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Sans surprise, la publication des résultats du recensement a relancé le débat sur la politique de l’enfant unique dont les plus ardents détracteurs ont redonné de la voix : « La chine est déjà engagée à pleine vitesse sur la pente de la décroissance démographique et du vieillissement et on continue d’appuyer sur la pédale d’accélérateur. Ca n’a aucun sens », expliquait Wang Feng du département des politiques publiques de l’université Qinghua.
(Voir notre article).
Mais le pouvoir, qui a cependant déjà beaucoup amendé la loi sur l’enfant unique, hésite toujours à l’abroger. Le 27 avril dernier, le Président Hu Jintao déclarait que « la Chine continuerait à maintenir et à améliorer sa politique de faible natalité », ce qui laisse à penser que rien ne changera au fond. De nombreux chercheurs pointent cependant du doigt la faiblesse des systèmes de retraite et des filets sociaux, dans un contexte où la charge des vieux parents devient trop lourde pour les enfants uniques.
Enfin, en ces temps d’inquiétudes économiques mondiales, les analyses chinoises commencent à étudier l’impact de la modification de la structure démographique de la Chine sur le schéma de développement du pays. Dans ce contexte, Ba Shusong chef économiste au Centre de Recherche pour le développement attaché au gouvernement, explique que « la main d’œuvre bon marché et pléthorique allait diminuer » et que « la fenêtre d’opportunité des dividendes démographiques se fermerait bientôt ».
Il ajoutait que « la convergence des conséquences de l’effritement de la main d’œuvre bon marché et du vieillissement de la population entraînant une augmentation rapide du nombre des retraités dépendant de leur famille et des filets sociaux, constituera un énorme défi (...). L’augmentation des salaires provoquera une hausse des coûts de production et une baisse systémique de la croissance ».
Pour éviter que les troubles sociaux ne fassent tâche d’huile le pouvoir a, en 2010, déjà augmenté de près de 11% le salaire moyen dans les campagnes - soit 4% de plus que les augmentations consenties pour les zones urbaines -. Ces hausses concernent une partie des 250 millions de paysans travaillant hors du secteur rural, dont 153 millions sont des migrants vivant, pour la plupart sans leur famille, loin de leur région d’origine.