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›› Politique intérieure

Hong Kong : Pékin se cabre

Cérémonie des couleurs à « Central » par l’Armée Populaire de Libération avec le drapeau chinois et l’emblème de la RAS (fleur de « l’arbre à orchidée » de Hong Kong)

Le 10 juin, le Bureau Politique a publié un Livre Blanc sur Hong Kong dans lequel il réaffirme la souveraineté et l’autorité de la Chine sur la Région Administrative Spéciale. La mise au point qui ne modifie pas formellement les relations avec Pékin, témoigne cependant de la crispation du pouvoir central autour de la question démocratique et à l’égard de ce qu’il considère comme l’influence néfaste des Occidentaux.

Se méfier de l’Amérique....

La méfiance hostile à l’égard de l’ingérence américaine avait d’ailleurs été directement exprimée plusieurs fois avant la publication du Livre Blanc. Après la rencontre, le 4 avril, du vice-président Biden avec deux figures de la démocratie Hongkongaise : Lee Chu Ming (76 ans) ancien membre du Conseil législatif, fondateur du parti démocrate et Anson Chan (Chang Fang On-sang), (74 ans) ancienne Secrétaire Générale de l’administration de la RAS jusqu’en 2001, résolument critique de la manière dont Pékin resserre son emprise sur Hong Kong, le Waijiaobu avait rappelé que « le développement du système politique de la RAS étant un affaire intérieure chinoise, Pékin rejetait fermement toute interférence extérieure dans la question de Hong Kong ».

Tout le monde aura remarqué que la réaction fait pendant à la récente admonestation adressée à l’Académie des Sciences Sociales accusée de s’être laissée « infiltrer » par des influences étrangères. Elle s’exprime alors que Pékin s’est engagé dans une stratégie plus large de remise en question de l’influence américaine dans la zone. Cet arrière plan est réapparu le 13 juin dans un article du China Daily qui accusait le New-York Times d’accorder une couverture excessive à la question de Hong Kong, par, dit l’auteur, 130 informations et articles « sans fondement », avec « l’intention cachée » de critiquer la situation politique à Hong Kong, « comme si le journal n’avait rien de mieux à faire ».

...et se protéger de la contagion démocratique

Enfin, le rappel à l’ordre assorti de nombreux commentaires des journaux chinois et de pressions diverses aux modalités très douteuses sur les médias libres de Kong-Kong, confirme les intentions du Parti de contrôler les candidatures à l’élection du prochain gouverneur en 2017 qui, selon une déclaration du 29 décembre 2007 de l’Assemblée Nationale Populaire se déroulera au suffrage universel, conformément à l’article 45 de la Loi Constitutionnelle de la RAS ou « Basic Law ».

Mais considérant que les débats politiques en cours dans l’ancienne colonie britannique sur la démocratie sont irrecevables, le Parti réaffirme que la Chine est un État centralisé et que Pékin exerce une autorité sans partage sur les administrations régionales « y compris sur Hong Kong ».

Il ajoute que le haut degré d’autonomie n’est ni une autonomie complète ni une décentralisation ; La RAS n’ayant que le pouvoir de conduire les affaires locales, sous le contrôle du pouvoir central et dans les limites autorisées par ce dernier ; tandis que ceux qui postuleront au poste de gouverneur, tout comme les magistrats doivent d’abord faire la preuve de leur patriotisme. A quoi les associations de juges et le barreau ont répliqué que l’introduction de critères politiques dans le choix des magistrats signifierait la fin de l’indépendance de la justice qui constitue un des atouts majeurs de l’environnement des affaires à Hong Kong.

Publié en six langues, ce qui indique qu’il est tout autant destiné aux étrangers, le Livre Blanc, procédé inhabituellement solennel jamais utilisé dans les relations avec la RAS, détaille le contrôle militaire, politique, judiciaire et législatif exercé par Pékin.

Il surgit dans le paysage politique local après le rassemblement annuel de plus de 100 000 personnes à la mémoire des victimes de Tian An Men que le Parti s’efforce de faire oublier et une longue période d’effervescence sporadique autour du mouvement de désobéissance civile en faveur de la démocratie baptisé « Occupy Central with love and peace – 讓愛興和平 佔領 中環 - », lancé au début de 2013 par by Benny Tai Yiu-ting, professeur de droit et maître de conférence à l’Université de Hong Kong, dont la réputation n’est pas celle d’un boute feu.

