sur des faits dûment avérés par une mission d’enquête qui légitimerait une autorisation du Conseil de Sécurité.

Alors que la Chine et la Russie sont montrées du doigt et suspectées de cynisme face au développement d’un catastrophe humanitaire assortie de l’emploi d’armes chimiques, dont Washington assure que Damas porte la responsabilité, alors que Pékin qui en doute réclame une confirmation par une mission onusienne, il est nécessaire d’examiner une nouvelle fois les raisons du veto chinois contre une intervention militaire sous la conduite de Washington.

Sans nier la noblesse des préoccupations humanitaires qui mobilisent les opinions publiques, l’analyse montre qu’une attaque par missiles telle qu’elle est prévue pourrait présenter bien plus d’inconvénients et de risques que d’avantages.

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La Chine à la fois ferme sur les principes et ouverte au pragmatisme.

Les raisons du refus chinois sont connues. Aux méfiances historiques souvent évoquées dans les analyses renvoyant aux souvenirs humiliants du XIXe siècle qui fondent sa conception westphalienne des relations internationales où la souveraineté des États est inviolable, s’ajoutent des préoccupations plus contingentes. Celles-ci sont liées à la crainte que Washington et ses alliés alourdissent encore leur main dans la région instable et riche en pétrole du Moyen Orient ; elles tiennent aussi à sa proximité historique avec l’Iran un des principaux points d’achoppement des relations de la Chine avec les États-Unis et l’Occident sur la question de la prolifération nucléaire.

En dépit d’un flux très irrégulier et malgré les sanctions onusiennes contre Téhéran, l’Iran fournit encore entre 8 et 10% du pétrole importé par la Chine. A quoi s’ajoutent les réminiscences historiques entre la Perse et l’Empire chinois qui fondent une relation particulière entre les deux pays. (Lire notre article Les très anciennes relations entre la Chine et la Perse).

Aujourd’hui, Pékin qui craint le chaos dans une zone cruciale pour elle, d’où proviennent près de 45 % de ses approvisionnements en pétrole (121 millions de tonnes sur 269 en 2012 - chiffres CNPC -) ne modifiera pas sa position, d’autant que l’Arabie Saoudite, alliée des rebelles sunnites contre Bashar el Assad et l’Iran principal appui de Damas - les deux protagonistes régionaux du conflit engagés dans une compétition de puissance à très forte connotation religieuse - fournissent à eux seuls 30 % des importations chinoises de pétrole.

Depuis le 11 octobre 2011 Pékin a en effet déjà bloqué 5 résolutions du Conseil de Sécurité, y compris celles du Royaume Uni qui, le 19 juillet 2012, envisageait des sanctions économiques en cas d’échec du plan de Kofi Annan.

Pour autant, il serait cependant erroné de croire que Pékin est inflexible. La position de principe et les craintes sous-jacentes de la Chine à propos des sanctions onusiennes et des possibles dérapages d’un mandat du Conseil de Sécurité à l’instar de ce qui s’était produit en Libye en 2011, étaient longuement rappelées dans un article de Qu Xing, Président de l’Institut Chinois des Études Internationales, repris le 29 février 2012 dans la revue « Foreign Policy » (« Why Has China Vetoed the Security Council Syria Resolution »). Il analysait les vétos de Pékin du 11 octobre 2011 et surtout du 4 février 2012, contre une proposition, qui avait pourtant rallié la Ligue Arabe. Mais l’article rappelait que l’abstention chinoise et le manque de fermeté de la Ligue Arable avaient permis le dérapage du mandat en Libye.

Quelques semaines plus tard, le Quotidien du Peuple, avait clairement énoncé que la « Responsabilité de protéger », aujourd’hui évoquée par les Occidentaux ne devait pas contrevenir aux principes de la souveraineté des Etats et de non interférence dans leurs affaires internes. Le journal ajoutait qu’il était dangereux de généraliser le concept de « Responsabilité de protéger » et d’en abuser pour lancer des interventions armées à but humanitaire, dont les critères n’étaient pas définis avec précision.

Souplesse et pragmatisme. L’appui à Bashar el Assad en question.

