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›› Editorial

Quel bilan pour l’année du Serpent ? Quel « rêve chinois » ?

Alors que commence l’année du Cheval et que la vaste migration des plus de 3,5 milliards de voyages du Chunjie célébré le 31 janvier a déjà commencé, que faut il retenir de l’année du serpent ? Cette note balaye les divers aspects du « rêve chinois », nouveau slogan du vieil espoir de renaissance qui taraude les intellectuels chinois depuis le milieu du XIXe siècle.

Sans cesse évoquée, en dépit des accomplissements du régime devenu un monstre économique et une puissance stratégique incontournable, la lancinante référence à l’espoir d’un renouveau, renvoie aux attentes de la direction du régime.

Sur fond de raidissement intérieur pour protéger les groupes chinois de la concurrence étrangère, en pleine bascule urbaine liée à la difficile réforme du Hukou qui sera mise en œuvre avec prudence et selon des rythmes différents en fonction de la taille des villes, les chantiers du rêve chinois vont de la remise en ordre intérieure, éthique, économique, financière, industrielle et sociale à l’affirmation de puissance dans la zone d’intérêt stratégique directe, en passant par la résistance au modèle politique occidental, l’espoir improbable d’un désengagement américain de la zone du Pacifique ouest, la prévalence stratégique sur le Japon, la réunification avec Taïwan, et le difficile contrôle apaisé du Tibet et du Xinjiang.

A ces ambitions qui sont aussi d’immenses défis, s’ajoutent la quête de l’impossible suffisance énergétique, l’engouement de plus en plus fort pour les énergies alternatives et la montée en gamme technologique, adjuvant essentiel de la puissance recherchée par les élites chinoises depuis 150 ans.

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Bonne gouvernance, règles éthiques et controverses politiques.

Le Président Xi Jinping a développé sa vision du « rêve chinois » d’abord articulé autour d’une rénovation socio-économique et d’une réponse du Parti au besoin d’éthique et de bonne gouvernance perceptible dans l’avalanche des messages des internautes de la nouvelle classe moyenne urbaine en passe de constituer la majorité du peuple chinois.

Ainsi, s’est poursuivie la lutte contre la corruption de l’administration, ciblant des responsables de très haut niveau, dont Zhou Yongkang, ancien n°9 du régime, responsable de la sécurité publique, président de la Commission des Affaires législatives et toujours à la tête d’un puissant réseau d’influence lié à la mouvance de CNPC, le n°1 chinois des hydrocarbures dont un nombre impressionnant de cadres a été mis en examen ou arrêté.

L’offensive contre une personnalité de cette envergure qui brise le tabou de l’immunité des anciens membres du Comité Permanent, jamais vue depuis la révolution culturelle est cependant à ce point sensible que plus de 6 semaines après l’information révélée par une dépêche de Reuter du 11 décembre, la direction politique du régime n’a toujours pas communiqué sur le sujet. Tout comme l’affaire Bo Xilai, celle de Zhou Yongkang qui fut un des appuis de l’ancien n°1 de Chongqing, dépasse très largement le cadre des sanctions contre les cadres corrompus.

Elle renvoie à la volonté de tourner la page des graves atteintes à la morale et à l’éthique par la catégorie des cadres du Parti qui, s’estimant jusque là au-dessus des lois, ont commis de très graves crimes et exactions. Préoccupée par la protection de son image nationale et internationale, la machine politique du régime ne les a jamais rendus publics, préférant caractériser les accusations « de graves atteintes à la discipline du Parti ».

A côté des méfaits dont ils se sont rendus coupables et dont la gravité a, à l’évidence, facilité leur déchéance au milieu des anciens, dont Xi Jinping à pris soin de vérifier le soutien avant de passer à l’offensive, Bo et Zhou incarnent une mouvance férocement opposée à la réforme du schéma de développement. Celui-là même dont ils tirent profit, adossé aux féodalités des grands groupes publics, des banques, de la Commission Nationale pour la Réforme et développement, de la Commission de surveillance des actifs de l’État et de quelques unes des administrations locales.