Quelques sérieux irritants pour le Parti

Plusieurs initiatives du mouvement sont de nature à sérieusement agacer Pékin : l’occupation, prévue en juillet du quartier de « Central » à quelques centaines de mètres du bâtiment de l’APL sur l’île de Hong Kong ; l’organisation en cours jusqu’au 29 juin d’un référendum en ligne que le Bureau Politique a aussitôt considéré comme « illégal », sur les procédures de candidatures à l’élection de 2017 ; et la lettre ouverte adressée le 21 mars par la direction du mouvement aux adhérents de « Occupy Central », établissant une connivence politique hostile à Pékin entre le mouvement Hongkongais et les étudiants taïwanais qui, le 18 mars, avaient occupé le Yuan Législatif à Taipei.

Ces derniers protestaient contre l’opacité du KMT dans la procédure de ratification du pacte sur les services entre les deux rives : « le mouvement en cours à Taïwan, mené par des étudiants et des professeurs a touché ceux qui souhaitent l’éclosion de la démocratie à Hong Kong (…) ».

S’il est vrai que Pékin a, jusqu’à preuve du contraire, formellement accepté le principe d’un scrutin populaire universel en 2017 qui sera en théorie la forme la plus avancée de la démocratie en Chine depuis l’arrivée au pouvoir des communistes en 1949, le Bureau Politique exclut cependant le principe des candidatures libres. Celles-ci seront désignées et limitées par une commission majoritairement favorable à Pékin dont il est illusoire d’attendre qu’elle autorisera l’opposition démocratique à participer au vote.

Cette occurrence qui videra le scrutin de son sens démocratique est au cœur des crispations qui montent à nouveau à Hong Kong à l’approche de l’échéance de 2017. Avec, d’un côté le militantisme des mouvements démocrates, au demeurant pas toujours d’accord sur le type d’action à mener et, de l’autre, les réactions de Pékin et des ses alliés dans la RAS, principalement appuyés sur la mouvance élargie des hommes d’affaires.

Durcissement des positions

Par le passé, la relation entre Pékin et la RAS avait déjà traversé des turbulences graves. Chaque fois Pékin avait fait preuve de souplesse. Cette fois pourtant le télescopage entre, d’une part, l’attachement des Hongkongais à un système politique ouvert et, d’autre part, la détermination du Bureau Politique à protéger la Chine et le Parti Communiste des effets pervers d’un authentique suffrage universel dans l’ancienne colonie britannique, pourrait créer de graves tensions.

Il n’est en effet pas certain que, même avec l’appui de plusieurs chambres de commerce étrangères - dont celle du Canada, de l’Italie, de l’Inde et de Bahreïn-, la mouvance des hommes d’affaires proche de Pékin, attachée à l’ordre et à la stabilité de la RAS, parvienne à faire contrepoids à la quête de liberté des plus jeunes.

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Les membres du Parti Démocratique font le serment de se joindre au mouvement « Occupy Central ».

Une histoire heurtée depuis 2003

Dans un contexte où le fond des tensions a aussi sérieusement été attisé par la modification du système électoral introduite in extremis par le dernier gouverneur anglais Chris Patten en 1994, ce n’est pas la première fois que des crispations surviennent autour de la manière d’interpréter les accords articulés autour du concept « Un pays deux systèmes ».

Conclus en 1984 entre Margaret Thatcher et Zhao Ziyang, ces derniers transformèrent à partir de 1997, l’ancienne colonie britannique où la démocratie n’existait pas, en une Région Administrative Spéciale dotée d’un haut degré d’autonomie avec la garantie du maintien jusqu’en 2047 du système économique, de l’indépendance de la justice, des droits politiques et sociaux, notamment la liberté d’expression et le droit à manifester. Le tout dominé par la promesse de l’introduction à terme du suffrage universel, dont il est évident que l’application sans réserves constituerait actuellement pour Pékin un précédent et un exemple dangereux pour le Parti.

