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ASEAN : Phnom-Penh dans l’œil du cyclone

Chine – Japon, les tensions ne faiblissent pas.

En août les tensions maritimes se sont reportées de la Mer de Chine du Sud vers la Mer de Chine de l’Est, entre Tokyo, Pékin et Séoul, à propos de la souveraineté sur les ilots Tokdo (Takeshima pour le Japon) qui impliquent Tokyo et Séoul et des îlots Diaoyutai (Senkaku pour les Japonais) revendiqués par la Chine et le Japon, et objets de querelles incessantes ponctuées par de fortes bouffées de haine. Celles-ci couvent toujours sous les braises mal éteintes du souvenir des brutalités japonaises sur le territoire chinois entre 1933 et 1945.

Mais cette fois, ce n’est pas la Chine qui est montrée du doigt pour son arrogance et ses revendications extravagantes, mais bien le Japon, stigmatisé à la fois par Pékin, Taïwan et la Corée du Sud. Ce front commun de l’Asie du Nord-est ciblant Tokyo qui revendique d’une part l’Ilot Tokdo, également convoité par Séoul, situé à équidistance presqu’exacte (100 nautiques) des côtes coréennes et du Japon, et d’autre part, l’Ile de Diaoyutai (Senkaku), également revendiqué par Pékin et Taipei (à 120 nautiques au Nord-est de Taïwan, et à 220 nautiques d’Okinawa), renvoie aux réminiscences néfastes des dérapages militaires japonais de la guerre.

Les échauffourées autour de ces deux îlots, ponctuées par des débarquements fortement médiatisés d’activistes brandissant des drapeaux chinois et coréens sur les îlots, ont atteint leur apogée lors de la capture par les forces d’autodéfense japonaises, mi-août, de 14 ressortissants chinois de Hong Kong, débarqués sur Diaoyutai, qui furent libérés le 17 août.

A Pékin, l’incident a fait resurgir la haine anti japonaise, assortie de manifestations face à l’Ambassade du Japon, qui répondaient aussi à la visite par 3 ministres du gouvernement de Noda au temple de Yasukuni, le 15 août dernier.

Les tensions sont encore montées d’un cran quand la presse japonaise a laissé entendre, le 5 septembre, que le gouvernement japonais pourrait, à la mi-septembre, approuver un projet d’achat par l’Etat pour 26,15 millions $ de 3 des Diaoyutai (Senkaku) qui, selon le journal, appartiendraient à un propriétaire terrien de la région de Saitama, au nord de Tokyo. Depuis la mi-août Pékin répète sa détermination à défendre les îlots par la force et critique la tendance des Etats-Unis à multiplier les exercices militaires dans la zone, qui « à l’évidence ciblent la Chine ».

Le 29 août dernier, une déclaration ambigüe de la porte parole du Département d’Etat, Victoria Nuland, ajoutait de l’huile sur le feu en affirmant à la fois que les Etats-Unis ne prenaient pas partie dans les querelles territoriales, mais que la zone des Senkaku se situait dans le scope de l’Article 5 du traité de défense avec Tokyo signé en 1960, stipulant que les Etats-Unis prêteraient main forte au Japon en cas d’agression contre son territoire.

En août, l’International Crisis Group a exprimé ses inquiétudes face à la dégradation des relations entre la Chine, le Japon et les Etats-Unis, soulignant la part dangereuse prise par les sentiments nationalistes dans la relation, notamment entre Pékin et Tokyo.
Lire aussi : Relations Chine-Japon. Les non-dits de l’irrationnel.

Angela Merkel, une nouvelle fois en Chine.

Du 31 août au 7 septembre, la chancelière a effectué sa deuxième visite en Chine en moins de 8 mois. La fréquence des échanges de haut niveau confirment que Berlin et Pékin ont des intérêts réciproques. Mais ces derniers ne sont peut-être pas toujours totalement convergents.

Si l’Allemagne cherche un marché pour ses produits high-tech, ses voitures haut de gamme et des investissements pour la reprise de quelques unes de ses sociétés en difficulté, la Chine vise les hautes technologies allemandes, et un relais d’influence pour désarmer les querelles commerciales avec l’UE (panneaux solaires) et peut-être obtenir par cette voie oblique la levée de l’embargo européen sur les ventes d’armes et la reconnaissance par l’UE de son statut d’économie de marché.

Au cours de la visite, les questions politiques et stratégiques – droits de l’homme, transparence, copyright, position de la Chine sur la Syrie – ont été mises en sourdine. La Chancelière, qui sait très bien que l’industrie solaire européenne est elle-même subventionnée, ce qui complique les visions manichéennes blâmant systématiquement la Chine pour dumping, a même adopté un ton de conciliation, laissant qu’elle n’appuierait pas la plainte à l’UE pour dumping de 20 pays européens qui accusent la Chine de subventionner ses panneaux solaires.