Leur influence recoupait aussi celle de la nouvelle gauche et de la mouvance populiste, nostalgique du Maoïsme, encore considéré par nombre de Chinois comme un paravent possible contre les dérapages du capitalisme sauvage, à l’origine des écarts de fortunes et des abus de pouvoir des nouveaux riches, associés aux cadres sans éthique. Enfin, comme nombre de responsables, y compris au plus haut niveau, les deux s’opposaient becs et ongles à l’application des principes de gouvernance occidentale et notamment à l’indépendance de la justice et à la prévalence de la Constitution et du Droit sur le Parti.

A cet égard, il est intéressant de noter qu’au cours du 2e semestre 2013, une polémique qui signale peut-être une fracture politique, est née autour de la signification du « rêve chinois », que certains intellectuels associaient à la primauté absolue de la Constitution, alors que d’autres fustigeaient le principe comme un stratagème occidental pour affaiblir la Chine.

Élan réformiste et réticences.

Pendant que le Parti était secrètement agité par cette secousse Zhou, tout en laissant filtrer les controverses sur la nature de sa gouvernance, il procédait au rituel de pilotage politique et économique du 3e Plenum du Comité Central du 18e Congrès, tenu à la mi-novembre.

Au bilan, les orientations officielles du gouvernement promettent l’ouverture au marché, la rationalisation, la lutte contre les doublons et les surcapacités, les avancées technologiques, la montée en gamme qualitative, les réformes financières, la part plus grande faite au privé, la libre compétition, la séparation entre les finances publiques, les banques et les grands groupes d’État.

A ce titre on ne peut nier l’intention réformiste du pouvoir. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. L’observation des faits depuis le 3e plenum de novembre montre que la route de ces réformes dont certaines comme « l’économie socialiste de marché » avaient déjà été annoncées au 3e plenum de 1993, est longue et complexe. Les difficultés sont d’abord liées à la dimension des problèmes, dont celui de l’urbanisation en partie attachée à la suppression du passeport intérieur, n’est qu’un exemple.

Surtout, le désengagement annoncé de la puissance publique du secteur productif industriel, encore aujourd’hui fief des familles et des clans, qui fut l’épine dorsale du développement de la Chine pendant 30 ans constitue un désastre pour une partie de l’oligarchie dont les résistances seront très difficiles à abattre pour un système au fonctionnement consensuel. Un des symptômes des obstacles apparaît déjà dans les harcèlements dont sont l’objet un nombre importants de groupes étrangers engagés en Chine, en contradiction avec les promesses d’ajustement à la loi du marché.

C’est bien parce que le régime a conscience qu’une bonne partie de ces réformes ne verront pas le jour sans ajustement du système politique, que le communiqué du 3e Plenum évoque, à côté de la suppression attendue du Laojiao 劳教, la nécessité « d’explorer la mise en place de tribunaux séparés de l’administration ».

Ce qui, en d’autres termes, dénonce la collusion des juges et des administrations qui les financent. Par cette incidence le Bureau Politique énonce une nouvelle fois les contradictions qui le taraudent : la viabilité d’un système de parti unique et de la « démocratie intraparti » dans laquelle la prévalence ne va pas à la Constitution mais au « rôle dirigeant du Parti ».

Au moment où la fortune de quelques familles de dirigeants en vue dont celle du Président, ont été révélées par l’ONG « Consortium International des Journalistes d’Investigation – CIJI, en Anglais ICIJ – deux événements témoignent du malaise du régime : la récente expulsion, juste avant le Chunjie, du correspondant du New-York Times qui avait contribué à la mise à jour des connexions de fortune des dirigeants - un autre correspondant du NYT avait déjà été expulsé en décembre 2012 - et la condamnation à 4 ans de prison de Xu Zhiyong, avocat plutôt modéré du respect des droits, militant contre les détentions arbitraires et la corruption des officiels, ancien défenseur de l’activiste aveugle Chen Guangcheng.

A l’intérieur encore, les tensions ethniques récurrentes au Tibet et au Xinjiang - plus de 100 morts dans la province depuis avril 2013 - , dont il est impossible de sous estimer le potentiel de rupture, ont suscité des débats internes sur la meilleure stratégie à suivre entre assouplissement ou maintien de la ligne répressive dure.

