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›› Chronique

Accélération de l’immigration et retour des « cerveaux » expatriés

Selon un rapport de l’OCDE publié à la mi-juillet, la Chine reste toujours un des plus grands réservoirs d’immigration, parfois illégale, vers l’Union Européenne, les Etats-Unis le Canada et l’Australie, qui, à eux seuls, attirent près de la moitié des immigrants chinois, dont le flux augmente. Alors que dans les cinq dernières années du XXe Siècle, ils n’étaient en moyenne que 144 000 par an à quitter la Chine, ils étaient plus de 500 000 pour la seule année 2008.

De fait, 10% des immigrants qui quittent leur pays d’origine dans le monde sont Chinois, contre moins de 5% d’Indiens. Plus encore, selon les statistiques chinoises, sur le million et-demi d’étudiants partis à l’étranger depuis 1979, seulement un quart est revenu en Chine.

L’hémorragie inquiète les autorités pour qui la priorité est le retour des « cerveaux » reconnus et ayant une expérience dans des secteurs sensibles ou en pointe, pouvant apporter immédiatement une contribution directe aux efforts de rattrapage scientifique et technologique du pays. Dans ce contexte, le Parti déploie de gros efforts pour faire revenir au pays les plus brillantes élites scientifiques.

L’importance historique des « Hai Gui 海归 »

Dans un pays où des dirigeants emblématiques, républicains ou révolutionnaires, tels que Sun Yat-sen, Deng Xiaoping, Zhou En Lai et bien d’autres avaient fait leur études à l’étranger, l’exigence de favoriser le retour des cerveaux n’est pas un vain mot au sein de la nomenklatura. De fait nombreux sont les programmes richement dotés destinés à attirer en Chine les « Hai Gui », - phonétiquement « tortue de mer », jeu de mot sur l’homophonie entre Gui, tortue et Gui, revenir ou retour -. La politique d’incitation porte ses fruits, puisqu’en 2008, la proportion des retours parmi les étudiants diplômés avait augmenté de 58% par rapport à 2007.

Dans la mémoire de la Chine d’après 1949, plusieurs « Hai Gui » célèbres tiennent une place de choix. Plus récemment quelques cerveaux bien connus aux Etats-Unis sont revenus prêter main forte au développement du pays. Tout en faisant preuve d’optimisme et de détermination, ils ne se privent pas de critiquer les conditions de la recherche en Chine.

Les grands vétérans…

Parmi les grands anciens, Xu Guangxian. Une célébrité parmi les expatriés diplômés à l’étranger, revenu en Chine il y a près de 60 ans. En janvier 2009, récompensé par le prix chinois des Sciences et techniques doté de 750 000 $, il fit la une de la presse chinoise qui rappelait sur le mode épique sa contribution à la chimie des terres rares. La même année, il incitait le gouvernement chinois à se constituer une réserve stratégique dans ce secteur.

Rentré en Chine en 1951, après le déclenchement de la guerre de Corée, avec en poche un doctorat de chimie obtenu à l’université de Columbia aux Etats-Unis, son retour en Chine ne fut pas qu’une aventure heureuse. Après avoir commencé à travailler sur la radioactivité au sein du programme nucléaire militaire chinois, il fut envoyé en camp de travail de 1969 à 1972 par les Gardes Rouges qui l’accusaient d’être un espion à la solde du KMT.

Ce n’est qu’après les tumultes post-révolutionnaires qu’il devint le principal acteur et promoteur de l’industrie chinoise des terres rares. Aujourd’hui âgé de 90 ans, honoré comme un héros révolutionnaire par Hu Jintao et Wen Jiabao, il consacre sa longue retraite à promouvoir le secteur de la chimie dont il n’a cessé de défendre l’importance.

Mais Xu est devenue une icône et son histoire tient de l’image d’Épinal ou de la chanson de geste révolutionnaire. S’il est vrai qu’elle exprime une vertu patriotique et sert d’exemple aux scientifiques de haut niveau expatriés que le pouvoir tente de faire revenir, elle ne donne que peu d’informations sur le processus de réinsertion et ses difficultés. Les nouveaux « Hai Gui », en revanche, n’hésitent plus à s’exprimer, y compris dans le Quotidien du Peuple, sur les raisons de leur retour, les difficultés qu’ils rencontrent et leurs espoirs.

Depuis trois années, une petite vague de retours de grands savants change en effet la donne. Baume au cœur de la haute direction du régime qui voit ses efforts récompensés, elle est aussi un défi, car les nouveaux venus, bardés de diplômes et d’honneurs aux États-Unis pointent du doigt les blocages bureaucratiques du système. Parfois ils sont ostracisés par leurs pairs.


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