Mais la Chine ne réfutait pas le principe d’une intervention militaire dans le strict cadre autorisé par les NU, en dernière extrémité, après que les solutions diplomatiques auraient échoué et dès lors qu’il était établi que les exactions commises par des États menaçaient la stabilité internationale. Enfin pour Pékin, ajoutait l’auteur, l’engagement de la force n’était justifié que s’il visait à stopper des génocides, des crimes de guerre, des opérations de nettoyage ethnique ou des crimes contre l’humanité, à condition que les auteurs soient identifiés avec précision. Selon Pékin, dont la voix est relayée par les médias officiels, ces conditions ne sont pas réunies aujourd’hui.

Laissant percer quelque souplesse sur la possibilité d’une intervention militaire dûment légitimée par l’ONU, le Régime s’est également appliqué à montrer qu’il n’appuierait pas aveuglément Bashar el Assad. Dans l’article de février 2012 Qu Xing rappelait d’abord qu’une agression armée avait toute chance d’augmenter la rigidité meurtrière de Damas, tandis que l’opposition se sentant confortée se laisserait aller à des surenchères qui nourriraient les affrontements armés catastrophiques pour les populations.

Mais en même temps, l’auteur prenait soin de préciser que la Chine ne prenait pas partie dans ce qu’elle considérait comme une guerre civile et qu’elle n’aurait aucune réticence à changer d’interlocuteur dès lors qu’un accord des syriens entre eux aurait organisé le transfert du pouvoir à une autre force politique.

Cette ouverture s’est précisée, sans pour autant se concrétiser le 31 octobre 2012, quand Yang Jiechi, le précédent ministre des Affaires étrangères avait, lors de la visite en Chine de Lhkadar Brahimi, négociateur conjoint envoyé de la Ligue Arabe et de l’ONU, proposé un plan en quatre points.

Au milieu d’autres propositions classiques appelant à un cessez-le-feu immédiat, à la coopération de toutes les parties impliquées et à l’aide d’urgence aux sinistrés de la guerre, ce dernier mettait, pour la première fois en avant, l’idée d’une transition politique en Syrie. Pékin précisait cependant que celle-ci serait à négocier par des représentants crédibles de toutes les parties syriennes, sans toutefois indiquer ce que recouvrait l’idée de transition, ni suggérer quel pourrait être le rôle ultérieur et le destin du dictateur alaouite.

S’il est vrai que les propositions chinoises paraissent manquer de réalisme face à l’urgence d’une crise humanitaire dont s’offusquent les opinions publiques occidentales, s’il est aussi exact que la possibilité d’un accord politique entre les factions syriennes est aujourd’hui improbable compte tenu des contentieux accumulés, il faut aussi s’interroger sur l’opportunité de frappes militaires et sur leurs conséquences.

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Inconvénients et risques d’une opération militaire.

La petite cohorte de nations (Washington, Ankara, Ryad, Paris) qui envisagent de s’engager militairement a exclu l’envoi de troupes au sol et le Congrès des États-Unis n’a autorisé qu’une opération de 60 jours, avec une extension possible d’un mois. Ce qui nous place dans le schéma d’une guerre technologique à distance qui affaiblira sans doute les capacités militaires de Damas, mais dont on peut contester l’efficacité humanitaire, avec des objectifs stratégiques flous et des risques de dommages collatéraux sur des populations civiles compte tenu de l’imbrication des combats urbains.

A quoi s’ajoutent les aléas militaires liés aux capacités anti-aériennes de l’armée syrienne bien supérieures à celles de la Libye qui, pour les pays qui engageront des moyens aériens, laissent présager des pertes humaines et matérielles plus importantes que lors de la guerre contre Kadhafi, dont la propagande anti occidentale, déjà échauffée par les dommages infligés aux civils ne manquera pas de tirer profit. Sans compter qu’une attaque militaire contre la Syrie pourrait accélérer le programme nucléaire militaire iranien.

Un papier du 1er septembre de l’International Crisis Group de Bruxelles (Syria Statement), dont les vues sont proches de celles de Pékin, affirme sans ambages que si les États-Unis décidaient d’attaquer la Syrie avec quelques un des leurs alliés, « ils le feraient pour des raisons très éloignées des intérêts des populations syriennes ».

