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›› Chronique

Hong Kong. Pas de compromis. Risques de violences

Photo : Le 21 octobre, les négociations retransmises en direct sur des écrans géants dressés dans la quartier de « l’Admiralty » à l’Est du centre des affaires, n’ont pas donné de résultats.

Après diverses péripéties où, à compter du 6 octobre, se succédèrent accalmie, promesse de dialogue avec les étudiants annulée par la Secrétaire Générale de l’Administration Carrie Lam, suivie d’un durcissement des positions, la situation a été marquée par un retour progressif des manifestants à partir du 11 octobre, dont la détermination semble se durcir. En dépit des efforts de Pékin pour éviter à tous prix un débordement brutal des forces de l’ordre (28 000 policiers déployés dans toute la R.A.S face aux manifestants), détestable pour l’image de la Chine et sa politique taïwanaise, le week-end des 18 et 19 octobre a été marqué par deux nuits d’affrontements violents.

Une première session de négociations a eu lieu le 21 octobre entre les représentants du gouvernement de la R.A.S et les délégués des étudiants. Il n’en est rien sorti, chacune des parties refusant de composer. Il semble que la situation soit arrivée à un tournant. Si les étudiants ne saisissent pas la proposition d’ouverture du gouverneur d’un possible « assouplissement démocratique » de la commission de sélection des candidats à la tête de la R.A.S pour l’élection de 2017, une aggravation de la situation est possible.

Deux éléments plaident pour cette perspective néfaste : Carie Lam considère que la présence d’ouvriers parmi les protestataires donne aux manifestations l’allure d’une « révolte », une évolution que Pékin ne peut pas tolérer. Dans le même temps, le gouverneur a, à la suite de Pékin, accusé l’organisation américaine « National Endowment for Democracy (N.E.D) », financée par le Congrès des États-Unis et dont le budget figure au chapitre du budget du Département d’État, d’avoir attisé les troubles. Ce que la responsable de NED à Hong Kong a rejeté.

Déjà le 11 octobre, après que Carie Lam ait annulé une première session de négociations, le Quotidien du Peuple avait publié un article dans lequel il accusait Louisa Greve, la vice-présidente de NED pour l’Asie, le Moyen Orient et l’Afrique du nord d’avoir rencontré les étudiants en amont des troubles.

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Échauffourées du week-end du 19 octobre

Photo : Les 5 représentants des étudiants à la négociation du 21 octobre portaient des T-shirts avec le slogan « Freedom now ». Après un premier échec, ils hésitent à accepter la proposition du gouverneur de rendre plus démocratique le comité de sélection des candidats gouverneurs en 2017. Pékin accuse les États-Unis d’ingérence. De gauche à droite : Yvonne Leung, Nathan Law, Alex Chow, Lester Chum, Eason Chung.

Les 18 et 19 octobre, dans le quartier de Mongkog, où les opposants aux manifestants et les provocations mafieuses activées en sous main par le régime chinois sont les plus fréquentes, des centaines de policiers anti-émeutes se sont heurtés aux manifestants qui hurlaient des insultes en refluant. Durant ces échauffourées plusieurs douzaines de personnes dont 22 policiers ont été plus ou moins gravement blessées. Malgré la perspective de dialogue réactivée par le gouverneur pour le 21 octobre, les jours qui suivirent ont également été marqués par des tensions.

La plus grave crise depuis 1997.

Dans la R.A.S, la Chine fait face à la plus grave crise politique depuis la rétrocession. Il faut se rendre à l’évidence, après 4 semaines de mobilisation du mouvement pro-démocratie, dont les fers de lance sont essentiellement les étudiants et les intellectuels, l’évaluation faite par Anson Chan, ancienne secrétaire générale pour l’administration du temps de la règle britannique puis pendant 4 années sous la règle chinoise était exacte : Il est dangereux de considérer la population de Hong Kong comme politiquement immature.

Échec des pourparlers du 21 octobre.

Alors que Pékin n’a pas l’intention de revenir sur sa vision d’un suffrage universel dont les candidats au poste de gouverneur seraient contrôlés par l’ANP, tandis que les élections des membres du Conseil législatif continueront à dépendre à 50% de grands électeurs en majorité inféodés aux milieux d’affaires et pro-Pékin, une première série de négociations a eu lieu le mardi 21 octobre.

Conduite entre 5 représentants des étudiants et 5 fonctionnaires du gouvernement de HK sur la question très controversée du choix - que Pékin entend contrôler - des candidats pour l’élection au suffrage universel du prochain gouverneur en 2017, la négociation retransmise en direct sur grand écran dans le quartier de l’Admiralty à l’Est du Centre des Affaires, n’a pas permis d’arriver à un compromis.

Pour Alex Chow (21 ans, excellent orateur, membre de la très officielle Fédération des étudiants vieille de 56 ans) qui est avec Joshua Wong et Lester Chum, le représentant des étudiants dont le nom revient le plus souvent, considère que les propositions du gouvernement sont « vagues ». Pour lui, un comité de sélection inéquitable ne conduirait pas à mettre au pouvoir un gouverneur capable de réduire les écarts de revenus. « Le prochain gouverneur sera t-il une fois encore un homme favorable aux grands groupes, ennemi des droits du million de Hongkongais vivant dans la pauvreté ? ».

Alors qu’officiellement les parties ne semblent pas vouloir avancer vers un compromis, chacune d’elle restant sur ses positions, Chow promet de nouvelles manifestations de désobéissance civile, tandis que le pouvoir continuera sur la corde raide, cherchant à dégager les rues, tout en limitant au maximum les violences.

Hésitations des étudiants. Inquiétude des observateurs.

Même si avant le week-end dernier une rumeur de possible ouverture par Pékin évoquée par le Wall Street Journal circulait dans la R.AS., indiquant que le gouvernement aurait désigné des négociateurs pour promettre un assouplissement de la position chinoise aux élections de 2022, l’inquiétude commence à monter chez les observateurs qui craignent des violences graves si les étudiants persistaient à bloquer le centre ville.

Le dimanche 19, Peter Mathieson, président de l’Université de Hong Kong appelait ses étudiants et ses cadres enseignants et administratifs à quitter les zones de manifestations : « Je vous exhorte du fond du cœur, car je crois qu’en restant vous vous mettez en danger ». Le même jour Bao Tong ancien secrétaire de Zhao Ziyang en 1989 proche du mouvement des étudiants, conseillait lui aussi aux manifestations de réduire leurs actions : « les graines ont été semées, il faut leur laisser le temps de germer (…) Rien de grand ne peut être accompli d’un seul coup ».

Pékin accuse les États-Unis

Photo : L’équipe des négociateurs de la R.A.S., le 21 octobre. De gauche à droite Edward Yau, Rimsky Yuen, Carrie Lam, Raymond Tam et Lau Kong Look.

Alors que les étudiants semblent hésiter à reprendre la balle au bond de la proposition du gouverneur qui, le mercredi 22 octobre, promettait de « rendre le comité de sélection plus démocratique », il existe un réel potentiel d’aggravation.

Le 22 octobre, le gouverneur Leung - visant l’organisation « National Endowment for Democracy », financée par le Congrès des États-Unis et dont le budget figure au chapitre du budget du Département d’État, accusait des « forces étrangères » d’avoir attisé les révoltes. Le même jour Carie Lam, lançait une mise en garde à peine voilée : après avoir rendu hommage à la retenue du mouvement, elle s’est inquiétée de la présence d’ouvriers parmi les protestataires à Mongkok qui, à t-elle dit, font désormais ressembler les manifestations à une « révolte ».

 

 

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