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Diplomatie chinoise et méfiances indiennes

BRÈVES (2)

Chine – Allemagne.

La visite de Li Keqiang en Allemagne, les 26 et 27 mai, dernier volet de son premier voyage à l’extérieur a été dominée par la querelle tarifaire lancée par la société Solarworld AG, le n°1 allemand des panneaux solaires qui accuse la Chine de dumping. Si les sanctions contre la Chine étaient mises en œuvre – la décision finale pourrait intervenir le 6 juin -, avec notamment des taxes de 47% sur les produits chinois, elles heurteraient directement les intérêts des fabricants chinois et augmenteraient le coût des installations solaires en Europe.

Au sein de l’UE les représentants du secteur écologique s’élèvent pour faire obstacle à la guerre commerciale qui freinerait la bascule vers des énergies propres, notamment en Allemagne engagée dans l’abandon du nucléaire. Angela Merkel qui fut un des artisans des bonnes relations entre Pékin et Berlin, a promis à Li Keqiang violemment opposé aux représailles envisagées par la Commission, de s’entremettre pour désamorcer les tensions. Lire aussi : Chine – Allemagne – Europe. Le grand malentendu.

Chine – Corée du Nord.

La visite en Chine les 23 et 24 mai derniers de Choe Ryong-hae, présenté comme un envoyé spécial de Kim Jong-un, marque peut-être une évolution notable de la situation au milieu des tensions à l’œuvre depuis la mort de Kim Jong-il et marquée par une succession de provocations de Pyongyang, sur fond d’agacement chinois et de durcissement de Washington.

Après avoir rencontré plusieurs hauts dirigeants à Pékin, dont Liu Yunshan, n°5 du parti, grand maître de la propagande et le général Fan Changlong, vice-président de la CMC, qui fut longtemps commandant la Région Militaire de Shenyang, limitrophe de la Corée du Nord, Choe a finalement été reçu par Xi Jinping, alors que des rumeurs avaient laissé entendre que ce RV au plus haut niveau n’aurait pas lieu. Le Président chinois, disait la rumeur, aurait ainsi exprimé son désaccord avec les récentes bravades de Pyongyang. Certains observateurs en ont conclu que le RV aurait été conclu après des concessions nord-coréennes. Rien n’est moins sûr.

De la rencontre avec le n°1 chinois, on retiendra que ce dernier a rassuré son interlocuteur sur l’appui de la Chine, mais qu’il a exprimé, plus clairement qu’à l’habitude, la volonté de Pékin de dénucléariser de la péninsule. Xi Jinping a ajouté qu’il était opposé aux provocations militaires de quelque bord qu’elles viennent et exprimé son souhait que la crise soit réglée par le dialogue, exhortant Pyongyang à revenir à la table du dialogue à six.

S’exprimant au nom de Kim Jong-un, le vice-maréchal Choe a confirmé l’amitié entre Pékin et Pyongyang, ce qui laisse supposer une prochaine visite en Chine du petit fils yde Kim Il-sung. Selon un commentaire de Liu Yunshan, Pyongyang serait maintenant préoccupé par le développement de son économie. Enfin, la déclaration la plus importante pourrait être celle où Choe a affirmé que son pays serait prêt à reprendre les négociations avec toutes les parties concernées, par le truchement du dialogue à six dont il avait claqué la porte en 2009, ou par tout autre canal.

Mais, remettant les enthousiasmes en perspective, un article paru le 27 mai dans le journal sud-coréen Hankyoreh à tendance progressiste, doutait que Pyongyang accepte de renoncer à l’arme nucléaire. « Le fait que Choe n’ait pas mentionné une seule fois l’abandon de son programme atomique militaire, en dépit de l’insistance de la Chine, augure mal des négociations à venir ». Le journal rappelle d’ailleurs qu’en janvier 2013, le régime avait précisé qu’il n’y aurait pas de négociations sur son programme nucléaire et qu’il estimait devoir être traité comme un détenteur reconnu de l’arme nucléaire.

Dans ce contexte, la question est de savoir ce que fera la Chine, en dehors de tenter de convaincre Washington de reprendre le dialogue, sachant que la Maison Blanche exigera assez vite que les conversations traitent du désarmement nucléaire de Pyongyang que les États-Unis considèrent comme un préalable.

Chine – Conseil arctique.

Le 15 mai, le Conseil arctique - Canada, Danemark, Finlande, Islande, Norvège, Russie, Suède, États-Unis - réuni à Kiruna en Laponie suédoise a accueilli 6 nouveaux observateurs permanents dont la Chine.

Cette dernière est entrée dans le cercle des pays ayant désormais voix au chapitre sur l’organisation et la mise en valeur de la zone riche en ressources, en compagnie de 5 autres nouveaux membres que sont l’Inde, le Japon, Singapour, l’Italie et la Corée du Sud. A noter que la décision d’admettre l’UE est restée en suspens en attendant la solution d’un différend avec le Canada à propos du commerce des produits de la chasse aux phoques.

La querelle entre Ottawa et Bruxelles n’est qu’un indice des compétitions à venir à propos de l’exploitation des hydrocarbures et des ressources minières dans une zone que le changement climatique rend plus accessible. Les risques pointent à l’horizon au milieu des exhortations écologiques qui s’inquiètent des conséquences néfastes d’une industrialisation massive sur l’environnement fragile du pôle nord. En prévision de catastrophes à venir, la Conseil a d’ailleurs adopté à Kiruna des procédures de réaction à d’éventuelles fuites d’hydrocarbures.

Dans sa déclaration finale et malgré les préoccupations écologiques des experts, le Conseil a reconnu l’importance économique de la zone. Aux richesses du sous-sol s’ajoutent les nouvelles opportunités des routes commerciales par le pôle ouvertes de plus en plus longtemps chaque année, permettant de raccourcir considérablement les durées de transport entre l’Europe et l’Asie.

Un nouvel avantage que les acteurs du transport maritime mondial considèrent avec de plus en plus d’attention. Cette question est également porteuse de controverses puisque certains pays dont le Canada et la Russie prétendent exercer un droit de regard sur le trafic qui emprunte ces routes.
Lire aussi (Rubrique Technologies - Énergie) : http://www.questionchine.net/le-grand-jeu-tres-encombre-de-l-arctique-la-difficulte-des-strategies-chinoises


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