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Diplomatie chinoise : les faux espoirs, les faux semblants et le poids des réalités

En bref.

• Chine – Xinjiang : Fin août, un groupe islamiste dénommé Parti Islamiste du Turkestan (Turkestan Islamist Party – TIP - en acronyme anglais) aurait diffusé une vidéo réclamant la responsabilité des attaques terroristes dans le sud du Xinjiang (Kashgar et Hotan) ayant fait plus de 40 morts en juillet dernier. La même organisation avait déjà menacé de déclencher des attentats lors des JO de 2008 et se réclame de liens avec Al Qaida.

• Livre Blanc sur le développement pacifique : Le 7 septembre la Chine a publié un Livre Blanc sur son développement pacifique. Ce dernier, qui est un bel exemple de propagande, insiste sur l’objectif qui consiste à « réaliser la synthèse entre le développement humain chinois et celui du monde, pour des relations internationales harmonieuses ».

La partie consacrée aux relations internationales met l’accent sur la contribution chinoise à la paix du monde, notamment sur la promotion de la « démocratie » dans les relations entre états, les efforts pour un développement plus équilibré de la planète et la promotion de la diversité culturelle.

Le discours chinois sur sa propre montée en puissance a ceci de particulier qu’il semble prendre en compte les craintes de la communauté internationale et plus spécialement des pays asiatiques face à l’émergence de la Chine. Cette préoccupation était déjà inscrite dans les recommandations que Deng Xiaoping avaient faites à son peuple et dans les assurances qu’il avait données à la communauté internationale.

Pour rassurer leurs voisins, l’Asie et le Monde, les élites chinoises ont concocté un discours sur « l’émergence pacifique de la Chine ». Ce terme est apparu pour la première fois lors du sommet de Boa’o à Hainan en 2003 (forum d’affaires asiatique, genre Davos), dans un discours resté fameux prononcé par Zheng Bijian, l’un des plus célèbres idéologues du Parti, ancien vice-président de l’Ecole du Parti et de l’Académie des Sciences sociales et intitulé : « Zhongguo Heping Jueqi » - 中国和平崛起 -.

Aujourd’hui la Chine préfère se qualifier elle-même de « 1er pays en développement ». Il reste que, récemment, la résurgence sur un mode plus agressif des revendications chinoises en Mer de Chine a inquiété les pays riverains, et en premier lieu les Philippines et le Vietnam. Avec la récente visite à Pékin, fin août, du Président Aquino et la visite du Conseiller d’Etat Dai Bingguo à Hanoi (7 septembre), Pékin a entrepris une correction de trajectoire, destinée à réparer les dégâts diplomatiques des récentes échauffourées en Mer de Chine (Voir notre article).

L’avenir dira si la manœuvre a réussi à désamorcer la controverse majeure liée à la revendication par la Chine de toute la Mer de Chine du sud, que ni les Philippines ni le Vietnam n’ont l’intention de mettre sous le boisseau.

• Chine – Libye : Le 12 septembre la Chine a reconnu le CNT libyen et affirmé son souhait de travailler avec lui pour assurer une transition politique sereine et le développement des relations sino-libyennes. Ajoutant : « Nous espérons que les différents traités et contrats signés par le passé entre la Chine et la Libye resteront en vigueur et seront consciencieusement mis en œuvre ». Peu après le CNT acceptait de reconnaître les contrats avec la Chine. Il est vrai que Pékin pouvait faire pression pour retarder sinon bloquer la libération des avoirs financiers de Kadhafi.

• Chine – Taïwan : Le 20 septembre, Pékin a condamné la décision de Washington de moderniser les 114 F-16 de l’armée de l’air taïwanaise. La mauvaise humeur est, selon toute vraisemblance, de façade, car Pékin craignait surtout que Washington accepte de vendre à l’Ile des appareils F-16 CD, neufs et plus modernes, comme le réclamaient les Taïwanais depuis 2 ans.

La dernière vente à Taïwan d’une série d’équipements modernes en janvier 2010 (missiles Patriot anti missiles, hélicoptères de transport et chasseurs de mines) pour une valeur de 6,4 Mds de $, avait entraîné la rupture des relations militaires avec la Chine qui viennent à peine de reprendre.

A la Maison Blanche, le courant de pensée dominant est qu’une nouvelle crise avec la Chine a été évitée. A Taïwan, où Ma Ying Jeou avait plusieurs fois insisté pour pour la livraison d’appareils neufs, l’heure est à la consternation discrète, mêlée d’inquiétude.

Les milieux de la défense taïwanais, qui constatent que la distance avec Washington se creuse, appellent les Etats-Unis à soutenir la mise en place d’une industrie de défense capable de produire par elle-même des équipements modernes.

• Chine - Corée du Nord. Le 21 septembre, le Quotidien du Peuple a publié un long article sur la coopération économique avec la Corée du nord, notamment en matière d’extraction de minerai de fer, secteur dans lequel l’auteur signale aussi la présence de Pramod Mittal, une filiale d’Arcelor Mittal, et de l’Anglais Global Steel Holding qui négocie une part dans la mine de Musan, sur la frontière chinoise, 450 km au Nord-est de Pyongyang avec réserves estimées à 5 Mds de tonnes.

En attendant, la Chine est présente depuis 2006 avec Sinosteel et Shougang qui importent chaque année pour 2 millions de $ de minerai de fer, ce qui, au prix du moyen du marché, représente 14 000 tonnes, soit une infime partie des importations globales de la Chine, évaluées en moyenne à 600 millions de tonnes par an, qui correspondent à plus de 50% du minerai de fer commercialisé dans le monde.

Pékin a également entrepris à ses frais la construction d’un deuxième pont sur le Yalu vers la Corée du Nord, à deux voies, long de 6 km pour une valeur de 140 millions d’Euros. La relation avec la Corée du Nord, aujourd’hui franchement tournée vers la coopération économique et l’aide au développement, correspond également à une « correction de trajectoire ».

Sur cette question, la position de la Chine a évolué depuis la 2008, en même temps que Pékin prenait de l’assurance sur la scène internationale, à la faveur de ses performances économiques et du succès des JO.

Jusqu’en 2008, en effet, Pékin donnait alors l’impression qu’à l’heure de la modernisation rapide, de la conquête de l’espace et des innovations high-tech, dont se glorifie le vieil Empire du Milieu, la survivance, dans sa proximité immédiate de cet allié historique insolite, discrédité mais dangereux, économiquement ruiné, tenant d’une idéologie moribonde qui affame sa population, était devenue pour la Chine moderne un anachronisme encombrant.

A cette époque, les visites de Kim Jong Il en Chine étaient, contrairement à aujourd’hui, tenues secrètes. Mais les choses ont changé avec la volonté de Pékin d’affirmer sa liberté de manœuvre face aux pressions de Washington et Séoul.

En 2009, un mois après la 2e explosion nucléaire nord-coréenne on assistait aux visites croisées du fils de Kim Jong Il en Chine, du Premier Ministre et du Ministre de la défense chinois à Pyongyang ; après le torpillage de la corvette sud-coréenne Cheonan en 2010, où Pyongyang a nié sa responsabilité, la Chine s’abstenait de condamner la Corée du Nord. Au lieu de cela, elle accueillait ostensiblement Kim Jong Il trois fois en visite en l’espace d’une année.


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