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›› Société

Baisse massive de la pauvreté rurale. Réalité ou trompe l’œil ?

En bref.

• Mortels égoïsmes.

Depuis la mi-octobre, la société chinoise, choquée par les images vidéo de cette jeune enfant de Foshan près de Canton, connue sous le nom de Yue Yue, écrasée deux fois puis abandonnée sur la chaussé par les passants indifférents, s’interroge sur la dégradation des ressorts moraux du pays. L’affaire a même été évoquée lors du plénum du Comité Central en octobre, qui évoquait « une vision biaisée de la vie et de ses valeurs essentielles ».

Le Zhoumo Nanfang, hebdomadaire du sud de la Chine écrivait : « Toute la Chine se demande s’il s’agit de la nature réelle des gens, ou s’ils ont été réduits à cet état, à cause d’une dégradation provoquée de leur moralité ». Caixin publiait un article en ligne, pointant du doigt la culture politique du pays : « le grignotage du droit des gens a également entraîné un affaiblissement de leur sens moral ».

Ji Liang, vice-directeur de l’Institut du comportement du Shandong, expliquait : « Le plus important pour les Chinois aujourd’hui est de faire de l’argent et de protéger leurs intérêts. La culture chinoise est malade ». Quant au Global Times, proche du pouvoir, surgeon du Quotidien du Peuple, il écrivait : « cette affaire a exposé le côté sombre de la société chinoise », relevant qu’il n’existait aucune loi règlementant l’assistance aux personnes en danger.

Le décès de la victime à l’hôpital militaire de Canton, le 21 octobre, a ravivé les débats sur le net dont la virulence dément l’absence d’humanité des Chinois. Les échanges ont aussi mis le doigt sur l’affaiblissement de la confiance dans la société et sur les dysfonctionnements de la justice.

Il arrive en effet souvent que celle-ci cible autant les plaignants que les suspects, se retournant parfois contre la générosité de ceux qui, bravant la peur de se distinguer, avaient alerté la police.

La mort de la petite Yue Yue a également déclenché une série de commentaires à l’emporte pièce en Occident. Ces derniers glosent sur « l’égoïsme de la société chinoise », comme si l’affaiblissement moral ou la monstruosité humaine avaient des frontières.

Enfermés dans une vision manichéenne de la Chine, qui, depuis la crise, flirte à nouveau avec le syndrome du « péril jaune », à la recherche d’un bouc émissaire, les commentaires oublient les enfants morts étouffés dans une voiture garée sur un parking en pleine chaleur, ou laissés sans surveillance et noyés dans une piscine. Sans parler de ceux qui, lors de la canicule de 2003, n’étaient pas rentrés de vacances pour reconnaître à la morgue la dépouille d’un de leurs parents.

• Lutte contre la contrefaçon et les produits frelatés.

Le 6 novembre, près de 200 villes chinoises d’une vingtaine de provinces se sont prêtées à une campagne nationale, largement médiatisée de destruction de produits frelatés ou violant la propriété intellectuelle, baptisée « opération sabre au clair ». Lancé en novembre 2010, ce mouvement a déjà donné lieu à deux opérations de ce type cette année.

Selon la police, 18 Mds de Yuans (2 Mds d’€) de produits frelatés ou copiés ont été saisis et détruits. L’éventail est large, il va des articles de luxe de marques étrangères – parfums, produits cosmétiques, vêtements, chaussures – aux faux médicaments et à la fausse huile de cuisine, en passant par des copies de DVD ou de vins et d’alcools, importés ou chinois.

Selon un rapport de l’OCDE de février 2011 la valeur globale des produits contrefaits atteindrait plus de 500 Mds de $ et serait en augmentation de 15% par an. Elle pourrait atteindre 900 Mds de $ en 2015. En mai 2011, la Chine, dont les copies se retrouvent dans le monde entier – 75% des contrefaçons de produits de luxe bloqués par les douanes italiennes et françaises sont d’origine chinoise - a, pour la 7e fois consécutive, été cataloguée par les Etats-Unis, comme l’un des pays où la lutte contre la contrefaçon était la moins efficace.

