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De la bureaucratie d’État vers la société civile. L’itinéraire d’un fonctionnaire atypique

Wang Zhenyao n’en reste pas moins enthousiaste et déterminé, bravant souvent les jugements de ses pairs qui le considèrent comme un idéaliste rêveur. A l’Université Normale une de ses premières interventions a consisté à proposer un système de donations spontanées des plus riches qui verseraient 10% de leurs revenus annuels à une caisse nationale d’entraide.

Le mouvement d’aide humanitaire, développé par une société civile de plus en plus réactive est au demeurant en plein essor depuis le séisme du Sichuan au printemps 2008. Les fonds d’aide publique et privée se sont multipliés et de nouvelles règles ont été établies pour les donations des Chinois d’Outre mer. En même temps, Wang expose inlassablement ses thèses dans les médias, brisant le silence des bureaucrates prudents, exhortant l’administration à accorder plus d’importance aux programmes sociaux et à laisser plus d’autonomie à la société civile.

L’action de ce fonctionnaire philanthrope à la fois patient et passionné, qui réclame à sa manière un réajustement des priorités du pouvoir et un assouplissement du carcan policier qui tient la société civile sous contrôle, est à mettre en parallèle avec une autre forme d’engagement plus directe, qui renvoie aux mises en garde de Wang sur les risques de crises sociales.

Le 5 juillet dernier, l’activiste Yu Jie a été retenu plusieurs heures dans les locaux de la sécurité publique à Pékin pour avoir exhorté le Premier Ministre Wen Jiabao à réduire les dépenses de sécurité interne, dont une partie pourrait-être consacrée à des programmes sociaux.

Selon lui le budget dédié aux contrôles policiers de la société avait augmenté de 47,5 % en une année pour atteindre 514 milliards de Yuan (60 milliards d’euros). « La stabilité produite par les contrôles policiers est illusoire et fragile » écrit Yu Jie dans une lettre ouverte adressée au Premier Ministre et mise en ligne dans le site Guancha.org (l’observateur). Provocateur, il rajoute : « si le carcan de la sécurité d’état n’est pas desserré rien ne pourra plus garantir l’avenir du Parti ».

Déjà au printemps 2009, le professeur Sun Liping, docteur en sociologie de l’Université de Qinghua, analysant le phénomène d’une société civile bridée dans ses élans, écrivait « notre analyse des risques est biaisée. Ma thèse est que ce qui menace le plus la société chinoise n’est pas l’instabilité, mais la sclérose et, à terme, la nécrose et la décomposition. » (voir l’article de questionchine.net du 11 avril 2009 : « l’obsession de stabilité sociale, principal obstacle au développement d’une société civile dynamique et responsable »).

C’est bien parce qu’il a perçu ces risques que Wang Zhenyao a décidé de quitter l’administration qu’il juge trop lente et souvent inefficace, pour tenter de canaliser les énergies et les rancœurs nées des déséquilibres sociaux. Le journal Caixin explique que l’épidémie d’attaques au couteau et les meurtres de jeunes écoliers dans les écoles primaires en avril dernier a accéléré sa démarche.


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