Le communiqué rappelle que les objectifs avancés par Washington 1) « punir, dissuader et prévenir l’utilisation d’armes chimiques », et 2) affirmer la crédibilité de la Maison Blanche qui avait fixé une « Ligne Rouge » n’apporteront aucune amélioration à la situation des populations. Ces dernières n’éprouveront un soulagement que si les combats cessaient, ce que l’intervention aérienne ne parviendra de toute évidence pas à réaliser.

Il ajoute que des attaques par missiles, quelle que soit leur précision, augmenteront la précarité de la situation générale sans apporter une solution. Elles seront de surcroît conduites dans un contexte où, compte tenu de l’expérience irakienne quand les frappes avaient été déclenchées sur une tromperie, Washington ne parviendra jamais à suffisamment de légitimité pour faire contrepoids au scepticisme anti-américain d’une bonne partie de la communauté internationale qui continuera à dominer largement les esprits.

S’il est vrai que les frappes pourraient décourager l’utilisation ultérieure d’armes chimiques, la dissuasion jouera peu si le régime avait à lutter pour sa survie. Sans compter que les manipulations des rebelles pourraient tenter de faire porter sur Damas la responsabilité d’une de leurs attaques chimiques.

L’intervention armée pourrait également déclencher une escalade brutale dans la région et de possibles représailles du Hezbollah. Puisqu’elles n’ont pas pour objet d’abattre le régime, il est également possible que leurs effets soient limités dans le temps, tandis qu’elles pourraient contribuer à rallier des appuis « anti-occidentaux et anti impérialistes » tout en dissuadant, au moins pour un temps, Bashar el Assad de négocier.

Pour l’ICG la seule solution efficace – dont les frappes nous éloigneraient peut-être définitivement - serait d’entamer des négociations avec l’Iran, tout en étudiant à terme avec Téhéran, la Chine et la Russie une porte de sortie négociée pour Bashar el Assad. Dans le même temps il s’agirait de garantir la pérennité des institutions et de l’armée, et d’empêcher que la société civile soit l’objet de représailles. Dans cette affaire la main devrait être laissée aux pays arabes, travaillant sous houlette de L. Brahimi, l’envoyé conjoint de la Ligue Arabe et de l’ONU.

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BRÈVES (1)

Chine – Russie – Organisation de Coopération de Shanghai. (OCS)

Le 3 septembre Xi Jinping a entrepris sont 3e voyage hors de Chine depuis sa prise de fonction, qui pour la 2e fois en six mois le conduira en Russie à l’occasion de la réunion du G20 à Saint-Pétersbourg. Ce sera aussi la 3e visite en Russie d’un haut dirigeant chinois en 2013, puisque fin avril Li Keqiang s’était rendu à Moscou où il avait rencontré la communauté d’affaires russes et signé pour plus de 15 Mds de $ de contrats officiels.

Après la visite de Xi Jinping en Russie au printemps, l’excellence des relations entre Moscou et Pékin s’est concrétisée le 20 juin par la signature d’un des plus gros contrats jamais conclus dans le secteur des hydrocarbures pour un montant de 270 milliards de $, signé à Saint-Pétersbourg entre Vladimir Putin et le Vice-Premier ministre Zhang Gaoli, prévoyant la livraison par Rosneft sur 25 années de 360 millions de tonnes de pétrole.

Après Saint-Pétersbourg Xi Jinping se rendra à Bichkek pour le sommet annuel de l’OCS. Pendant ces 2 sessions il rencontrera plusieurs fois le président Poutine. En ces périodes de tensions avec les États-Unis, le Japon et l’Inde, la Russie – en passe de devenir son premier fournisseur d’hydrocarbures – est une relation privilégiée de Pékin et un contrepoids possible aux alliances américaines avec Tokyo et Séoul, comme l’a montré l’exercice aéronaval conjoint avec les pays de l’OSC, la Russie et la Chine en juillet au large de Vladivostok.

Depuis sa création, l’OSC s’est affirmée comme le creuset d’une alliance stratégique destinée à faire contrepoids à l’entrisme américain en Asie Centrale et dans le Pacifique Occidental. Cette fois encore, elle sera le lieu où s’exprimera le refus opposé par Pékin, Moscou et leurs alliés d’Asie Centrale aux projets de frappes militaires contre la Syrie. (Lire aussi notre article Où en est le nouveau « Grand Jeu » en Asie Centrale ?).

Querelles territoriales. Le pragmatisme de Deng est-il de retour ?

