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Chine - Japon : Une pente dangereuse

Liang Guanglie au Sri lanka. L’empreinte chinoise s’agrandit.

Le 31 août, avant son voyage officiel en Inde, le ministre de la défense chinois avait fait escale au Sri Lanka, où il était resté 5 jours. La longueur du séjour a ravivé les inquiétudes indiennes d’un contournement chinois du sous continent par le sud et l’ouest. Une fois de plus, elle a contraint le ministre chinois à rappeler que Pékin n’avait pas l’intention d’installer des bases militaires à l’étranger.

Liang Guanglie a cependant rajouté que les bases chinoises déployées le long de l’océan indien et jusqu’à Gwadar, à proximité du Golfe d’Oman, pourraient constituer des points d’appui logistiques pour la marine chinoise qui patrouille le long des lignes de communication vers le Moyen Orient.

La visite du ministre faisait suite à la signature, en juillet dernier, d’un accord de coopération entre la société Sri-lankaise Supreme Sat et le groupe industriel « Great Wall » - 中国长城工业总公司 Zhongguo Chang Cheng Gong Ye Zong Gongsi -, qui, avec China Aerospace - 中国航天科技集团公司 Zhongguo Hangtian Jituan Gongsi -, détient le monopole de la construction de satellites en Chine.

L’accord qui permettra au Sri Lanka de progresser dans la mise au point d’un satellite national, a une contrepartie : l’établissement d’une base spatiale chinoise de 8 hectares dans la région de Kandy, au centre de l’île, à 100 km au Nord-est de Colombo. Proche de l’équateur, la base facilitera les lancements et mises en orbite des satellites chinois et sera une aide précieuse pour la mise au point finale du système de positionnement spatial Beidou. L’accord prévoit également l’entraînement de spationautes sri-lankais.

Après l’aide inconditionnelle apportée à Colombo dans la lutte contre la rébellion tamul, l’alourdissement de l’empreinte chinoise dans l’Ile, avait commencé en 2007 avec la transformation du petit port de pêche de Hambantota, situé sur la côte sud de l’Ile, en un grand port de conteneurs, idéalement positionné à proximité de la plus importante voie logistique chinoise.

En 2010, le nouveau port, qui bouscule l’écologie et l’économie locales, a mis en service un terminal pétrolier d’une capacité de 500 000 tonnes, une raffinerie et une jetée d’un kilomètre de long. Les installations complètes, dont le coût est estimé à 1 milliard de dollars, comporteront une centrale thermique au gaz, un chantier naval, 11 km de quais en eau profonde et permettront le transit de 20 millions de conteneurs par an. Financées par des prêts chinois, et construites par des ingénieurs chinois, elles devraient être livrées à l’île en 2022.

Visite heurtée de Hillary Clinton à Pékin.

Le 6 septembre H. Clinton était à Pékin où elle a reçu un accueil heurté. La controverse entre Pékin et Washington, qui s’exacerbe depuis quelques années, touche toujours au positionnement militaire américain en Asie que la Chine juge pesant, illégitime et partial, notamment sur le sujet des querelles territoriales en Mer de Chine du Sud et de l’Est.

Pour la Chine, la présence militaire américaine, qui incite à la crispation des pays de l’ASEAN, dans leurs querelles avec la Chine, est plus un facteur de tensions que d’apaisement.

En dépit des critiques chinoises Hillary Clinton a continué à promouvoir un front uni de l’ASEAN pour négocier avec Pékin, affirmant que l’intérêt des Etats-Unis était « le maintien de la paix, le respect des lois internationales, ainsi que la liberté de naviguer et de commercer sans entraves ». La Chine rejette toute ingérence des Etats-Unis et prône des dialogues bilatéraux avec les pays concernés.

Les deux pourraient cependant tomber d’accord pour une négociation selon les termes voulus par les Etats-Unis, d’une ASEAN groupée face à Pékin, pour une mise à jour du code de conduite. Avec cependant très peu de chances que les pourparlers progressent vers un code contraignant, et, surtout, sans aucun espoir que soient réglées, au fond, les querelles de souveraineté avec le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et Brunei.

La Chine en Afghanistan.

Les réserves minérales de l’Afghanistan sont estimées à 1000 Mds de $. On y trouve, entre autres, du pétrole, du lithium, de l’or, du fer, du cuivre et de terres rares. Mais le départ de l’ISAF en 2014 crée une hésitation des investisseurs, liée aux incertitudes de sécurité. Résultat, les chantiers des mines prennent du retard, dans un contexte où les Talibans ont déjà effectué des incursions meurtrières sur des sites miniers.

A quoi s’ajoutent les querelles de factions autour des allocations concédées par le président à des membres de sa famille, et les risques liées aux exploitations illégales de mines, dont les revenus pourraient aller à la rébellion.

La mine de cuivre géante d’Anyak qui avait été attribuée en 2007 à un consortium piloté par l’état chinois, contre un investissement de 3,6Mds de $, attend toujours les excavateurs. Les travaux de la voie ferrée liée à la mine n’ont pas commencé non plus.

