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›› Politique intérieure

Chocs de cultures en Chine et résurgence des tensions avec l’Occident

La question est d’autant plus pertinente que des intellectuels chinois se posent eux-mêmes la question et tentent d’inciter le pouvoir à reconsidérer sa politique, comme l’avait d’ailleurs fait Hu Yaobang lui-même pour le Tibet avant d’être limogé par Deng Xiaoping.

Ces derniers soulignent comme Zhang Boshu, membre de l’Académie des Sciences Sociales, qu’il est nécessaire d’initier un débat autour des questions « de sentiment religieux et d’identité ethnique » ainsi que « sur la cause profonde des conflits d’intérêts » au cœur des frustrations des populations locales. Ces remarques, valables pour le Tibet, le sont à l’évidence aussi pour le Xinjiang.

Par les temps qui courent, marqués partout dans le monde par la résurgence des particularismes dont la force est puissamment relayée par l’ubiquité et la rapidité des moyens d’information modernes, l’obsession chinoise d’uniformité, verrouillée par un concept politique de centralisation rigide et une tendance ancestrale à gommer les différences, appuyée par une propagande pro Han qui aggrave encore le fossé entre les cultures, nourrit peut-être d’importants risques pour l’avenir.

Dans cette province occidentale, la plus éloignée de la capitale chinoise (près de 4000 km), l’obsession d’uniformité va jusqu’à imposer aux populations locales l’heure de Pékin, que d’ailleurs les Ouïghours, vivant à leur rythme, ne respectent pas. Il suffit de se promener quelques jours dans la région pour se rendre compte à quel point les deux ethnies Han et Ouïghour vivent en marge d’une de l’autre. Une observation qui contredit les affirmations de la propagande selon lesquelles la seule origine des troubles serait l’ingérence d’éléments perturbateurs extérieurs.

Pour l’heure, tandis que les questions ethniques s’exacerbent, c’est l’image de la Chine à l’étranger et plus particulièrement en Occident qui souffre, alors qu’en Chine monte un fort sentiment nationaliste encore accru par les critiques européennes et américaines - et dernièrement turques - perçues comme autant d’ingérences inadmissibles.

Ces tendances inverses, les unes très critiques à l’égard de Pékin, les autres arc-boutées à l’idée d’un complot extérieur contre la Chine, portent en elles les germes de graves malentendus, peut-être de dangereuses tensions entre le vieil Empire du Milieu et le reste du monde et plus particulièrement avec les pays occidentaux.

Alors qu’il y a encore peu la Chine disposait d’un important capital de sympathie, en partie grâce aux réussites de sa modernisation rapide, aux succès de sa lutte contre la pauvreté et à l’attrait de son marché, tout indique que les crispations chinoises autour des crises récurrentes avec ses minorités dans une Chine peut-être moins monolithique que ne le prétend la légende, laissent des traces négatives dans l’opinion occidentale. A celles-ci s’ajoutent les raidissements de la crise économique, qui poussent la Chine à dresser de nouveaux obstacles à l’accès de son marché et à se montrer moins efficace dans sa lutte contre la contrefaçon.

Selon une récente enquête réalisée par l’institut de sondage américain Pew Research Center for the People and the Press, et citée dans Asia Times par David Gosset, directeur du Centre Sino Européen pour le commerce et les affaires internationales, 47 % des Américains considéraient la Chine comme une menace majeure, tandis qu’en Europe, 72% des Français et 68% des Allemands avaient d’elle une appréciation négative.

Mais dans le même temps, l’opinion des Chinois sur eux-mêmes s’était très largement améliorée puisque la proportion de ceux qui se disaient satisfaits de l’évolution de leur pays est passée de 48% en 2002 à 88 % en 2008, il est vrai, à la veille des JO, dans le contexte d’une indéniable réussite d’image, largement instrumentalisée par la propagande du Parti.


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