Une première échauffourée eut lieu en 2003, sur fond de crise économique et sociale qui mit gravement en porte à faux le premier gouverneur chinois de la région Tung Chee-Hwa. Elle aboutit à sa destitution par Pékin en 2005, après que sa popularité eût été gravement mise à mal par la volonté de Pékin - peut-être inquiet des conséquences politiques de la crise économique - d’introduire au plus vite dans la Loi Fondamentale l’article 23 très controversé, comportant des paragraphes « anti-subversion » limitant les libertés publiques, le tout accompagné de mesures très impopulaires supprimant certaines émissions de radio à forte audience.

La crise s’est cristallisée à deux reprises : le 1er juillet 2003 et, dans une moindre mesure, une année plus tard (1er juillet 2004) lorsque l’ensemble des malaises dont souffrait l’ancienne colonie britannique (crise économique, crise du SRAS et crise de confiance politique) jetèrent dans la rue plus de 500.000 personnes en 2003 et au moins la moitié en 2004. Elle ne se résorba qu’avec le retrait de l’article 23 et le remplacement de Tung Chee-Hwa par Donald Tsang en 2005, reconduit en 2007.

La manoeuvre qui plaçait en première ligne non pas un homme d’affaires suspecté d’être inféodé au PC chinois, mais un ancien fonctionnaire de l’administration coloniale britannique était habile. Mais, à l’évidence, elle n’a pas suffi à rassurer les tenants des libertés dans la RAS.

En effet s’il est vrai que les Hongkongais se reconnaissent d’abord comme Chinois et ne souhaitent pas développer une identité séparée, nombreux sont ceux qui se disent déterminés à ne pas laisser Pékin empiéter sur les libertés que leur confèrent la loi fondamentale et le principe « d’un pays deux systèmes ».

A l’exception notable des hommes d’affaires dont beaucoup préfèrent avoir à faire à un gouvernement fort et prévisible plutôt qu’à une équipe élue, trop dépendante des pulsions de l’opinion, le principe de l’élection au suffrage universel sans interférence de Pékin dans le choix des candidats symbolise pour beaucoup la maturité d’un développement accompli. Une autre transe avec Pékin a eu lieu en 2012 quand Pékin tenta d’imposer des cours de patriotisme dans les programmes scolaires. Elle ne s’est calmée qu’après le retrait du projet.

Durcissement de Pékin et riposte des Hongkongais

Mais en 2014, la situation a changé. Une marche arrière du Bureau Politique sur un sujet de cette importance est moins probable. A l’évidence, le Parti a, sans esprit de recul, décidé de tenir à distance le spectre de la contagion démocratique et, considérant que les deux sont liés, l’influence occidentale et en premier lieu celle des Etats-Unis. Bien moins prudents que leurs prédécesseurs, Xi Jinping et le Bureau Politique affichent clairement leur aversion pour l’excès de libertés politiques et les élections libres. La publication du Livre Blanc montre que le Parti entend défendre ses choix avec âpreté.

Or tout indique que la nouvelle fermeté des positions de Pékin entraînera une réaction adverse des mouvements démocratiques et contribuera à renforcer leur solidarité. A cet égard, les résultats publiés le 29 avril 2014 d’un référendum conduit du 18 au 31 décembre 2013 par le « Hong Kong Transition Project », qui se dit un « centre de recherche non partisan », sont éloquents. A une majorité incontestable dont l’ampleur augmente considérablement à mesure que la population interrogée est plus jeune, ils montrent la sensibilité des Hongkongais à la question démocratique et à l’identité de la RAS.

Une des questions les plus significatives du sondage mettait en balance, d’une part, « l’identité culturelle chinoise historique » et, d’autre part, la « spécificité pluraliste » de la RAS. 31% des réponses placèrent en tête l’attachement culturel à la Chine, contre 66% qui préférèrent l’identité de Hong Kong, certes chinoise, mais également ouverte et multiple. Et, chiffre inquiétant pour Pékin, seulement 4% affirmèrent souhaiter que la RAS soit directement placée sous la coupe de Pékin. Pire encore, quand la population interrogée a entre 18 et 29 ans, les proportions ci-dessus deviennent respectivement : 15%, 84% et 2%.

Preuve que le raidissement politique de Pékin entraîne une réaction de solidarité, le référendum en ligne organisé par le mouvement « Occupy Central » sur la liberté des candidatures à la fonction de Gouverneur pour le scrutin de 2017 avait déjà recueilli 500 000 voix le 21 juin au soir.

