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Chine – Taïwan dialogue politique. Dialogue de sourds sur un terrain miné

BREVES

Forum économique et culturel à Harbin.

Le week-end du 28 juillet a eu lieu à Harbin le 8e forum économique et culturel entre le Guomindang et le PCC. 17 points d’accord ont été retenus dans la déclaration finale. Les 2 partis ont notamment condamné le projet d’indépendance de l’Ile et reconnu la validité du « Consensus de 1992 », précisant que les relations entre les 2 rives n’étaient pas des relations d’Etat à Etat, mais que les 2 parties devaient néanmoins négocier leurs différends sur un pied d’égalité.

La déclaration incite les deux gouvernements à accélérer les négociations pour la mise en œuvre complète de l’Accord Cadre signé en 2010, notamment dans les secteurs de la culture (cinéma, édition, éducation) du tourisme, de l’agriculture, des services et de la protection des investissements. Elle prône également la mise en place d’un mécanisme financier destiné à faciliter les échanges.

Les 2 Partis ont également décidé d’établir à Pékin et à Taipei des bureaux de représentation nationaux. La décision est cependant subordonnée à la révision de la loi taïwanaise sur les relations entre les deux rives.

Placée sous les critiques de l’opposition indépendantiste, Lai Shin-yuan, la ministre des relations avec le Continent, a cependant précisé que le processus serait long. Enfin, évoquant quelques crispations liées à la faible autonomie diplomatique laissée à l’Ile par Pékin, elle a, en contradiction flagrante avec la déclaration de Harbin, répété que Taïwan était « un pays souverain ».

Ce tête à queue ne fait que souligner à quel point il est difficile pour le KMT, en interne et face à l’opinion, de tenir sa ligne politique d’apaisement avec la Chine, quand surgit la question de la souveraineté de l’Ile.

Rénovation des F16 A/B taïwanais. Vente de F-16 C/D

Début mai, Washington a chiffré en baisse le prix de la rénovation de la centaine de F-16 A/B taïwanais, évalué à 3,8 Mds de $, approuvés par le ministère du budget de Taipei. L’opération comportera également la vente de missiles AIM-9X Sidewinder et de bombes Laser.

Au même moment, la chambre des représentants américaine approuvait la vente de 66 F-16 C/D à l’Ile, dont le prix est évalué à plus de 8 Mds de $. La décision est cohérente avec la bascule stratégique américaine vers le Pacifique Ouest qui, quoi qu’en dise Washington, cible la Chine. Si la décision était confirmée, elle mettrait une nouvelle fois à mal la relation sino-américaine et porterait un coût d’arrêt aux échanges entre les deux systèmes de défense.

Relations Etats-Unis – Taïwan.

La visite à Taïwan, planifiée le 5 août, du Vice-secrétaire d’Etat américain au commerce Fernandez se déroulera alors que les tensions commerciales entre Taipei et Washington ont diminué après la levée de l’embargo taïwanais sur les importations de bœuf américain traité à la ractopamine.

Fin juillet, Ma Ying Jeou faisait part de la volonté de Taïwan d’élargir le nombre de ses partenaires commerciaux, bien inférieurs à ceux d’autres pays de la zone, comme la Corée du Sud ou Singapour.

Il espérait aussi que la levée des restrictions sur le bœuf américain faciliterait la participation de Taïwan à l’accord Transpacifique, que Washington voit comme le concurrent des vastes réseaux d’accords commerciaux signés par Pékin avec les pays d’Asie du Sud-est et en cours de préparation avec la Corée du Sud et le Japon.

La Parti indépendantiste s’intéresse à la situation en Chine.

Courant juillet le DPP a ré-ouvert un département d’études chinoises, supprimé en 2007, dont le but est d’explorer la possibilité de relations moins conflictuelles avec le PCC et la société chinoise. Cette décision accompagne les questionnements internes au Parti, suite aux récentes défaites électorales.