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Réformes administratives et industrielles.

Sur la sellette des restructurations : Les garde-côtes, le planning familial, la sécurité alimentaire, le rail, l’acier, les Terres Rares, le ciment, l’automobile, l’aluminium et la pharmacie. A côté de la difficile réforme des finances publiques, l’État s’est aussi attaqué aux restructurations administratives et industrielles. Il s’agit d’abord de la dissolution de l’état dans l’état que constitue le ministère du rail, dont la partie commerciale sera séparée de la fonction opérationnelle, elle-même incorporée au ministère des transports. Puis d’intégrer la Commission du planning familial au ministère de la santé et d’augmenter pouvoir des responsables de la sécurité alimentaire.

Une autre restructuration, probablement en rapport avec la volonté d’éviter des incidents incontrôlés à propos des îlots en Mer de Chine avec le Japon, les Philippines et le Vietnam, est le regroupement sous une même autorité des quatre flottilles paramilitaires - surveillance maritime, garde-côtes, assistance aux pêches et douanes - dont la présence, parfois désordonnée et concurrente autour des zones contestées porte d’importants risques de dérapage.

Décidé à améliorer la productivité industrielle, une des clés de la modernisation de l’économie chinoise, menacée par le tarissement des ressources financières et de la main d’œuvre non qualifiée qui rechigne désormais à émigrer vers l’Est du pays, le pouvoir chinois avait, en janvier dernier 2013, rendu publics ses objectifs de restructuration.

Un rapport du 23 janvier 2013 du ministère de l’Industrie et des technologies de l’information précisait que les études étaient en cours pour des regroupements dans l’acier, le ciment, les constructions navales, l’automobile, l’aluminium, la pharmacie, les terres rares, et les machines agricoles. Selon le magazine Caijing, en 2012, dans ces secteurs, les surproductions étaient de 160 millions de tonnes d’acier, 300 millions de tonnes de ciment et 1,8 millions de tonnes d’aluminium.

Mais depuis avril 2013, une évolution majeure, en phase avec la volonté du pouvoir de s’attaquer aux prébendes industriels a lieu dans le secteur de l’acier, refuge des prébendes et à l’origine de grands gaspillages : 15 sidérurgistes privés ont en effet été admis au sein du concert industriel officiel par le ministère de l’industrie et des technologies de l’information, dans un paysage habituellement dominé, presque sans partage, par les grands groupes publics. Pour ces groupes privés dont la rentabilité est supérieure à celle des groupes publics, la nouvelle est d’importance puisqu’elle les fait sortir de l’inconfortable zone grise d’où ils opéraient jusqu’alors.

Prémisses de secousses financières

Quant à l’économie, l’événement sans conteste le plus marquant de 2013 aura été la mise à jour progressive de la fragilité des finances publiques et de la montagne de dettes, à hauteur de 218% du PIB dont une partie mal cernée n’est pas recouvrable. Ce chiffre officiel, finalement publié début janvier par Conseil des Affaires d’État, comprend la dette publique, celle des ménages, des entreprises et des administrations locales. Il s’agit là d’un talon d’Achille dont la rémanence handicapera les réformes du système financier.

Zhou Xiaochuan en a lui-même fait l’expérience à deux reprises en juin et décembre 2013 : dès que la Banque Centrale prend ses distances avec les vieilles habitudes d’allocation de crédits pour renflouer le marché interbancaire, les taux d’intérêt s’envolent et mettent en danger les banques les plus fragiles menacées de faillite. Une occurrence hautement sensible pour la Direction du Régime qui craint par dessus tout la panique et la vindicte populaire.

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Progrès technologiques.

Depuis la fin du XVIIIe siècle, en passant par la révolution de 1911 et l’obsession maoïste de rattrapage de puissance, « le rêve chinois », qu’on l’appelle les « Quatre modernisations », « le nouvel essor », ou, comme Jiang Zemin « la grande renaissance de la Nation chinoise », s’articule aussi autour de la quête de technologies modernes. A des allures différentes selon les secteurs et les obstacles, cette modernisation technique progresse sans faiblir.

