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›› Editorial

Chine Etats-Unis, turbulences en vue

« La route qui s’ouvre devant nous sera chaotique ». C’est la conclusion d’un article du Quotidien du Peuple écrit par Tao Wenzhao, spécialiste des relations Chine Etats-Unis à l’Académie des Sciences Sociales, le « think tank » le plus puissant du pays. Publié le 30 août, l’article laisse entendre que la question du nucléaire iranien pourrait bien faire quelques dommages collatéraux du côté des relations entre Washington et Pékin.

Tao Wenzhao défend en effet la position probable du gouvernement chinois qui sera de s’opposer non seulement à une action militaire, mais également à des sanctions contre Téhéran, dont Washington laisse d’ores et déjà planer la menace par la voix de son ambassadeur à l’ONU : appliquer des sanctions dès à présent, écrit l’auteur, c’est faire l’impasse sur la possibilité d’une solution diplomatique ouverte par Téhéran qui se dit prêt à « entamer des négociations sérieuses ». Au passage il rappelle que Moscou est également sur cette ligne. Sans le dire, il anticipe donc une fracture au sein du Conseil de sécurité. Enfin, il indique que des sanctions ne feront qu’aggraver la situation, dans un contexte où Téhéran a beaucoup gagné en influence non seulement au Moyen Orient, mais également au sein de la communauté musulmane mondiale.

La conclusion en forme de mise en garde anticipe un raidissement des critiques américaines à l’égard de la Chine. Il est en effet facile de prévoir qu’aux Etats-Unis les courants anti-chinois nombreux dans le monde politique, dans le celui des affaires et dans les cercles de la défense exhumeront contre Pékin les accusations de prolifération, dans un contexte où la Chine sera présentée comme l’allié d’un pays toujours diabolisé par Washington.

Il est vrai que la Chine a dans les années 80 et 90 écrit d’importants chapitres de la prolifération mondiale notamment en direction - entre autres - du Pakistan, de la Corée du Nord (par le Pakistan) et du Moyen Orient (Libye, également par le Pakistan et Iran directement). Par la suite, abandonnant une politique qui semblait héritée de l’aventurisme tiers-mondiste de Mao Zedong, Pékin a résolument adopté une attitude responsable, signant une série d’accords qui indiquaient clairement son changement de cap : 1984 adhésion à l’AEIA, 1992 signature du TNP, 1997 et 1998 adoption d’une législation interne pour le contrôle des exportations sensibles, 2004 adhésion au groupe des fournisseurs nucléaires (en anglais NSG).

Notons cependant que ces affichages n’ont pas empêché quelques sérieux dérapages comme celui de la vente à Islamabad en 1995 de 5000 aimants circulaires indispensables à l’enrichissement de l’uranium de qualité militaire et dont la vente est strictement prohibée par le TNP. En mars 2005, les Etats-Unis affichaient officiellement leur scepticisme sur la capacité de la Chine à tenir ses engagements de non prolifération [1]. Ces dérapages que les spécialistes expliquent par l’existence en Chine de nombreux canaux industriels privés et semi-privés mal contrôlés [2], donneront des arguments à ceux qui, aux Etats-Unis et ailleurs, tenteront d’affaiblir la position chinoise dans le bras de fer qui s’annonce entre Téhéran et Washington.

(voir aussi en rubrique CHINE-MONDE l’article « Nucléaire : Chine, Iran, Etats-Unis »)

Note(s) :

[1Rapport de la Commission de sécurité sur les relations économiques sino-américaines.

[2C’est pour répondre à ces critiques que Pékin a créé ses legislations internes de surveillance des exportations sensibles.


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Par NX Le 11/09/2006 à 10h24

> Chine Etats-Unis, turbulences en vue.

L’avenir de la relation sino-américaine est incertain. Face à l’ascension pacifique de Pékin, une confrontation régionale est inévitable. La question est « Quand ».

La presse chinoise a annoncé aujoud’hui(le 11 septembre 2006), le nouveau record de l’excédent commercial. Par contre, le financement publique des Etats-unis reste dans le rouge. Comment vont-ils prendre les maîtres de Washington à contre-pied un créancier redoutable ?

Par epervier Le 22/09/2006 à 10h17

> Chine Etats-Unis, turbulences en vue.

Enfin des gens qui n’ont pas peur de dire a cette administration de « pepes flingueurs » que leur temps est passe, et qu’ils feraient mieux de « se faire oublier »... ce serait aussi une lecon pour certains politiques europeens et francais, qui agissent comme des vassaux de ces « nevroses ».
Jusqu’a maintenant seulement des pays du Tiers-Monde ont dit ce qu’ils pensaient a cette administration, et il est Grand temps que l’EUROPE reagisse en Pays INDEPENDANT a l’image de Jacques Chirac et non a celle du mec Sarko. qui ferait mieux de poser sa candidature outre atlantique, qu’il aime tant, et non en France qu’il ne cesse de critiquer. J’espere que les Francais se rappeleront ses « antiques » de ces derniers mois quand ils voteront
aux Presidentielles... Veulent ils un President Francais pour la France ou un laquais de plus des « ricains »... comme certains pays soi-disant
« europeens »... GB, pologne, etc...

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