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A quoi pensent les Chinois en regardant Mona Lisa

Dans cet ouvrage de géopolitique de l’art qui aborde de manière originale les cultures occidentales et chinoises, la philosophe Christine Cayol et le professeur de français Wu Hongmiao croisent dans un fructueux dialogue leur regard sur l’art, son histoire et sa sociologie.

Cette réflexion transversale à la lumière de l’analyse de nos peintures religieuses nous permet d’aborder ce qui fonde la société chinoise aujourd’hui comme hier.

On découvre pourquoi les chinois, grands maîtres de la peinture de paysage « Montagnes et eaux », Yang, (montagne) et Yin (eau), expression la plus aboutie de leur perception positive et spirituelle du monde, adorent les impressionnistes ou s’étonnent devant nos vierges, nos anges et la multitude de croix qui jalonnent nos musées.

Regarder un tableau occidental me laisse souvent perplexe, nous dit Wu Hongmiao qui a du mal à trouver un sens à nos chefs-d’œuvre qui nécessitent, lui semble t-il, des clés de lecture qu’il n’a pas. La connaissance de la Bible lui semble un pré requis indispensable à la visite de nos musées.

Pourtant, point n’est besoin pour les occidentaux de fréquenter les églises pour être familier de notions comme l’annonciation ou la résurrection puisque toute notre peinture occidentale, tout du moins jusqu’au XVIIe siècle, en est nourrie.

Christine Cayol joue les guides et en profite pour aborder les fondements de la spiritualité judéo-chrétienne à travers l’étude de quelques œuvres de Giotto, Fra Angelico, Botticelli, Rogier Van der Weyden, Antonello de Messine, Jan Van Eyck, Velasquez, Rembrandt, Holbein, Breughel, Vinci, Le Caravage, Dürer… et Picasso. Quand Christine Cayol explique à Wu Hongmiao que les tableaux dans l’Italie du XIVe siècle servaient à orienter les pensées et l’imagination de tous vers le message chrétien, Wu Hongmiao lui répond « Nous appelons cela de la propagande… ».

Quant à l’idée d’un Dieu qui sacrifie son enfant pour sauver les hommes, elle paraît aux chinois totalement incongrue car de quoi faudrait-il sauver le monde ? L’importance que nous accordons dans notre culture à la parole lui est aussi étrangère car c’est l’écriture qui est essentielle.

Confucius ne dit-il pas que Le ciel ne parle jamais ? Autre étonnement de Wu Hongmiao, la fonction questionnante de l’art occidental, alors qu’en Chine l’art est une recherche de la captation des souffles vitaux circulant entre l’homme et la nature.

Même la perspective qui nous paraît dans l’histoire de l’art un progrès n’est en Chine qu’une réduction des possibles car La notion même de point de fuite et de point unique selon lesquels le regard s’orienterait selon un seul point de vue (…) n’existe pas dans notre peinture (…) ni dans notre pensée.

Comment faire coïncider le « je » occidental et le « nous » chinois, le christ souffrant et le bouddha rieur ? La réponse est peut-être dans l’art.

A quoi pensent les chinois en regardant Mona Lisa ?
Christine Cayol, Wu Hongmiao – éditions Tallandier 2012

Lire aussi l’article sur tallandier.com


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