Publiée à la mis-août dans « The Diplomat » (Xi Jinping’s Overlooked Revelation on China’s Maritime Disputes), une analyse de Taylor Fravel, professeur de sciences politiques au MIT attire l’attention sur une possible inflexion de la politique chinoise dans la zone de ses approches, où l’affirmation de souveraineté de la Chine plus vigoureuse de Pékin depuis quelques années a provoqué depuis 2010 des réactions adverses du Japon, des Philippines et du Vietnam, tout en favorisant la bascule de l’attention stratégique de Washington vers le Pacifique occidental.

L’auteur met en parallèle un article signé par Chen Xiangyang, analyste de l’Institut des Relations Internationales Contemporaines lié aux services de renseignements de l’APL, paru en mai 2012 appelant à plus de fermeté stratégique – « réaffirmer notre souveraineté, rester en alerte contre les hostiles, saisir les opportunités de développement, renforcer nos capacités de gestion de crise » - et une adresse de Xi Jinping au Bureau Politique, fin juillet où le Président rappelait la stratégie de patience de Deng Xiaoping, préconisant de mettre les querelles territoriales sous le boisseau et de chercher chaque fois possible l’apaisement et le développement conjoint des ressources.

Pour accréditer l’hypothèse d’une Chine désormais plus patiente et moins belliqueuse, qui sans abandonner ses intérêts stratégiques ni ses revendication territoriales, cherchera au moins dans un avenir proche à apaiser les tensions, il cite Wang Yi le nouveau ministre des Affaires étrangères. Lors d’un récent voyage en Asie du Sud-est ce dernier insistait certes sur le caractère indésirable des interférences extérieures – il stigmatisait à la fois l’entrisme de Washington et l’appel à l’arbitrage d’une cour internationale par Manille -.

Mais il appelait aussi à la patience nécessaire à l’adoption d’un code de conduite et insistait sur l’intérêt de tous à accepter le développement partagé des ressources. Il n’est pas certain que ces bonnes paroles parviendront à calmer les frustrations des riverains qui se sentent floués par la Chine.

Un coup de sabot aux Philippines

S’il est vrai que, par tactique, son style pourrait changer, à la fois moins agressif et plus patient - encore que l’épisode Aquinio contredit cette assertion - Pékin n’abandonne rien de ses revendications, rejette avec force les interférences extérieures et préconise toujours de régler les conflits par des négociations bilatérales plutôt que par un dialogue avec les pays de l’ASEAN parlant d’une seule voix. Une position qui constitue la principale pierre d’achoppement des négociations en Mer de Chine du sud.

Ces divergences se sont exprimées avec force quand à l’occasion de la foire exposition de Nanning début septembre qui réunit chaque année les pays de l’ASEAN en Chine, Pékin a fait savoir au président Aquinio qu’il n’était pas le bienvenu. Le bureau politique manifestait ainsi sa colère contre les Philippines après que Manille ait demandé l’arbitrage de la Cour Internationale sur le Droit de la mer. (Lire notre article Crispations irrationnelles en Asie).

Lors d’une réunion avec les ministres Affaires étrangères de l’ASEAN à Pékin avant la foire, le MAE chinois Wang Yi a reprécisé sans ambiguïté la position chinoise : « La querelle des Spratly n’est pas un problème entre la Chine et l’ASEAN. Nous ne croyons pas qu’un seul interlocuteur puisse porter la position commune de l’Association. Et nous ne croyons pas non plus qu’un seul interlocuteur ait le droit de compromettre l’intérêt général des deux parties en poursuivant ses intérêts personnels égoïstes. ».

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BRÈVES (2)

10e sommet d’affaires Chine – ASEAN. Une nouvelle priorité stratégique de Pékin.

C’est Li Keqiang qui eut la responsabilité d’accueillir les chefs d’état de l’ASEAN – le Philippin persona non grata étant absent – et de prononcer le discours d’ouverture de la foire de Nanning, le 3 septembre. A cette occasion le premier ministre est revenu brièvement sur les querelles en Mer de Chine et, tout en appelant à la bonne volonté et à la franchise, il a répété la position de Pékin selon laquelle la question des îlots n’était pas dans le scope des relations Chine – ASEAN.

