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›› Politique intérieure

Branle bas de combat au cœur du Parti

Bousculer les conservatismes. Ménager le Parti. Xi Jinping et Hu Jintao en première ligne.

Evidemment rien ne dit que la tendance nouvelle constitue les prémisses d’une marche vers un système démocratique à l’occidentale, et encore moins vers le multipartisme. Tout indique en effet que le Régime tente de mettre en place une « démocratie aux caractéristiques chinoises », augmentant les débats internes, élargissant le scope des élections compétitives avec plus de candidats que de postes - Cha’e Xuanju 差额选举 - et accordant un rôle de contrôle accru aux assemblées locales, sans cependant remettre en cause le « rôle dirigeant du Parti ».

En revanche, ce dernier semble se mettre en ordre de bataille pour affaiblir les citadelles qui protègent les intérêts acquis et les prébendes. L’offensive est menée à partir de la tête du gouvernement, avec l’appui de Wen Jiabao, Li Keqiang son successeur, Wang Yang, le Secrétaire Général de Canton et de Liu He, n°2 du Centre de Recherche du Conseil des Affaires d’Etat, ayant rang de ministre et cosignataire du rapport Chine 2030, préparé avec la Banque Mondiale.

Cette mouvance, fermement décidée à réformer les entreprises publiques en dépit des blocages conservateurs, reçoit l’appui de la Banque de Chine, ainsi que des ministères de la santé et de l’éducation.

Mais, forcée d’affronter des intérêts retranchés derrière la Commission de Surveillance et d’administration des Actifs Publics (SASAC), le complexe militaro-industriel et la mouvance très conservatrice regroupée autour de Zhou Yongkang, elle aura fort à faire pour répondre au défi posé par la nécessité de l’ouverture politique.

C’est Wen Jiabao qui a récemment le plus clairement exprimé les enjeux, quand, lors de la dernière session de l’ANP, en mars dernier, il appelait à « promouvoir à la fois les réformes économiques et politiques, notamment au sein de la direction du Régime », conditions indispensable, ajoutait-il, de la solution des problèmes de la société chinoise et du réajustement des structures industrielles. Sans quoi, prévenait-il, la Chine pouvait de perdre les bénéfices des trente années de croissance rapide, et courrait le risque d’une nouvelle « révolution culturelle », allusion à l’affaire Bo Xilai qui lui fut reprochée.

Dans ce paysage où s’entrecroisent les rivalités d’intérêts et les ambitions politiques, le Secrétaire Général désigné Xi Jinping s’est déjà exprimé en appui des réformes et, sans surprises, pour conforter l’unité du Parti. A l’automne dernier, pendant la procédure de préparation du 12e Plan, il avait été l’auteur d’une série de suggestions au Parti recommandant de procéder à des « réformes de grande ampleur, globales et coordonnées par le pouvoir central », dans lesquelles Barry Naughton (China Leadership Monitor N°37, mai 2012), voit la main de Liu He (54 ans).

Spécialiste de macro économie, des structures industrielles et des techniques de l’information, formé à Harvard et à l’Université du Peuple. Aujourd’hui, n°2, avec rang de ministre, du Centre de recherche du Conseil des Affaires d’État, Lie He fut la cheville ouvrière chinoise du rapport « China 2030 » de la Banque Mondiale.

Ce dernier comporte une attaque directe contre les obstacles aux réformes, identifiés comme « des groupes, qui profitent de rentes de situations découlant de leurs relations privilégiées avec les décideurs politiques et protègeront résolument leurs intérêts grâce à leur pouvoir, leurs ressources et leurs connexions. » (p.65 su rapport).

Futur n°1, naturellement soucieux de la cohésion du Parti, Xi Jinping a, au moment de la destitution de Bo Xilai, publié un article dans le magazine Qiushi, insistant sur la nécessité pour les cadres de faire abstraction de leurs intérêts personnels et de se soumettre au consensus pour le bien commun. Démarqué d’un discours qu’il avait fait à l’Ecole du Parti, le texte de l’article est devenu un objet d’étude pour l’ensemble des cadres, ayant pour but de désamorcer l’impact de la purge du Secrétaire Général de Chongqing.

Tel est le contexte qui préside aux luttes de pouvoir en amont du Congrès. Un parti qui resserre les rangs après la secousse Bo Xilai et tente de se mettre en ordre de bataille pour lancer des réformes cruciales, en dépit des factions favorables au statuquo, que les réformateurs accusent de vouloir protéger leurs intérêts acquis et leurs prébendes. C’est aussi sous cet angle qu’il convient d’analyser les rumeurs qui courent depuis mai sur un possible report de la date du Congrès et les intentions du Secrétaire Général sortant de réduire à 7 l’effectif des membres du Comité Permanent du Bureau Politique.

Après avoir éliminé l’hypothèque populiste Bo Xilai à Chongqing, sérieux obstacle sur la route de la modernisation du Parti, Hu Jintao et son successeur, qui ne semblent pas nourrir de différends majeurs, pourraient vouloir resserrer la structure de décision suprême en prévision des batailles qui s’annoncent.

Rien ne dit qu’ils parviendront à leurs fins contre ceux qui, précisément, entendent bien faire valoir leur voix pour freiner les réformes ou les bloquer. Ces derniers proposent au contraire de faire passer le nombre de membres du Comité Permanent de 9 à 11 membres.


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