En janvier 2011, le ministre du commerce Chen Deming a cependant promis que les campagnes en cours seraient plus efficaces et qu’elles seraient poursuivies dans la durée. Une des étoiles du parti, le vice-ministre Wang Qishan, a été placé à la tête d’une équipe spéciale de lutte contre le piratage intellectuel et les produits frelatés.

• Wenzhou saisie par le doute.

Wenzhou - 9 millions d’habitants -, la très dynamique métropole industrielle à 370 km au sud de Shanghai, dont les capitaux sont investis dans toute la Chine et à travers la planète, dans les mines de charbon du Shanxi ou dans l’immobilier à Dubai, est en proie à une très grave crise de confiance, au point que le Premier Ministre lui-même s’y est déplacé le 4 octobre dernier.

La situation catastrophique des petites entreprises de la ville couvertes de dettes est un des dommages collatéraux de la crise et du frein au crédit imposé par le gouvernement pour lutter contre l’inflation, obligeant les petits entrepreneurs à emprunter à des officines semi-mafieuses pratiquant des taux usuraires pouvant aller jusqu’à 7% par mois.

Cette situation est également la conséquence de l’effondrement des réseaux de financement informels, dont les capitaux se sont presqu’en totalité orientés vers les projets immobiliers plus lucratifs. Du coup à Wenzhou les prix immobiliers sont parmi les plus élevés de Chine. Depuis le printemps une centaine de petits patrons, pris à la gorge, ont quitté la ville. Deux d’entre eux se sont suicidés.

La panique est quelque peu retombée après la visite de Wen Jiabao et la mise sur pied d’un fonds de secours municipal permettant de tenir les usuriers à distance.

Mais selon Michael Pettis économiste en poste à Pékin, cité par Bloomberg, la crise de Wenzhou traduit d’abord l’immaturité du système financier organisé autour des banques d’état et qui dérape vite vers l’usure quand les liquidités manquent. Elle est aussi le symptôme d’un schéma de développement uniquement axé sur le crédit massif, en priorité au profit des grands groupes, délaissant les petites et moyennes entreprises qui emploient pourtant plus de 70% de la main d’œuvre du pays.

• Polémique sur la qualité de l’air à Pékin.

Xinhua a, le 7 novembre dernier, rendu compte d’une insolite controverse mettant en cause les autorités du bureau météo de Pékin. Pour rendre compte de la qualité de l’air dans la capitale chinoise ces dernières utilisent des critères assez peu contraignants appelés PM 10, ne prenant en compte que les grosses particules en suspension dans l’air. Ce qui leur permet de diffuser des bulletins météo optimistes et flatteurs.

Mais ces évaluations sont radicalement contredites par celles de l’Ambassade des Etats-Unis qui utilise pour ses mesures des critères baptisés PM 2,5, analysant des particules bien plus fines, les plus nocives pour la santé. Selon ces estimations, l’air à Pékin est, assez régulièrement, jugé « dangereux ».

Après un raidissement du bureau météo de Pékin qui a d’abord tenté de faire pression sur l’Ambassade pour qu’elle cesse de publier ses mesures, le débat s’est élargi au public. D’autant que la télévision centrale CCTV a diffusé une émission animée par un présentateur vedette et quelques experts, réclamant l’adoption du PM 2,5.

Le 14 novembre, un célèbre magnat de l’immobilier et quelques intellectuels ont mis les pieds dans le plat et lancé un sondage sur Sina Weibo, le twitter chinois. Le résultat, rendu public, pèse maintenant sur le bureau météo de Pékin, puisque 95 % des réponses réclamaient l’adoption immédiate du système PM 2,5. Seulement 4% pensaient qu’on pouvait attendre 2012 et 1% que le PM 2,5 était inutile.


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