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Effervescences nationalistes aux approches de la Chine

Photo : F-18 Hornet de l’aéronavale américaine sur l’ancienne base américaine de Clarck aux Philippines durant la manœuvre « Balikatan », 30e du genre, du 5 au 16 mai 2014.

Les résistances de Manille et Hanoï embarrassent Pékin

Au Philippines dont le gouvernement a assigné la Chine au tribunal des NU sur le droit de la mer à La Haye, l’hostilité anti-chinoise est ponctuée de fréquents incidents dont le dernier en date a eu lieu le 7 mai quand 11 pêcheurs de tortues de mer chinois basés dans l’île de Hainan ont été arrêtés par la police maritime de Manille à proximité du récif de Hal Moon, à 60 miles marins à l’ouest de la cote sud de Palawan.

Manœuvres militaires avec les Américains. « La menace chinoise »

Alors que Pékin qualifiait l’incident « d’acte de piraterie » et s’apprête à riposter, au même moment avait lieu l’exercice annuel « Balikatan » (« Épaule contre épaule ») qui met en présence 3000 militaires philippins et 2500 américains, principalement dans l’Île de Luçon, 500 miles marins au nord du lieu de l’incident des pêcheurs de tortue. En dépit des discours de circonstance de Washington qui focalisent sur « l’entraînement pour réagir aux catastrophes naturelles », la manœuvre qui met en œuvre, en autres, des chasseurs F-18 s’entraînant à l’appui feu de troupes au sol, est directement dirigée contre « la menace chinoise ».

Si la Maison Blanche s’exerce aux précautions oratoires, Alberto del Rosario, le ministre des Affaires étrangères philippin, coutumier des dénonciations sans réserves de « l’impérialisme chinois » et à l’origine de la plainte contre Pékin au tribunal international, n’y va pas par quatre chemins : « l’exercice a pour but de préparer les États-Unis et les Philippines à faire face aux tensions résultant des prétentions territoriales et à la multiplication des attitudes agressives ».

Dangereuses tensions avec le Vietnam

Un autre incident, probablement le plus sérieux depuis plusieurs années, témoin des tensions en cours entre Hanoï et Pékin a eu lieu le 4 mai à proximité sud des îles Paracel, 170 miles marins à l’est du port de Da Nang, dans une zone contestée par le Vietnam où la Chine a installé une plateforme pétrolière de très grandes dimensions.

Selon le vice-amiral Ngo Ngoc Thu, commandant adjoint des gardes-côtes vietnamiens, « 80 bateaux chinois comprenant plusieurs navires de guerre et appuyés par l’aviation » sont entrés dans la zone économique exclusive vietnamienne créant une forte tension marquée par de nombreuses collisions avec des unités de gardes-côtes vietnamiens.

Ian Storey, proche des milieux de défense américains, spécialiste de l’Asie du Sud-est, détaché à l’Institut des Études sur l’Asie du Sud-est de Singapour, estime que le niveau de l’incident crée une situation nouvelle où l’importance des moyens engagés par la Chine indique sa détermination à aller de l’avant dans une zone pourtant contestée. L’appréciation a été confirmée par Yang Jiechi, membre du Comité Central, ancien ambassadeur à Washington, ancien Ministre des Affaires étrangères, aujourd’hui Conseiller d’État pour qui l’initiative chinoise faisait partie des opérations normales d’exploitation de la zone qui ne concernait ni le Vietnam, ni les États-Unis.

Alors que la Maison Blanche se disait « préoccupée » par l’installation d’une plateforme pétrolière dans une zone disputée, initiative considérée comme une provocation sans précédent, le 7 mai, le gouvernement vietnamien annonçait « qu’il prendrait toutes les mesures nécessaires à la protection de ses intérêts si la Chine ne retirait pas la plateforme ». A l’évidence, l’impasse vient de se tendre dangereusement. Elle se nourrit des appétits énergétiques de Pékin et de ses inflexibles revendications territoriales héritage de son « désir d’empire », confrontés au Vietnam qui se cabre face aux menaces militaires.

Hanoï qui n’a pas pour habitude de céder aux pressions de l’APL, a déployé plusieurs dizaines de navires, militaires et civils, la plupart armés. Surtout le gouvernement a évoqué la possibilité de suivre l’exemple de Manille au tribunal de La Haye. Si cette idée, très peu dans les habitudes du Parti communiste qui préfère résoudre les différends internationaux en secret, se concrétisait, Pékin serait confronté à une contagion néfaste et devrait abandonner ses vieilles attitudes de suzerain, à la fois paternaliste et désinvolte dont Yang Jiechi avait livré un embarrassant échantillon en juillet 2010 à Hanoï en présence de Hillary Clinton lors d’une conférence de l’ARF (ASEAN Regional Forum, sommet informel de sécurité de l’ASEAN).

Désinvolture impériale, surenchères populistes

S’adressant à son homologue singapourien, Yang, alors ministre des Affaires étrangères, s’était laissé aller à apostropher l’assistance sur le thème des différences de taille entre les pays riverains de la mer de Chine : « La Chine est un grand pays, tandis que les autres sont très petits, c’est un fait ».

Évidemment la sagesse qui nous renvoie aux vieux conseils de prudence et de patience de Deng Xiaoping voudrait que s’engage une négociation sur le partage des ressources avec la Chine, comme d’ailleurs Pékin l’a si souvent préconisé. Nombres de chercheurs chinois sont de cet avis. Mais les effervescences nationalistes internes si souvent agitées par le pouvoir chinois deviennent un obstacle et ferait apparaître toute concession comme une inacceptable reculade.

Un récent article du Global Times, excellent thermomètre des crispations nationalistes et populistes chinoises, est à cet égard révélateur. Publié le 7 mai, il affirmait ne pas croire que le Vietnam aurait l’estomac d’attaquer directement la plateforme et concluait par une menace : « si le Vietnam continuait ses provocations autour des îles Paracel et persévérait à vouloir relever la tête, il faudrait envisager de lui donner une leçon ».

Lire aussi :
- Querelles sino-vietnamiennes. Rivalités des frères ennemis et enjeu global

- Les embarras compliqués de la puissance chinoise


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