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Souvenir de la résistance à Hong Kong

Une chorale de lycéens français chante le « chant des partisans ».

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Il y a 75 ans, une poignée de Français libres prenaient les armes par idéalisme pour participer à la défense de Hong Kong dans une bataille perdue d’avance contre l’envahisseur japonais. Une fois n’est pas coutume, à l’heure où, dans le fracas du monde, se perdent quelques repères essentiels Question Chine se penche par le truchement d’un article de l’A.F.P, sur un épisode oublié mais héroïque de notre histoire qui croise celle de l’ancienne colonie britannique et de la Chine.

L’engagement méconnu d’une poignée de Français.

La stèle défraîchie qui leur rend hommage à une extrémité du cimetière militaire britannique de Stanley, sur une colline du sud de Hong Kong, ne compte que six noms. La cérémonie qui leur est dédiée sur l’île sous un soleil rasant ce vendredi 2 décembre après-midi - qui est aussi l’anniversaire de la bataille d’Austerlitz -, fut volontairement modeste, reconnaît François Drémeaux, président du comité de Hong Kong du Souvenir français de Chine.

« Mais je ne vois pas pourquoi ces personnes seraient oubliées », ajoute le professeur d’histoire qui boucle une thèse sur la présence française à Hong Kong dans l’entre-deux-guerres. « Mon travail, c’est de faire vivre la mémoire en lui donnant un sens ».

Il y a beaucoup à apprendre du choix que firent en 1941 ces hommes de combattre à 10.000 kilomètres de la France, alors que rien ne les y obligeait.

C’est ce qui explique que le public de la commémoration soit essentiellement composé, outre les représentants du consulat ou de l’armée française, d’élèves du Lycée français. Une cérémonie peu commune, où certains ont entonné en canon « Le chant des partisans », rarement entendu sur ces rivages de mer de Chine méridionale.

Un Consul dissident.

Discours du Consul Général Eric Beti.

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Le 8 décembre 1941, quand le Japon lance ses troupes sur Hong Kong quelques heures après Pearl Harbour, la colonie britannique vit déjà depuis trois ans sous la menace des forces japonaises qui en 1938 se sont emparé de Canton, à une centaine de kilomètres au nord. La communauté française - près de 400 membres à la fin des années 1930 - voit nombre de ses représentants fuir en Indochine. Ceux qui restent sur ce territoire britannique rallient largement la cause gaulliste en juin 1940.

Il faut lire les correspondances peu diplomatiques entre le consul général Louis Reynaud, qui s’insurge contre la « trahison » que fut l’armistice demandé à l’Allemagne par le maréchal Pétain, et sa hiérarchie de l’ambassade à Pékin loyale au régime de Vichy, très inquiète de ce « dissident » qui tamponne ses télégrammes officiels du « V » de la victoire.

Un comité « France libre » est créé avec une vingtaine de membres actifs pour recruter des volontaires, débaucher les marins des paquebots des Messageries maritimes en escale ou préparer des émissions de propagande. Une dizaine de Français rejoignent le corps de volontaires (HKVDC) constitué par la Grande- Bretagne pour appuyer des forces régulières en infériorité numérique criante face aux Japonais.

Pourquoi s’engagent-ils ? « On ne peut même pas les taxer de défendre leur colonie », répond M. Drémeaux. « Ils défendent une idée, la liberté, et le font de leur plein gré, ce qui rend leur sacrifice encore plus noble ». L’historien a retrouvé leur trace à plusieurs moments clés de la « Bataille de Hong Kong » qui se soldera par la reddition le 25 décembre du gouverneur britannique, notamment lors de la défense de l’unique centrale électrique de l’île.

Deux coups de baïonnette.

Discours de Monsieur François Drémeaux président du Souvenir français en Chine.

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Une figure marquante est Armand Delcourt, un négociant de 42 ans arrivé à Hong Kong en 1926 et marié à une femme métis sino-japonaise. « Français libre » de la première heure, il est blessé le 21 décembre de deux coups de baïonnette en défendant un col stratégique. Deux jours plus tard, il est exécuté d’une balle dans la nuque.

Brutalisée par les Japonais, son épouse enceinte accouche prématurément le 5 janvier 1942 dans une église de Hong Kong d’une fille qui ignorera pendant des décennies les circonstances de la mort de son père. « Je les ai connues en 1978 par une lettre d’un de ses vieux amis, son compagnon d’armes Carlos Arnulphy, qui était parvenu à me retrouver en Australie », raconte dans un mail à l’AFP celle qui, devenue Monique Westmore, vit aujourd’hui à Melbourne.

Le 9 décembre, cette lettre a été lue par une lycéenne devant la stèle, en présence du fils et des petits-enfants de M. Arnulphy. « J’aurais adoré connaître mon père car je crois comprendre qu’il était un homme de grands principes », poursuit Mme Westmore.

Pour François Drémeaux, le parcours d’Armand Delcourt est encore fort de symboles aujourd’hui, à « une époque de repli sur soi ». « Il était marié à une Japonaise, vivait à l’étranger et a donné sa vie pour la France Libre », dit cet ardent défenseur des valeurs républicaines. « Etre patriote n’est pas antinomique avec le fait d’être ouvert sur le monde ».

Des démarches sont en cours pour ajouter quatre noms sur la stèle, dont ceux de deux Annamites qui n’avaient pas la nationalité française. « Ces deux hommes ont embrassé le destin de la France et ont péri du fait de cet engagement », explique M. Drémeaux. (AFP)

 

 

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