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Anson Chan (Anson Maria Elisabeth Chan Fang On-sang), 74 ans, fut Secrétaire Générale de l’administration de Hong Kong sous la règle britannique puis chinoise de 1993 à 2001. De 2007 à 2008, elle fut membre du Conseil Législatif de Hong Hong. Depuis 1997 elle critique les tentatives de Pékin pour limiter les libertés publiques.

Risques d’affrontements à « Central »

Le retranchement des deux camps sur des positions durcies et la détermination de Pékin à affirmer coûte que coûte la prééminence du pouvoir central, laissent présager une aggravation des tensions d’ici la fin de l’année. Le 19 juin, John Pomfret, journaliste de renom et sinologue ayant plus de 30 ans d’expérience de la Chine signait une dépêche de Reuter dans laquelle il laissait craindre que les tensions allaient s’aggraver au cours de l’été. Déjà, note la dépêche, « le 13 juin un groupe de protestataires radicaux a tenté de pénétrer de force dans les locaux du Conseil Législatif , brisant des vitres et forçant des portes avec des barres de fer ».

Anson Chan qui fut secrétaire générale de l’administration de 1993 à 2001 ayant eu l’expérience des pouvoirs britannique et chinois et survécu 4 ans à la rétrocession, s’inquiète elle aussi de la nouvelle fermeté de Pékin. « Si le pouvoir à Pékin croit que la population de Hong Kong se soumettra facilement, il commet une grave erreur d’appréciation. La nouvelle génération est loin d’être aussi docile que l’ancienne ». Sans compter, dit-elle, que la manœuvre qui risque de dépouiller Hong Kong de sa spécificité, privera la Chine d’un des ferments essentiels de sa modernisation.

Pour réduire les effets pervers de son raidissement politique et tenter d’écarter les risques d’affrontements en discréditant le mouvement « Occupy Central », Pékin fait feu de tous bois : pressions sur la presse libre, parasitage du référendum en ligne et appel à la communauté d’affaires, son principal soutien, pour qu’elle se mobilise derrière les représentants officiels de Pékin dans la RAS et les délégués hongkongais à l’ANP chinoise sur le thème des risques pour l’économie d’une grave instabilité politique.

La stratégie vise à discréditer les mouvements démocratiques en manipulant la « crainte du chaos » et à conforter l’appréciation de Zhang Dejiang, n°3 du régime et président de l’Assemblée Nationale qui, le 6 mars dernier, lors de la réunion annuelle de l’ANP expliquait aux délégués de Hong Kong réunis pour l’occasion que « l’importation de la démocratie directe à Hong-Kong en 2017 serait un piège pouvant provoquer des résultats désastreux ». Pour atteindre ces buts tous le moyens sont bons, y compris les plus troubles, dont certains paraissent porter la marque des sociétés secrètes de la RAS.

Des pratiques mafieuses

Selon des journalistes hongkongais, depuis quelques années, les médias de la RAS qui furent relativement épargnés après 1997, sont aujourd’hui soumis à des pressions de plus en plus fortes ponctuées par des agressions, des menaces directes et des licenciements. Les cibles sont clairement des journalistes de la presse écrite et de la radio, critiques du régime chinois.

Le 27 février dernier, Kevin Lau 49 ans l’éditeur en chef du journal Ming Pao crée en 1959 et l’un des quotidiens les plus objectifs de la RAS avec deux éditions internationales à Vancouver et à Toronto, fut sauvagement poignardé par deux inconnus en plein jour. Le journaliste venait d’être relevé de son poste de rédacteur en chef, au milieu des protestations de ses lecteurs.

Trois semaines plus tard quatre hommes masqués ont agressé deux responsables de Hong Kong Medias News qui s’apprêtaient à lancer un nouveau quotidien en langue chinoise. Le 7 mai, Yao Wentian (ou Yu Mantin), 73 ans, un ancien ingénieur reconverti dans l’édition à Hong Kong, sur le point de publier le livre critique du dissident Yu Jie sur Xi Jinping au titre provocateur « Xi Jinping, le Parrain chinois », était condamné à 10 ans de prison par un tribunal de Shenzhen pour « trafic de matières illicites », d’une valeur de 220 000 $, un délit remontant à 2010.

