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De la guerre électronique aux « cyber conflits ». La Chine en première ligne

Capacités opérationnelles militaires. Sun Zi à la rescousse.

Les opérations du temps de paix visent à la captation d’informations, à la déception ou à la désinformation. Elles peuvent aller jusqu’à la mise en panne de systèmes adverses. Celles du temps de guerre seraient d’autant plus graves qu’elles engagent la sécurité des troupes engagées dans les opérations, pouvant même aller jusqu’à compromettre leur succès. Elles tirent partie de la sophistication des équipements, d’autant plus vulnérables que beaucoup d’opérations dépendent de connexions internet, principale voie d’intrusion des virus.

La Chine, qui depuis plus de 10 ans affirme vouloir se mettre en mesure de participer si nécessaire à un conflit en ambiance « high-tech » - avec en arrière pensée le théâtre de Taïwan - a, on l’a vu, consacré d’importants moyens humains techniques et financiers pour le développement d’équipements de guerre électronique dernier cri, pour la formation de spécialistes de haut niveau et la création de structures opérationnelles capables de commander et de coordonner des opérations de « cyber-guerre », qu’elles soient offensives ou défensives.

Elle sera donc à l’avenir de plus en plus capable, au même titre que les autres nations avancées, d’interférer dans les systèmes de commandement adverses, de les brouiller, voire de les rendre inopérants. Plus encore, ses capacités d’intrusion pourraient permettre des manœuvres de déception destinées à créer des frictions à l’intérieur du système d’alliance américain sur le théâtre du Pacifique occidental avec certains pays de l’ASEAN, la Corée du Sud ou le Japon.

Dans le cas d’un conflit dans le détroit de Taïwan, qui, répétons le, structure la modernisation de l’APL, toute la littérature ouverte chinoise indique que son objectif « hard » est de créer un système intégré de satellites et de radars de détection connectés à un arsenal offensif, à base de missiles balistiques, le tout lié à des hautes capacités de guerre électronique, capable, par la menace qu’il représente, de tenir à distance les unités de la marine américaine.

Les intrusions électroniques pourraient, par exemple, perturber le guidage des missiles adverses et gêner les opérations de ravitaillement en vol, éléments essentiels de la maîtrise de l’air au-dessus du Détroit, elle-même condition du succès ou de l’échec d’une opération militaire directe contre Taïwan.

A quoi s’ajoutent les possibles dérèglements des dispositifs de commandement et de la chaîne logistique adverse. Ces dysfonctionnements pourraient avoir pour conséquence l’annulation pure et simple d’une intervention de l’US Navy, dont la supériorité sur celle de l’APL placerait la Chine en position délicate en cas d’affrontement direct. Maints analystes ont à ce sujet évoqué la stratégie oblique enseignée par Sun Zi, dont le buste trône toujours à l’Université de la Défense Nationale.

La référence est encore plus pertinente si on se réfère aux intentions « soft » supposées de la Chine qui spéculent sur l’utilisation des agressions électroniques virales chinoises pour jeter le trouble dans les alliances américaines de la zone et atteindre l’objectif plusieurs fois millénaire de « vaincre sans combattre ».

Enfin, certains stratèges jamais en mal d’hypothèses angoissantes, vont même plus loin et supposent que la multiplication des intrusions observées actuellement sont partie d’un plan de déception visant à induire chez l’adversaire l’hypothèse que les capacités chinoises d’intrusion sont d’ores et déjà en mesure de paralyser le système de commandement américain. Une prise de conscience qui aurait pour conséquence l’affaiblissement de l’engagement de Washington en faveur de Taïwan.

L’analyse renvoie à quatre constantes de la situation chinoise. La première rappelle les immenses efforts de rattrapage et de modernisation consentis par Pékin depuis 30 ans ; la deuxième souligne les extraordinaires capacités de mise en cohérence et de regroupement des talents du système chinois autour d’un projet quand celui-ci est jugé indispensable ;

la troisième fait référence aux stratégies obliques inscrites dans l’ADN de ce peuple qui répugne aux affrontements directs ; la quatrième enfin, à la fois plus prosaïque et plus actuelle, remet en mémoire l’ardente obligation de qualité, dans un contexte où le schéma ancien de développement, articulé autour des approches quantitatives, gaspilleuses et dévoreuses de ressources, devient obsolète.

Dans ce contexte la condition essentielle de cette montée en gamme qualitative reste bien l’acquisition de nouvelles technologies dans tous les secteurs. Avec l’ajustement politique et l’accompagnement social de l’urbanisation en cours, cette exigence constitue le plus grand défi des dirigeants chinois pour les années à venir. Il est d’autant plus complexe que les pays détenteurs des hautes technologies sont aujourd’hui de plus en plus enclins à les protéger.

Sources : Question Chine. Rapport de Northrop Grumman.corp, mars 2012 : « Chinese capabilities for Computer Network Operations and Cyberespionage. ». Global Times. Quotidien de l’Armée.


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