La marche en avant est perceptible dans l’aventure spatiale chinoise qui a récemment franchi un pas important en posant sur la lune un engin de reconnaissance télécommandé, dont la durabilité sur la lune reste cependant à voir. L’amélioration qualitative est aussi visible dans les progrès du TGV devenu un des adjuvants techniques majeurs de l’urbanisation, dans le secteur du nucléaire civil, celui des énergies alternatives, comme l’éolien ou le solaire, lourdement subventionnés par l’État.

Si certains secteurs comme l’aéronautique éprouvent des difficultés à rattraper les innovations occidentales, d’autres progressent plus rapidement. C’est le cas des nouvelles technologies de l’information ou certains observateurs estiment que les groupes chinois petits et grands sont en passe de se hisser au niveau des meilleurs mondiaux. La méthode, toujours la même, allie la recherche domestique à la captation de technologies grâce à la coopération des groupes occidentaux.

A cet égard le secteur des machines de chantier est révélateur des stratégies qui tirent profit de l’affaiblissement des firmes occidentales et de l’attrait du marché chinois pour capter les meilleures technologies du secteur. Au point que les groupes chinois ont aujourd’hui rattrapé leurs concurrents japonais. L’objectif a été atteint par des fusions & acquisitions de groupes allemands en difficultés, parmi les meilleurs sur le marché mondial, puis par des coopérations au sein de centres de recherche et développement où les chercheurs chinois travaillent en symbiose avec les chercheurs étrangers, lesquels ont renoncé à protéger leurs avantages qualitatifs en échange de facilités sur le marché chinois.

Les mêmes stratégies sont aujourd’hui à l’œuvre avec quelques variantes – mais toujours articulées autour de l’attrait du marché chinois et de l’espoir que les « amis étrangers » renonceront à protéger leurs avantages qualitatifs -, dans 2 domaines stratégiques où l’industrie française possède toujours une avance technologique : le nucléaire civil et l’aéronautique.

Quête d’influence. Éloigner l’Amérique de l’Asie.

A l’extérieur, le « rêve chinois » renvoie aussi à une projection globale des finances et du commerce chinois, sous tendue par la recherche d’influence, de technologies, de ressources et de marchés, en Russie, en Europe aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Afrique et au Moyen Orient. Sur ce dernier théâtre, Pékin a, avec Moscou, systématiquement bloqué les velléités d’intervention militaire contre le régime syrien et puissamment appuyé l’accord avec Téhéran sur le nucléaire iranien, au risque d’indisposer Tel-Aviv et Ryad. Pour l’heure, la décision de l’Iran annoncée le 20 janvier de mettre fin à son programme sensible d’enrichissement à 20% et la reconnaissance par John Kerry du rôle de Téhéran dans l’affaire syrienne confortent Pékin dans sa stratégie d’apaisement au profit de son allié iranien.

Dans son environnement proche, le « rêve chinois » recoupe consciemment ou non le « désir d’empire », dont la conséquence la plus visible est la somme des querelles territoriales avec l’Inde, le Japon et plusieurs pays de l’ASEAN, émaillées d’une crispation particulière avec le Japon et les Philippines. Au litige de Manille avec Pékin au tribunal international du Droit de la mer de La Haye, s’ajoutera un retour probable des frictions avec le Vietnam, après la mise en œuvre en janvier par l’administration de Hainan d’une nouvelle régulation sur les pêches.

Théoriquement valide sur une zone de près de 2 millions de km2, soit près de 60% de la surface de la mer de Chine du sud sur laquelle Pékin revendique la souveraineté, cette décision qui fait suite à la publication le 23 novembre 2013 d’une zone d’identification aérienne de 500 000 km2 couvrant l’archipel des Senkaku, vise à donner de la substance juridique aux revendications chinoises en mer de Chine du Sud. En même temps elle teste l’un des fondements de la stratégie américaine dans la région articulée autour de la navigation en haute mer.

Autre querelle de frontières : avec New-Delhi avec qui les méfiances restent vives en dépit des visites croisées de Li Keqiang au printemps 2013 et de Manmohan Singh moins de 6 mois plus tard, qui faisaient suite à celle de Hu Jintao à New-Delhi en mars 2012.

