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Crispations irrationnelles en Asie

Démangeaisons impériales en mer de Chine du Sud

L’irrationnel nationaliste recélant un important potentiel explosif qui voisine aujourd’hui avec la quête de ressources est aussi à l’œuvre en Asie du Sud-est, où, refusant la médiation de l’ASEAN, n’acceptant qu’avec de fortes réticences et sous certaines conditions l’arbitrage du Tribunal des NU pour le Droit de la mer, cherchant à préserver sa position de force en retardant la mise sur pied d’un dialogue multilatéral, Pékin affirme une stratégie de souveraineté sur la quasi totalité de la mer de Chine du Sud qui heurte directement les intérêts de plusieurs pays de la zone.

En dépit de l’effort des chercheurs chinois pour donner un fondement juridique solide à cette revendication qui s’exprime par la « Ligne en 9 traits en forme de U » dont la carte a été adressée par Pékin aux NU le 7 mai 2009, les experts indépendants continuent à nier la pertinence au regard du Droit international contemporain des arguments de Pékin, presque uniquement appuyés par la « légitimité historique ».

Après la note verbale chinoise du 7 mai 2009, Hanoï et les Philippines rejetèrent officiellement les prétentions chinoises. Surtout, le 8 juillet 2010, l’Indonésie, pays de l’ASEAN non impliqué dans les querelles prenait officiellement position contre la Chine par une note officielle adressée aux NU affirmant l’absence de fondement légal des revendications chinoises contraires à la Convention des NU de 1982 sur le Droit de la mer.

L’argumentation ne modifia pas la position officielle de la Chine ni la rhétorique des chercheurs du régime refusant assez largement tout compromis, certains insistant même sur la nécessité de préparer l’opinion publique à un conflit. Dans la foulée plusieurs chercheurs chinois ont récemment orienté leur discours vers la menace militaire. En mai dernier, Han Xudong, professeur à l’Université de la Défense Nationale expliquait à une radio de Shanghai que la controverse en mer de Chine du sud ne serait pas résolue par la diplomatie et qu’il fallait « frapper militairement » les pays qui tentaient de s’approprier les ilots appartenant à la Chine.

Depuis qu’en janvier 2013, après l’échec de la conférence de l’ASEAN à Phnom-Penh (printemps été 2012), Manille a officiellement demandé l’arbitrage du Tribunal International des NU sur le Droit de la Mer, les Philippines sont devenues la principale cible des critiques chinoises. En avril le nouveau ministre des Affaires étrangère Wang Yi déclarait que la stratégie de Manille visait à nier les Droits souverains de la Chine en appuyant « son occupation illégale des îlots contestés » par une manœuvre aux NU dont « seule l’apparence était légale ».

Défaut de gouvernance mondiale, impuissance européenne.

A une époque où ce qui manque le plus à la planète est une gouvernance mondiale sur la solution des conflits, la prolifération nucléaire, l’énergie, l’eau et la préservation de l’environnement, ce rejet des règlements internationaux est d’autant plus préoccupant qu’il s’accompagne de menaces militaires. L’attitude rigide de la Chine, calibrée par une pression nationaliste interne à l’occasion attisée par le Régime lui-même, éloigne la communauté internationale de solutions globales et pacifiques. Elle la rapproche d’autant plus de catastrophes que Pékin n’est pas le seul pays à considérer que les obligations du Droit international doivent être limitées par ses intérêts stratégiques.

A cet égard, il n’est pas inutile de rappeler les réticences du Congrès des États-Unis à ratifier nombre de conventions internationales, y compris celle sur le Droit de la mer, au centre des querelles de souveraineté en Asie du Sud-est. Enfin il n’y a pas qu’en Asie où la raison stratégique se double de la passion nationaliste. Alors qu’on l’en croyait guéri, elle resurgit sur le Vieux Continent au milieu de questionnements sur l’identité et les raidissements ethniques et religieux.

Quant à la bureaucratie européenne victime des rivalités nationales qui la paralysent, son aversion pour les passions politiques est à point exacerbée qu’elle en a perdu le goût de la puissance en même temps que son influence stratégique en Asie. Ses capacités d’arbitrage désormais évaporées, elle laisse face à face Pékin et Washington, les deux rivaux historiques dont la compétition structure le paysage stratégique de la région et dont la Vieille Europe est absente.

Lire également nos articles :
- Relations Chine-Japon. Les non-dits de l’irrationnel
- Chine - Japon. Un remarquable exercice de tolérance diplomatique
- Tensions avec l’Inde. La version dure de la puissance douce


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