La création du département est suivie de la mise sur pied d’une Commission des Affaires chinoises composée de poids lourds du Parti, dont la mission sera de formuler la nouvelle politique chinoise du DPP. L’objectif, assez contradictoire, est clairement de réduire les tensions entre le DPP et le PCC, sans pour autant abandonner les valeurs du Parti, dont la plus importante – l’indépendance de l’Ile – est précisément inacceptable par Pékin.

Mais le nouveau secrétaire général Su Tseng-chang espère bien développer le maximum de relations avec la Chine, dans tous les domaines. Se projetant dans le futur proche, Su a exprimé l’espoir d’une vision plus pragmatique de la part du nouveau Secrétaire Général Xi Jinping, à propos de ce qu’il appelle les « différences idéologiques » dans le Détroit.

Plus pratiquement, il compte sur les multiples relations avec les hommes d’affaires taïwanais entretenues par Xi quand il était en poste dans le Fujian à l’Ecole du parti de Fuzhou et au gouvernement du Fujian entre 1985 et 2002.

Chute de Ma Ying Jeou et des cadres KMT dans les sondages.

Selon un sondage daté du 30 juillet, à peine 22% des sondés faisaient confiance à Ma et au Premier ministre. Seulement 24,3% estimaient que Wu Den-yih, le Vice-président, était fiable. Et plus de 60% le jugeaient ce dernier peu digne de confiance du fait qu’il avait été lui-même impliqué dans plusieurs cas de corruption.

Plus grave, 65% des sondés estimaient que le système judiciaire et la police n’étaient pas fiables. Il s’agit là d’une dégradation régulière de la confiance publique dans l’institution depuis 2006.

Taïwan renforce ses forces militaires en Mer de Chine du Sud.

Suite aux tensions dans la région, de nouveaux équipements seront acheminés dans les 6 mois sur l’Ile d’Itu Aba – Taiping Dao – contrôlée par Taïpei et située à 800 nautiques aux Sud-ouest de Taïwan, dans l’archipel des Spratlys.

Les gardes côtes recevront notamment une batterie de 8 automoteurs équipés de canons de 40 mm et appuyée par des mortiers de 120 mm. Le ministère de la défense a cependant rejeté la proposition d’un député du KMT qui suggérait le déploiement de missiles sol-air.

La décision est de l’ordre du symbole, destiné à rappeler la souveraineté de la République de Chine sur cet îlot contesté, dans un contexte général tendu.

Ma Ying-jeou appelle Pékin et Tokyo au calme.

(mise à jour).

Après les échanges de rhétorique militariste entre le Japon et la Chine à propos des Senkaku - Diaoyutai en Chinois -, (Mer de Chine de l’Est), lesquels faisaient suite à la provocation du Gouverneur de Tokyo Ishihara d’acheter purement et simplement 3 des 5 ilots, Ma Ying-jeou dont le gouvernement revendique également l’archipel situé à 110 nautiques au Nord-est de Taïwan, a, le 5 août, appelé au calme et proposé une « initiative de Paix en Mer de Chine de l’Est ».

S’il est vrai que les affichages belliqueux du Japon et de la Chine ont des arrières pensées de politique intérieure et tiennent plus de la mise en scène, il n’en reste pas moins que les récentes menaces de Tokyo et Pékin d’engager leurs marines de guerre dans la zone constituent une des ces évolution néfastes pouvant déraper vers un incident grave.

Alors que Pékin et Tokyo ont entamé en mai dernier un dialogue visant à régler les différends maritimes par la négociation, Ma a appelé les deux parties à s’en tenir au Droit international et à régler leurs différends par le compromis et la négociation. La dernière chose que souhaite le KMT serait un conflit militaire ouvert entre la Chine et le Japon à proximité des côtes de Taïwan.


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Par Hankuang Le 3/08/2012 à 00h20

Chine – Taïwan dialogue politique. Dialogue de sourds sur un terrain miné.

