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Diplomatie chinoise : les faux espoirs, les faux semblants et le poids des réalités

2. Intentions cachées.

Le 21 septembre, peu après la mise au point européenne, le Quotidien du Peuple publiait une analyse réfutant l’idée d’une stratégie de marchandage de la Chine ayant subordonné son aide financière à l’UE à des concessions politiques (reconnaissance du statut d’économie de marché et - non mentionnée par Wen Jiabao, bien que présente dans la conscience de tous les dirigeants chinois - la levée de l’embargo européen sur les ventes d’armes).

« La Chine n’a pas fixé de conditions pour aider financièrement l’UE », expliquait le Quotidien du Peuple, qui reprenait une phrase du porte parole du ministère du commerce Shen Danyang, ajoutant « qu’entre 2009 et 2010, les investissements chinois en Europe avaient triplé » et que « près de 150 membres de l’OMC avaient déjà reconnu à la Chine le statut de l’économie de marché ».

Sur ces 2 derniers points il faut cependant préciser qu’aucun des grands partenaires commerciaux occidentaux de Pékin - essentiellement les pays de l’UE et les Etats-Unis - n’a à ce jour accordé à la Chine ce statut d’économie. Parmi les Occidentaux, seule la Nouvelle-Zélande a franchi ce pas en 2004.

Par ailleurs, s’il est vrai que les investissements chinois en Europe ont augmenté, la part qu’ils représentent au regard de la somme des investissements chinois dans le monde – dont la majorité transite par Hong Kong et les paradis fiscaux des Virgin Islands et de Iles Cayman (80%) – est encore faible (4%).

On rappelle souvent les prises de participation dans les ports européens ou les 800 millions d’Euros investis par COSCO pour prendre le contrôle du port du Pirée (qui pour l’heure n’ont toujours pas été matérialisés). Mais ces exemples restent marginaux - le port du Pirée n’est pas Rotterdam et, en dépit des commentaires alarmistes, ce qui caractérise toujours les investissements chinois reste leur très grande prudence, avec une part importante dédiée aux activités de commerce (51%) - bureaux de représentation, leasing, distribution -, aux ressources et aux investissements financiers (35%), tandis que les investissements dans les activités de production ou dans l’agriculture ne représentent que 8%.

S’il fallait une confirmation des priorités chinoises, calibrées à l’aune de la circonspection ou de la retenue, elle a été fournie par un article du Quotidien du Peuple du 20 septembre qui rappelait que la Chine allait continuer à acheter des bons du trésor américains, ce qui contredit certaines analyses européennes selon lesquelles la Chine se désengagerait du $ au profit de l’€.

L’article concluait même en citant un professeur d’université de Shanghai qui anticipait qu’en 2015, Pékin détiendrait 3000 Milliards de $ de bons du trésor américains, soit plus du double de ce que détient actuellement la Banque de Chine.

La vérité est que, dans un contexte où Bruxelles et les grands pays de l’UE peinent à prendre la mesure des risques posés par les dettes souveraines, retardant indéfiniment une action concertée et efficace, Pékin qui réaffirme sa volonté d’aider les pays de l’UE, se méfie en réalité de l’Euro.

Dans cette situation mi figue mi raisin, où la Chine affirme une démarche « désintéressée », mais clame sa déception de ne pas avoir, une fois de plus, pu accéder au statut d’économie de marché en Europe, il sera intéressant d’observer le déroulement du prochain sommet économique Chine – Europe, prévu le 25 octobre prochain à Tianjin, dont l’objectif sera, entre autres, de tenter de négocier avec les 27 pays de l’UE un cadre commun pour les investissements croisés.


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