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Le vent chinois souffle en Asie du Sud-est.

Alors que l’un des objectifs avérés de la direction chinoise est d’éloigner la marine américaine de ce qu’elle considère comme sa zone d’intérêt stratégique direct en mer de Chine de l’Est et en mer de Chine du sud, l’année du Serpent a été marquée par un effort considérable du Bureau Politique en direction de pays de l’Asie du Sud-est pour la mise en œuvre d’une stratégie d’ensemble.

Celle-ci vise, sous emprise économique et commerciale chinoise, à réaliser une intégration de la zone par les investissements chinois, le développement d’un réseau de transport régional, l’augmentation des échanges culturels et éducatifs et surtout, la mise en œuvre complète du traité de libre échange Chine – ASEAN (déjà appliqué pour 6 pays et qui sera étendu au trois pays de l’Indochine et au Myanmar en 2015).

L’un des meilleurs indicateurs des efforts chinois est la somme des investissements consentis dans cette zone dont le stock total dépasse 80 Mds de $ - soit 12% des investissements globaux de la Chine dans le monde – avec de nettes priorités à l’Indonésie, au Vietnam et au Cambodge. Ces efforts placent l’Asie du Sud-est au 4e rang des régions accueillant des investissements chinois, derrière l’Afrique (124 Mds de $), l’Amérique du Nord - États-Unis et Canada – (102 Mds de $) et l’Amérique du Sud (100 Mds de $). Les autres cibles sont le Moyen Orient (70 Mds de $), l’Europe et sa périphérie (60 Mds de $), l’Australie (60 Mds de $), l’Asie Centrale (30 Mds de $) et la Fédération de Russie (20 Mds de $).

L’obsession taïwanaise ne faiblit pas.

Enfin, il faut se souvenir que l’un des plus anciens objectifs du « rêve chinois » reste le retour de Taïwan dans le giron national. A cet égard, le considérable effort consenti par Pékin pour développer les relations économiques et commerciales, facilitées par la politique de Ma Ying-jeou dont l’efficacité est multipliée par la proximité géographique et culturelle, crée dans l’Île une irrésistible attraction en même temps qu’une angoisse latente provoquée par le sentiment très vif d’une réunification rampante.

Cette situation, favorisée par la modification progressive du statuquo, ébranle la stabilité politique de l’Île avec la cote de popularité du Président tombée à moins de 10%, en dépit de l’apaisement salutaire des relations dans le Détroit dont on le crédite, tandis que le parti indépendantiste est agité par de profonds questionnements existentiels sur la nature de son message séparatiste. Ce dernier, qui interdit toute relation officielle avec le Parti Communiste chinois constitue, à part dans ses fiefs du sud et du nord-est, un sérieux obstacle à son retour au pouvoir, dans un contexte où les électeurs taïwanais, sont à la fois attachés à leur particularisme politique et réticents à soutenir une stratégie porteuse de tensions avec la Grande Terre.

Empêtrée dans une situation économique fragile, isolée des grands marchés de la zone par une relation presque obligée avec la Grande Terre qui fait pression sur elle pour limiter son expansion commerciale hors du giron chinois, l’Île tente de se donner une marge de manœuvre en signant des traités de libre échange avec d’autres partenaires, comme ceux conclus en novembre et décembre avec la Nouvelle-Zélande et Singapour.

Ces signatures ont été possibles parce que la Chine, soucieuse de ne pas briser l’élan du rapprochement entre les deux rives, n’y a pas fait obstacle en menaçant comme elle le faisait par le passé les partenaires de Taïwan de représailles sur le marché chinois. Pour autant Taipei n’a pas les coudées franches.

L’Île, aussi placée sous la pressions des exigences douanières américaines, prise en étau entre le ministère du commerce américain et le rêve de réunification du régime chinois, devra maintenant résister aux pressions de Pékin pour ouvrir des négociations politiques qui sentent le souffre pour les Taïwanais, puisque ces derniers les considèrent comme les prémisses de la réunification sous l’égide du Parti Communiste dont personne ne veut.

 

 

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