Il ne s’agit pas de « dialogue de sourds ». C’est plutôt vous qui le présentez ainsi, rien que dans l’intitulé « Chine-Taiwan » de cet article. Toutes proportions gardées, c’est comme si un Chinois va commenter les relations entre la Corse, ou la Réunion, avec la France au lieu de leurs rapports avec la Métropole ! Un autre exemple : à la fin de votre article, vous citez Lai Shin-yuan en lui attribuant le propos suivant : Taiwan est un « État souverain » alors qu’il s’agit d’une province chinoise contrôlée par un État, dont le nom officiel est la « République de Chine » !

Par La Rédaction Le 3/08/2012 à 08h12

Chine – Taïwan dialogue politique. Dialogue de sourds sur un terrain miné.

Question Chine ne prend pas parti. Le site se contente de décrire une situation et d’en analyser les causes et, si possible, les conséquences probables. Le titre de l’analyse ne fait que reprendre la manière la plus répandue d’évoquer la question, incompréhensible autrement. Tandis que la comparaison avec la Corse, souvent évoquée à Taïwan ou à Pékin, ne vaut pas.

S’il est vrai que la Corse est, à l’occasion, agitée par des mouvements indépendantistes, cette mouvance n’a jamais triomphé dans les scrutins démocratiques, comme ce fut, en revanche, le cas, à 2 reprises, à Taïwan. Il n’existe pas non plus dans l’Ile de Beauté, à Ajaccio, un parti à l’idéologie politique radicalement différente, qui se présenterait comme le dépositaire de la légitimité historique française, contre le gouvernement à Paris. Plus encore, la Corse n’est pas sous la pression de 1200 missiles balistiques pointés sur elle par l’armée française qui placerait l’organisation d’un référendum ou une déclaration d’indépendance de l’Ile sous la menace de représailles militaires.

Enfin, le commentaire souligne la différence d’appréciation entre Lai et Jia Qinglin, n°5 du Régime chinois, qui, en effet, est la matérialisation exacte d’un « dialogue de sourds », où - à tout le moins, lors du forum de Harbin, sujet et point de départ de l’analyse -, aucune des deux parties n’a accepté d’entendre les arguments de l’autre. Dans ce contexte, qui ne réunit pas les conditions d’un vrai dialogue sur le fond des choses, qui touche aux questions de souveraineté, les partisans du rapprochement pacifique de part et d’autre Détroit ont encore du pain sur la planche. Le plus préoccupant est que les chercheurs, dont on attend en général des solutions innovantes et apaisantes, se soient cette fois alignés sur le discours nationaliste pur et dur.

Par Taiwanisindependent Le 8/08/2012 à 13h36

Chine – Taïwan dialogue politique. Dialogue de sourds sur un terrain miné.

Je suis fatigué de devoir répéter des centaines de fois sur internet à des gens qui n’ont jamais mis les pieds a Taiwan que le nom « Republic of China » n’a absolument rien a avoir avec la Chine ( « People’s Republic of China »). Ce nom était une erreur politique. Hankuang mon pays Taiwan n’est pas sous l’autorité Chinoise et ne pas comparable a la relation France-Corse. Mais plutôt a la relation Grande-Bretagne-Usa. Nous Taiwanals avons fait le choix de la démocratie et liberté de pensée. Si vous ne comprenez pas ça alors allez voir de vous même. Les Taiwanais sont différents, plus généreux & polis etc... ils ont gardé la manières que la Chine a perdu pendant la révolution culturelle. Nous avons un gouvernement, des élections démocratiques une monnaie, une langue... je suis Taiwanais pas Chinois.

Par Anonyme Le 9/08/2012 à 11h55

Chine – Taïwan dialogue politique. Dialogue de sourds sur un terrain miné.

Cher Hankuang, quelle bonne idée de comparer Taiwan avec la Corse.
Votre connaissance historique ne vous aura pas fait rater ce point essentiel, qui est que la Corse a offert un grand chef d’État à la France après la révolution, et que c’est lui qui a unifié et codifié les règles de la grande terre et de l’île.
Je vois donc dans votre comparaison l’attente prochaine d’un président taiwanais au sommet de Zhongnanhai pour qu’il s’inscrive en beauté dans les acquis de la révolution maoïste.
Je salue l’ambition de votre propos.

Cordialement
EB

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