Selon le New-York Times, les responsables afghans expliquent les retards par la découverte de ruines bouddhistes et par les délais de déminage du site, encore pollué par des mines datant de l’époque soviétique. Beaucoup cependant soupçonnent aussi un manque de conviction, lié aux craintes sécuritaires de l’après 2014. Déjà les Talibans sont de plus en plus actifs dans la région de Bamian.

En attendant, la Chine, qui avait investi en Afghanistan, y compris pendant la période des Talibans (installation de 20 000 lignes téléphoniques par Huawei et ZTE, remise en état des barrages et construction de lignes à haute tension, ouverture d’une ligne aérienne Kaboul – Urumqi) a paré au plus pressé et commencé l’exploitation par CNPC, en liaison avec une société contrôlée par un parent du Président Karzai, d’un champ pétrolier à Amu Darya au Nord du pays.

Des Chinois expulsés d’Angola avec l’aide de la police chinoise.

A la fin août, le gouvernement angolais a expulsé 37 ressortissants chinois accusés d’extorsion de fonds, de trafics d’êtres humains et de vols à main armée. Les victimes étaient systématiquement des compatriotes, choisis parmi quelques 200 000 Chinois travaillant pour des compagnies nationales chinoises en Angola. Au total 12 associations de malfaiteurs ont été démantelées par la police angolaise, travaillant avec des unités spéciales venues de Chine.

La montée en puissance des intérêts chinois en Angola date de 2002, quand, à la faveur d’une accalmie de la rébellion, une occasion se présentait de reconstruire les services sociaux délabrés et les infrastructures pétrolières à l’abandon.

Le FMI était parvenu à convaincre Luanda de mettre en place un dispositif de surveillance de la corruption pour s’assurer que les revenus du pétrole, à nouveau disponibles grâce aux aides internationales, seraient, au moins en partie, dédiés à l’aide sociale. C’est à ce moment que Pékin proposa des prêts sans conditions d’une valeur totale de 5 milliards de dollars.

La Chine s’est taillé dans le pays une influence de premier ordre, intervenant même dans la politique locale. Les compagnies de travaux publics chinoises, qui raflent 70% des contrats, toujours en échange de nouveaux prêts (encore 2 milliards de dollars en 2004), reconstruisent l’infrastructure (ce que les Occidentaux ne font plus depuis plusieurs dizaines d’années) en partie payée par des livraisons massives de pétrole. Au point que l’Angola est devenu en 2010 le premier fournisseur de la Chine qui lui achète 40% de sa production, ce qui représente 16% des importations chinoises.

Selon les médias, la sécurité des ressortissants chinois, ciblés par des gangs de racketteurs et kidnappeurs commence à poser problème. Certains ont quitté Luanda pour s’installer à la campagne, beaucoup ont loué les services de sociétés de sécurité.


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Par Kurinosuke Le 15/09/2012 à 00h09

Chine - Japon : Une pente dangereuse.

Connaissant les relations souvent houleuses mais toujours pragmatiques de la Chine et du Japon, une question me traverse l’esprit :
Et si Pékin et Tokyo, mais également Séoul..., avaient conclu un accord secret visant à décridibiliser le rôle des USA dans la zone Ouest et Sud Pacifique ?...

Je m’explique, les japonais en ont assez de la présence militaire sur leur territoire, même si cette présence est sensée « protéger » le Japon (ce que l’ONU peut néanmoins très bien faire à la place de l’armée U.S.). Le fait est que les Etats-Unis sont en fait basés au Japon (et notamment à Okinawa) pour mieux surveiller la Chine, Taiwan, la Corée du Nord et la Russie). La Corée du Sud commence aussi à se lasser de la présence yankee sur son sol, ne l’oublions pas.

Le prétexte de conflits territoriaux entre la Chine et le Japon pour une souveraineté sur des îlots plutôt poissonneux et riches (mais dans quelle exacte mesure ?...) en hydrocarbures ne doit pas faire oublier qu’un « désaccord officiel » de même nature oppose également la Corée du Sud et le Japon pour un simple caillou entre les deux pays.

Si la tension monte encore avec la Chine et la Corée du Sud, le Japon serait alors en droit de demander aux USA d’assumer son rôle de protecteur de l’archipel du soleil levant. Mais comme les américains n’ont pas les moyens politiques et économiques de respecter leur engagements passés, le Japon exigera donc que l’oncle Sam retire ses GI’s du sol nippon, et les coréens pourrons en faire de même... ce qui qui laissera l’ASEAN+3 libre pour devenir à terme une union économique autrement plus puissante que l’Union Européenne et les Etats-Unis réunis !

Echec et mat sur toute la ligne pour l’occident, qui ne comprends rien au jeu de go...

CQFD ?... ;-)

Site indiqué : Jeu de dupes ?

Par EnCoree Le 21/09/2012 à 06h23

Chine - Japon : Une pente dangereuse.

Kurinosuke : Question interessante, mais concernant la Coree, ils ont encore trop besoin des americains pour vouloir les virer. Leur presence permet quand meme de rappeler a la Coree du Nord que la Coree du Sud a des allies puissants.

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