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›› Chronique

Chine – France. Histoire, politique, coopération et maîtrise des transferts technologiques

Nouvelles ouvertures dans l’énergie

L’écologique urbaine et les maisons de retraite

A côté de ces grands axes de la coopération franco-chinoise d’autres accords ont été signés comme celui de Total qui prolonge jusqu’en 2019 la livraison de gaz naturel liquéfié à CNOOC (1 million de tonnes par an) assortie d’un projet de construction d’infrastructures de stockage, ou celui de GDF Suez qui après Chongqing développera à Changping, dans le nord de Pékin avec Beijing Enterprise Group un projet de tri-génération (technique d’efficacité énergétique de production simultanée de chaleur et d’énergie frigorifique, à partir d’une seule source d’énergie primaire).

L’agroalimentaire, qui contrairement au laboratoire P4 a été amplement commenté dans la presse nationale a également été à l’honneur avec les jambons breton (Brocéliande) ou de Bayonne (groupe Sacor) qui ont reçu l’autorisation d’exporter en Chine, tandis qu’une dizaine d’autres entreprises attendent le feu vert des chinois en général peu désireux d’ouvrir leur industrie alimentaire à la concurrence étrangère. D’autres projets ont été approuvés dans la logistique alimentaire (stockage et conditionnement de la viande de porc et de poulet) ou dans l’amélioration de la qualité des élevages de porcs (exportation de porcs reproducteurs).

Toute une dynamique franco-chinoise s’est mise en marche dans le secteur de l’écologie urbaine avec ce projet d’un quartier écologique aux normes françaises à Shenyang, la grande métropole chinoise du Nord-est, qui sera imité à Chengdu et Wuhan.

Rassemblées dans un espace de 10 km2 sous le nom de « Vivapolis » Alstom, EDF, Saint-Gobain, Alcatel-Lucent, Veolia et quelques autres comme Ennessys (purification de l’eau et production d’énergie par des algues marines), les cabinets d’architectes (Antony Bechu et Centuria Capital), fleurons des entreprises françaises en Chine s’impliqueront dans les aspects techniques de l’aménagement urbain durable (eau, déchets, biodiversité des espaces verts, sobriété énergétique, énergies renouvelables, transports collectifs etc.).

Dans le même ordre d’idée écologique, Keolis, filiale de la SNCF associée à Shanghai Shenton Metro Group développe un centre d’initiation aux problématiques du Tramway urbain dans le cadre d’une JV 49 – 51%, contrôlée par le Chinois qui pourraient obtenir des contrats de transports urbains automatiques sur rail en Asie.

SITA, filiale de Suez Environnement à la tête (avec 60% des investissements) d’une JV de traitements de déchets toxiques installera des unités à Nantong (rive nord du Yangzi à 100 km au nord de Shanghai), à Hengyang (sud du Hunan) et dans le quartier de Haidian au nord de Pékin. Une autre filiale de Suez Environnement, Degrémont, (traitement des eaux) porte un projet de dessalement de l’eau de mer destiné à remédier au déficit hydrique de Pékin.

Le tableau socio-écologique, axé sur l’harmonie urbaine ne serait pas complet si les Français n’avaient pas exploré le marché de la prise en charge des personnes âgées avec Orpea, n°2 français des maisons de retraite (chiffre d’affaires 1,7 Mds d’€) associé à un fonds de pension canadien qui, pendant la visite de Xi Jinping à Paris a rendu public son projet d’un foyer pour personnes âgés à Nankin (8 millions d’habitants), qui sera développé en coopération avec la ville.

NOTE de CONTEXTE

Investissements directs chinois en France

Les investissements directs chinois en France restent pour l’heure très limités. Ils ne représentaient, fin 2012, que 0,8% du total des investissements directs étrangers dans l’Hexagone et n’ont créé que peu d’emplois. L’aspect impressionnant tient plutôt au rythme de leur croissance : + 506% depuis 2007.

L’ascension est due pour une bonne part à une unique opération : la prise de participation, en 2011, par le fonds souverain chinois (CIC) de 30% dans la branche exploration et production de GDF Suez. Cet investissement représente, à lui seul, 2,3 milliards d’euros, à quoi il faut ajouter à une moindre échelle l’entrée de Dongfeng au capital de PSA (800 millions d’€).

Fin 2012 il y avait 250 entreprises chinoises en France (contre 9000 françaises en Chine) dont les plus importantes sont ZTE, Huawei (telecom), Cosco (logistique portuaire), à quoi il faut ajouter les nouveaux projets de lait pour bébé à Carhaix en Bretagne (Synutra) et Isigny. Si ces 2 derniers projets sont porteurs d’emplois, d’autres comme ceux d’Illange ou de Chateauroux sont problématiques.

Opaques, ces derniers envisagent la délocalisation d’entreprises chinoises selon le schéma très archaïque des zones de développement aujourd’hui critiquées en Chine même et déconnectées du tissu local français. L’apport de capital et le volontarisme ne suffisent pas pour s’implanter sur un marché européen déjà mûr. Si de surcroît les projets s’inscrivent dans un arrière plan semi-mafieux à l’origine des financements, on s’expose à de graves déconvenues.

On ne saurait assez recommander aux responsables locaux français d’étudier le CV des investisseurs, d’exiger la transparence de gestion et des finances, de se méfier du concept « zone de développement » et de focaliser sur des projets où il apparaît que les Chinois ont l’intention de s’insérer dans le tissu local et de créer des emplois.

Si on examine le stock des investissements chinois en France (environ 12 Mds d’€) on constate qu’ils focalisent sur les secteurs des technologies de la communication avec Huawei et ZTE (490 Millions ($), des transports avec Cosco : 530 millions (zone logistique Le Havre), de l’immobilier (vins de Bordeaux…), de l’agroalimentaire 600 millions d’€, de l’énergie : 6,6 Mds de $.

Les investissements dans le secteur de la production industrielle créateur d’emplois ne représentent que 8% du total. Encore faut-il préciser que l’investissement de Dongfeng dans Peugeot sauvé de la faillite ne crée pas d’emplois en France puisqu’il concerne d’abord les projets de PSA en Chine.

A titre de comparaison, les investissements des États-Unis en France, les plus élevés d’un pays étranger, pèsent entre 90 et 100 milliards d’euros. Les stocks allemands britanniques dépassent les 60 milliards. Les Champions de la création d’emplois sont toujours les États-Unis avec 400 000 emplois créés au total ; suivis par l’Allemagne (300 000 emplois) et le Royaume Uni (190 000 emplois). A ce jour, les investissements chinois ont créé moins de 10 000 emplois.


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