La moisson d’affaires a été impressionnante, avec la commande par la Chine de 50 Airbus (2,8 Mds d’€) et l’accord chinois pour la construction par Volkswagen d’une usine à Tianjin grâce à un investissement de 230 millions d’€. A quoi s’ajoute un contrat avec Eurocopter de 10 millions d’€ dont la teneur n’a pas été dévoilée à la presse.

A. Merkel a aussi exhorté le Fonds souverain chinois à investir dans le fond de stabilisation européen, mais la réponse chinoise est comme à l’habitude restée évasive, les groupes chinois préférant, pour des raisons opérationnelles investir directement dans les entreprises allemandes high-tech en mal de cash.

Lire aussi : Chine – Allemagne – Europe. Le grand malentendu.

Pavé chinois dans la mare Nord-coréenne.

Alors qu’après le limogeage en juillet du chef des armées Ri Yong Ho, pourtant fidèle de Kim Jong Il et le mariage très médiatisé de Kim Jong Eun, les commentaires allaient bon train sur la possible ouverture du régime nord-coréen sur le mode chinois des années 80, le groupe chinois Liaoning Xiyang, engagé en Corée du Nord dans un projet d’exploitation conjointe de mines de fer, a fait sensation en accusant vertement Pyongyang d’avoir suspendu leur coopération sans préavis.

L’attitude chinoise est inhabituelle dans un contexte en général opaque où les informations bonnes ou mauvaises sur les relations entre Pékin et Pyongyang sont rares. La direction du groupe chinois a justifié la mise en ligne des critiques qui soulignaient les difficultés d’investir en Corée du Nord, en expliquant qu’elle souhaitait mettre en garde les investisseurs potentiels chinois de ne pas tenter l’aventure.

Situé au sud-ouest du pays, dans la province de Hwanghae-namdo, le projet avait été lancé en 2007, et était destiné à relever la qualité du minerai de fer pour une production annuelle envisagée de 500 000 tonnes. La part chinoise dans l’investissement était de 75%, soit 56 millions de $. Selon le PDG du groupe chinois, les Nord-coréens se sont retirés en refusant de payer les 30 millions de $ de compensation prévus en cas de rupture du contrat. « C’est une leçon. On ne nous y reprendra pas » a déclaré le n°2 du groupe chinois Wu Xisheng, au nom prédestiné, homonyme de « sacrifice ».

Réseau ferré chinois en Asie du Sud-est.

A la mi-août, le China Daily, mêlant la propagande à la vérité des faits, a publié un article assorti d’une carte montrant les projets de liaisons ferrées entre le Yunnan, le Myanmar, la Thaïlande, la Malaisie, Singapour à l’Ouest et Kunming, Hanoi, Ho Chi Minh, Phnom-Penh à l’Est, avec un embranchement vers le Laos.

Faisant cela le Parti tente d’accréditer l’idée d’une large zone de développement commercial et touristique, connectée sous la houlette de la Chine, sur ses marches méridionales. En réalité, le schéma de connexions ferroviaires en Asie du Sud-est reprend des projets de l’époque coloniale concoctés par les Anglais à l’Ouest et les Français à l’Est. Il se rattache aussi aux projets du réseau Trans Asian Railway qui datent de 1960.

La partie Singapour – Bangkok est depuis longtemps opérationnelle. En Chine, en revanche, le projet, estimé à 700 millions de $ par le journal pour la partie chinoise - à l’évidence très largement insuffisant -financé par le ministère du rail et le gouvernement du Yunnan, lui-même intéressé par des ouvertures vers l’océan indien et la mer de Chine, en est encore à ses débuts. La branche vers le Laos, dont la construction devait démarrer en avril 2011 a été retardée. Sa mise en œuvre est maintenant prévue pour 2020.

En 2006, le projet de tronçon Kunming – Singapour, par Mandalay, Rangoon et Bangkok a été intégré à l’accord de planification international pour le réseau Trans-Asian Railways (TAR), signé par 17 pays d’Asie de l’Est et d’Asie Centrale, dont le but est de relier Singapour à la Turquie avec d’autres connexions possibles vers l’Europe et l’Afrique.

La réalisation du projet se heurte à d’importants problèmes techniques liés à l’écartement des voies et à la topographie très accidentée de la région. La seule partie du trajet Yuxi-Mengzi au Yunnan (141 km) comporte 35 tunnels et 61 ponts. Le tronçon Kunming - Haïphong (850 km) remplacera la vieille voie ferrée à voie étroite construite par les Français en 1910 sous l’impulsion de Paul Doumer gouverneur de l’Indochine, qui spéculait sur la richesse du sous-sol chinois.


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