Pour contredire les soupçons de machiavélisme dont Pékin est souvent accusé, il a dans un élan assez rare de la part des dirigeants chinois, solennellement déclaré que la politique de bon voisinage de son gouvernement n’était pas « un expédient opportuniste », mais au contraire une stratégie de long terme, par laquelle la Chine accorderait toujours la priorité au développement des pays de l’ASEAN dans le but d’assurer la paix et la stabilité dans la zone, y compris en Mer de Chine du Sud.

Surtout le discours a été l’occasion de brosser un vaste tableau des intentions de la Chine dans la région. Après avoir fait l’éloge de la zone de libre échange Chine + ASEAN qui devrait être complétée en 2015 par l’admission du Laos, du Vietnam, du Myanmar et du Cambodge, Li Keqiang a ouvert 5 perspectives nouvelles pour approfondir la coopération régionale.

1) L’approfondissement du traité de libre échange (promouvoir les investissements, accélérer la baisse des taxes douanières et réduire les barrières non tarifaires, conclure des accords de long terme pour l’importation des produits agricoles, ouvrir le marché chinois aux meilleurs produits de l’ASEAN). L’objectif est de porter pour 2020 la valeur totale des investissements bilatéraux à 150 Mds de $ et du commerce bilatéral à 1000 Mds de $ – il était de 400 Mds de $ en 2012 –.

2) La « connectivité » de la région, d’abord par le développement des infrastructures de transport régionales - efforts pour avancer le réseau de chemin de fer pan-asiatique – ensuite par la création de mécanisme de prêts adaptés au sein du Fonds d’Investissement Chine ASEAN, enfin par des efforts pour améliorer les échanges d’informations sur les taxes douanières et les perspectives d’investissements réciproques dans des zones industrielles écologiques prioritaires.

3) l’harmonisation financière avec la mise en place de fonds de sécurité régionale, la possibilité pour les pays de l’ASEAN, d’acheter des obligations chinoises, l’augmentation de la valeur des échanges libellés dans les monnaies locales.

4) La coopération maritime avec la proposition de Pékin de créer une structure de coopération maritime Chine – ASEAN avec des échanges entre les villes portuaires de la région appuyés par un fond de Coopération maritime de 3 Mds de Yuan (371 millions d’€).

5) Les échanges culturels avec l’annonce de l’ouverture de l’année de l’amitié Chine – ASEAN en 2014, accompagnée par 15 000 bourses d’études offertes dans le 5 ans qui viennent aux étudiants des pays de l’Asie du Sud-est.

Pour finir Li Keqiang, fidèle à ses promesses de transparence a fait le point de la situation de l’économie chinoise qu’il a cependant présentée de manière très positive. Rappelant que le pays était confronté à la baisse de la croissance et aux marchés extérieurs atones, il a évoqué les réformes de structures et affirmé que son gouvernement avait réussi à préserver le long terme tout en faisant face à une conjoncture difficile et à l’obligation d’améliorer les prestations sociales.

Les efforts avaient commencé à produire leurs effets, l’économie s’était stabilisée, la croissance avait été maintenue, les prix étaient stables, les récoltes seront bonnes, tandis que la production industrielle, le commerce et les investissements étrangers étaient repartis à la hausse.

Note : Selon Li Keqiang, le développement de la zone de libre échange Chine + ASEAN devrait se faire en liaison avec les projets de Trans Pacific Partnership (TPP) lancé par les États-Unis afin dit-il que les « 2 roues du développement régional soient synchrones ». Au passage, rappelons que Li Keqiang élude le fait qu’initialement le TPP avait été lancé par Obama pour faire pièce aux menées commerciales chinoises dans la région tout en excluant la Chine, « tant qu’elle ne se conformerait pas aux règles du marché. - If they don’t play by the rules ».

Mais l premier ministre sait bien que cette position est intenable pour la Maison Blanche, dans un région où les hommes d’affaires chinois sont omniprésents, dans le contexte ASEAN + Chine - que le Premier Ministre chinois a lui-même qualifié de « plus grande zone de libre-échange du monde ». Ce qui est exact si on se réfère au nombre d’habitants - près de 2 milliards -, mais l’est moins quand on examine son organisation financière et douanière de la zone encore dans les limbes. C’est bien l’objet du plan en 5 points de Li Keqiang, dont il faut noter le caractère visionnaire et structuré

 

 

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