Yao Wentian avait été arrêté à la douane de Shenzhen, le 27 octobre 2013 alors qu’il était en possession de pots de peinture. Selon Yu Jie, qui a déjà publié un livre critique sur le précédent secrétaire général « Hu Jintao, le roi de l’harmonie », Yao avait reçu des menaces par téléphone pour le dissuader de publier l’ouvrage sur l’actuel n°1. Lors du procès, l’avocat de Yao a reconnu que son client transportait des matières réputées illicites, mais, comme le rapporte Brice Pedroletti dans un article du Monde du 13 mars, la défense soupçonne un coup monté.

Lire l’article du Monde.fr Les dirigeants chinois façon Coppola.

La dernière manœuvre contre la presse libre remonte au début du mois de juin. Pressées par le régime de Pékin, HSBC et Standard Chartered qui ont cependant nié que leur décision était politique, ont mis fin à leur contrat publicitaire au profit du journal Apple Daily appartenant au groupe Next Media, basé à Hong Kong et Taïwan et connu pour son implication dans la défense des libertés démocratiques à Hong Kong. Récemment, Jimmy Lai, le propriétaire du groupe a été directement menacé dans le plus pur style mafieux : un véhicule a percuté la porte de son domicile et les occupants ont abandonné sur place une hache et un poignard.

A deux autres occasions des milliers d’exemplaires du Apple Daily ont été brûlés. Anson Chan a durement critiqué les décisions des deux banques de couper leurs financements publicitaires à la presse libre : « Cette attitude de deux banques internationales est le premier pas sur une pente extrêmement glissante ». D’autres harcèlements ont eu lieu contre le référendum en ligne organisé par « Occupy Central » dont le site a été submergé par 10 milliards de visites en moins de 24 heures.

Veillée d’armes

Simultanément, la RAS a été le théâtre d’échanges de commentaires et prises de position des deux parties, qui avaient les allures d’une veillée d’armes. Wang Guangya, Directeur du Bureau des Affaires des Régions Administratives Spéciales de Hong Kong et Macao à Pékin a, sans surprise, rappelé que Hong Kong souhaitait la stabilité pour se développer. Carie Lam, 57 ans, Catholique née à Hong Kong, de sensibilité sociale très affirmée, attachée à la culture chinoise, secrétaire générale de l’administration depuis 2012, va dans le sens du parti pris politique de Pékin en affirmant « qu’il était évident que le Gouverneur de Hong Kong devrait être à la fois une personne qui aime Hong-Kong, mais qui ne s’opposerait pas au gouvernement central ».

Simultanément, le Global Times agitait la fibre de la sécurité nationale en accusant le mouvement « Occupy Central » de collusion avec les indépendantistes taïwanais, tandis que Rita Fan, membre hongkongaise du Comité permanent de l’AN à Pékin, mettait en garde contre les risques élevés d’un chaos provoqué dans le centre financier de la RAS.

A l’inverse, les réactions du mouvement démocratique ne sont pas unanimes à soutenir le projet d’occupation de « Central ». Certains, comme Wong Yuk-man, 63 ans, membre du Conseil Législatif, fondateur du mouvement des sociaux démocrates, pourtant connu pour ses provocations publiques des autorités et ses critiques violentes de Pékin qui lui valurent le surnom de « chien fou », craint que la manifestation de désobéissance civile au centre de HongKong ne dérape en affrontements violents ; mais les organisateurs qui affirment que le mouvement sera pacifique comme son nom l’indique, répètent qu’il n’existe pas d’autre moyen de faire pression sur Pékin.

L’église est partagée : Le cardinal Joseph Zen dit appuyer le mouvement mais ne participera pas. L’évêque de Hong Kong en fonction, John Tong Hon, appelle les parties à négocier et critique l’initiative. Quant à l’église évangéliste libre de Chine, elle s’est radicalement et publiquement opposée à l’idée par la bouche du Révérend Ng Chung-man qui a rappelé que la désobéissance civile ne pouvait être tolérée que si les droits religieux et la vie des fidèles étaient menacés.

Dans ce contexte où chacun fourbit ses arguments et où Pékin et le mouvement de désobéissance civile, dont l’audience grandit attisée par le raidissement du Bureau Politique, affichent une détermination sans faille, nombre d’observateurs estiment que ces développements portent le risque de sérieuses tensions et même de violences.

 

 

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