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Chine - Taïwan, les politiques de l’Île perdent la main

Hantise de l’absorption.

L’incident diplomatique de la commémoration de Fukushima rappelle la stratégie contraignante de Pékin qui entend confiner l’Île dans le périmètre d’une seule Chine et avancer coûte que coûte vers la réunification. Ajoutée aux élans commerciaux de la relation et aux patients efforts de Pékin pour augmenter son poids commercial et protéger son image auprès des populations de Taïwan, cette diatribe chinoise crée dans l’opposition le sentiment d’une dynamique irrésistible impossible à freiner, dont les politiques ont perdu le contrôle.

La crainte d’une absorption de l’économie de l’Île par le géant chinois hante les esprits, alors que les échanges entre les deux rives explosent à 160 Mds de $ par an (plus de 3 fois le commerce bilatéral avec l’Inde et près de 50 % de celui avec le Japon), en augmentation rapide ; alors que plus de 2 millions de touristes chinois viennent à Taïwan chaque année à bord plus de 600 vols directs ; que près de 2 millions de Taïwanais vivent et travaillent sur le Continent, tandis que 42 % des exportations de l’Île sont dirigées vers Hong-Kong et la Chine.

La hantise d’une assimilation incoercible vient de se manifester concrètement après la signature, le 21 juin d’un accord - encore à ratifier par le Yuan législatif - qui ouvre 55 secteurs des services aux investisseurs du Continent, dont la banque, l’édition, le tourisme, l’emballage, la logistique, la restauration, la location de voiture et les salons de beauté.

Après ratification, les facilités accordées ouvriraient le droit initial aux entrepreneurs chinois de séjourner trois ans sur l’Île extensibles sans restrictions, moyennant un apport initial de 200 000 $. Des conditions que l’opposition considère beaucoup trop laxistes et pouvant ouvrir la voie à une invasion pacifique de Taïwan par les hommes d’affaires chinois, d’autant que, dit l’opposition, l’accord n’offre pas ou peu de garanties pour la main-d’œuvre et les PME locales.

La crainte d’une vision des relations uniquement fondée sur les intérêts d’affaires et pouvant glisser par gravité vers la réunification refusée par la grande majorité des Taïwanais constitue le fond de tableau de la situation politique de l’Île. Elle porte en elle un important potentiel de crise, dont le détonateur se trouve dans la fracture entre la vision affairiste de l’avenir et le fond de conscience politique de ceux, et ils sont nombreux, qui auraient souhaité garder une prudente distance avec la « Grande Terre ».

Mais le mouvement est irrésistible. Poussant les entrepreneurs taïwanais vers la Chine, il ouvre aussi les portes des affaires taïwanaises aux Continentaux. L’accord du 21 juin autoriserait les investisseurs de l’Île à élargir leurs opérations en Chine, dans la finance, la santé (hôpitaux), la construction, le tourisme, le commerce en ligne.

Des agences de tourisme chinoises pourraient s’installer à Taïwan et il serait possible que des hôpitaux provinciaux du Continent soient contrôlés à 100 % par des investisseurs taïwanais, tandis que l’accord autoriserait des Chinois à signer des JV pour la gestion des hôpitaux de l’Île.

Selon Peter Kurz, directeur de la recherche économique sur Taïwan à Citigroup Inc., le secteur de la finance taïwanais serait le premier bénéficiaire de l’accord. La Banque de Taïwan qui cherche à ouvrir ses opérations à l’étranger ouvrira des agences à Shanghai et dans plusieurs provinces chinoises. La société taïwanaise de gestion d’investissements KGI Securities, contrôlée par la famille du milliardaire taïwanais Koo, envisage d’ouvrir des agences en JV avec un partenaire chinois à Shanghai, Shenzhen et dans la province du Fujian.

Le parti indépendantiste tente, pour l’instant sans trop de succès, de freiner ce mouvement qu’à Taïwan beaucoup appuient au nom de la logique du marché. Au sortir de son deuxième séminaire sur les relations il a réaffirmé que les relations dans le Détroit ne pouvaient pas être seulement calibrées par les affaires.

S’il est vrai que la proximité géographique et de culture constitue une incitation, il importe, précise le DPP, que l’Île garde le contrôle de ses actions économiques extérieures et que ses relations avec le Continent restent équilibrées et équitables, capables de protéger son marché des capitaux et ses technologies. Surtout l’Île doit sauvegarder ses valeurs sociales et politiques, articulées autour de la solidarité et de la liberté.

Un des meilleurs exemples des luttes d’influence en cours dans le Détroit est l’échec au printemps de la tentative de reprise par le magnat de la presse Tsai Eng-meng, connu pour ses sympathies pro-chinoises, des éditions taïwanaises de deux publications à tendance libérale, Appel Daily et Next Magazine interdites en Chine pour leur positionnement anti Pékin. La vente a été bloquée suite aux protestations du DDP et peut-être parce que Pékin a considéré qu’il s’agissait d’un combat peu favorable à son image dans l’Île.

Sources.

- Striving for New Equilibria
- Ministry of commerce people’s republic of China, Statistics of Mainland-Taiwan Trade and Investment in January-March 2013
- Mainland China-Taiwan trade up 36.4% in Jan-Feb
- Taipeitimes.com
- Chinapost.com.tw
- Etaiwannews.com
- Taiwansecurity.org
- English.cw.com.tw


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