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Chine – Allemagne – Europe. Le grand malentendu

Chine – OCS - Russie

La 12e réunion de l’Organisation de Coopération de Shanghai les 6 et 7 juin à Pékin – qui a accueilli l’Afghanistan comme observateur et la Turquie comme partenaire de dialogue - a été dominée par la question afghane et les conséquences du départ de l’ISAF et des Etats-Unis en 2014.

Les déclarations laissent présager une convergence d’intérêts entre Pékin et Moscou, notamment pour gérer le vide sécuritaire occasionné par le départ de l’ISAF et contrôler les éventuelles contagions terroristes vers l’Asie Centrale. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Il est en effet peu probable que dans la complexité des situations et des rivalités en cours, de réels progrès soient accomplis pour assurer de manière cohérente la sécurité de la région.

Les incertitudes sécuritaires en Afghanistan même gênent aussi les projets de développement et la traditionnelle politique chinoise de recherche d’influence par les affaires et les investissements. Une alternative aux forces de l’ISAF pourrait être une coopération militaire sino-russe sur le théâtre, dans le prolongement des exercices conjoints effectués depuis 2005 dans le cadre de l’OCS.

Mais ni Moscou, déjà échaudé dans cette région, ni Pékin ne paraissent décidés à sauter ce pas, dans un contexte de déclarations contradictoires, qui expriment à la fois l’intention de coopérer à la sécurité régionale, et le refus d’une alliance militaire sur le modèle de l’OTAN. Le problème reste donc entier alors que d’autres acteurs – observateurs de l’OCS, comme l’Iran, l’Inde et le Pakistan – ont manifesté leur intérêt pour l’Afghanistan et leur souhait de devenir membres à part entière de l’OCS.

Le sommet qui s’est entre autres opposé à toute intervention militaire en Syrie et à une attaque militaire contre l’Iran, a été suivi par l’exercice Peace Mission 2012 au Tadjikistan (2000 participants) auquel l’Ouzbékistan, toujours réticent et critique de la pertinence des exercices, n’a pas pris part, ce qui jette une ombre sur la cohésion réelle de l’OCS. – Tachkent n’a participé qu’une seule fois en 2007 à ce type d’exercice –.

Plus largement, les méfiances latentes existant entre Moscou et Pékin n’augurent pas d’une cohésion efficace à l’avenir. En Russie la grande question est en effet de se mettre en mesure de contrer efficacement l’évolution très rapide de la puissance chinoise qui tente graduellement de surpasser Moscou dans la sphère de la Communauté des Etats Indépendants (CEI).

Un des signes des contentieux rémanents est l’échec des négociations sino-russes pour la création d’une banque de développement de l’OCS, qui était pourtant une des priorités de la Chine, mais que Moscou qui craint la capacité financière chinoise considère avec la plus extrême méfiance.

Le désaccord renvoie à celui toujours latent sur le prix du gaz du projet Gazprom (70 mds de m3 de gaz acheminé en Chine par gazoduc depuis la Sibérie). Les Russes souhaitent lier le prix du gaz à celui du pétrole comme ils le font pour l’Europe, tandis que Pékin fait état de l’importance des livraisons pour exiger un tarif spécial. Si Gazprom et CNPC parvenaient à un accord les livraisons de gaz débuteraient en 2015.

Norvège. Pékin a la rancune tenace.

2 années après l’attribution du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo, la Chine continue à exercer des représailles discrètes contre Oslo. La semaine dernière elle a refusé un visa à Kjell Magne Bondevik, ancien premier ministre, également pasteur protestant qui souhaitait participer à une réunion des églises chrétiennes organisée à Nankin.

Alors que le porte parole du Waijiaobu tentait de minimiser l’incident, un éditorial du très populiste et très nationaliste Global Times se réjouissait de la décision de Pékin : « le refus du visa envoie un signal clair aux Norvégiens qui doivent payer le prix de leur arrogance ».

Depuis 2010, Pékin exerce des représailles contre la Norvège. La Chine a en effet interrompu les négociations pour un traité de libre échange, et taxé les importations de saumon norvégien. Il n’est pas certain que ce type de représailles, qui envoie un message très négatif à d’autres partenaires potentiels soit dans l’intérêt de Pékin.

Conférence Chine – Ligue arabe.

La 5e conférence sino-arabe a eu lieu début juin à Hammamet en Tunisie. C’était la première réunion après la signature en 2010 d’un accord de coopération stratégique. On y a condamné le massacre de Houla en Syrie et demandé une enquête indépendante. Le ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi a réitéré la position chinoise de neutralité et opposée à toute intervention militaire de l’OTAN en Syrie, privilégiant « une solution pacifique, librement choisie par le peuple syrien ».

La réalité est que Pékin craint une vaste déstabilisation de la zone nourrie par les rivalités entre Shiites et Sunnites qui heurteraient de plein fouet ses intérêts pétroliers en Moyen Orient. Le communiqué final vise aussi une augmentation des échanges qui devraient atteindre 300 Mds de $ en 2014, essentiellement des importations chinoises d’hydrocarbures. La Chine a également promis de former 5000 experts des pays arabes dans les domaines de l’informatique et de la santé.

Si les projections d’ici 2035 montrent que les importations de pétrole de l’UE, des Etats-Unis et du Japon baisseront parfois de manière de drastique, notamment pour les Etats-Unis (moins 45% par rapport à 2000) celles de la Chine seront multipliées par 10. Malgré les efforts de Pékin pour se libérer de sa dépendance au Moyen Orient (recherches en mer, investissements en Amérique Latine et en Afrique), ses importations venant du Golfe représentent aujourd’hui 50% du total de ses achats.

Il est peu probable qu’elles baissent notablement dans l’avenir. En 2011 la Chine a importé 1 million de barils/jour d’Arabie Saoudite, devenue son premier fournisseur (+ 30% par rapport à 2010). La présence chinois s’alourdit également en Irak.


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