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›› Chronique

Hong-Kong, sous l’œil de Pékin. Tractations pour la désignation du gouverneur

John Tsang, 曾俊華, 65 ans, 165 parrainages.

Ancien secrétaire pour le commerce et l’industrie et directeur des affaires financières du territoire de 2007 à 2017, Tsang qui fut aussi le secrétaire particulier de Chris Patten a été formé aux États-Unis où ses parents ont émigré en 1965. Diplômé d’architecture du MIT, il détient aussi un master d’administration publique de la Kennedy School of governement de Harvard.

En dépit de plusieurs controverses lors de son mandat de directeur des finances où il a été accusé d’être trop conservateur, son projet de budget 2011 ayant été violemment critiqué par le Conseil Législatif et l’opinion qui organisa une manifestation contre lui à Central ; malgré encore des soupçons l’accusant d’avoir favorisé l’attribution d’un contrat de télécom – internet à une société liée à la mouvance pro-Pékin, Tsang est de loin le candidat le plus populaire dans les sondages.

Fin politique, il a depuis 2013 pris ses distances avec le gouverneur Leung aligné sur Pékin condamnant violemment les manifestations de « localisme » prônant la séparation avec le Continent. Adoptant une approche oblique, il a, hors politique, fait l’éloge de la culture locale et considéré sur son blog que « le localisme deviendrait un ferment de cohésion et une force de progrès dans la R.A.S ».

La candidature de John Tsang a été rendue publique le 19 janvier 2017 au milieu de soupçons que Pékin songeait à y mettre un veto à la suite de ses prises de position publiques pour « les localistes ». La rumeur, réfutée par Tsang, dit aussi que le gouvernement central aurait lourdement insisté pour qu’il abandonne la course, lui proposant en échange le poste de n°2 de la Banque Asiatique d’Infrastructure et de développement créée par Pékin à l’automne 2014.

Avec son slogan « Confiance, Unité, Espoir », Tsang tente de se démarquer de sa rivale Carie Lam par une attitude ostensiblement ouverte au dialogue directement et par internet où, le 3 février il a lancé un appel de fonds au succès fracassant ayant permis, en seulement quelques heures, la collecte de plus d’un million de Dollars de Hong Kong (121 000 $).

Le 6 février, il a publié son programme qui comprend la promesse, cependant assez vague, de relancer les réformes politiques. Tsang a aussi promis de supprimer le système de contrôle annuel du niveau scolaire des élèves du primaire et du secondaire par des épreuves écrites et orales en Chinois, Anglais et Mathématiques.

Sous l’oeil de Pékin.

Alors que le bureau de représentation de Pékin faisait pression sur lui, Tsang a d’abord eu du mal à réunir les parrainages nécessaires à sa candidature. Ses appuis de la mouvance pro-Continent sont rares, tandis qu’il recueille 123 parrainages venant des démocrates de la Commission électorale, la plupart venant des secteurs professionnels.

Le même appui est venu du Legco par les 7 législateurs démocrates qui, pour la première fois, recommandèrent un membre de l’establishment. Ce très net positionnement en faveur des « démocrates » lui a attiré les vives critiques des médias et politiciens pro-Pékin (le Wen Weil Po et le Ta Kung Pao) , l’accusant d’avoir passé « un pacte avec le diable ».

La candidature et le positionnement politique de Tsang ont également été critiqués par l’ancien gouverneur Tung Chee-hwa qui, lors d’une réunion à huis clos il y a dix jours a affirmé que, même s’il était élu Tsang ne recevrait pas l’investiture de Pékin.

En riposte, les 30 démocrates de la Commission électorale appartenant au secteur juridique se sont insurgés contre une interférence aussi brutale par une déclaration sans équivoque : « Toute tentative de pression par des menaces contre la Commission électorale pouvant désavantager un candidat est regrettable et pourrait être considérée comme un délit. Elle affaiblit l’impartialité de l’élection et témoigne d’une choquante désinvolture à l’égard des aspirations des Hongkongais pour des élections libres et équitables, qui ne méritent pas d’être polluées par des ingérences aussi ignares et dépourvues de sensibilité. ».

Le 3 mars, pour calmer le jeu, Tsang a promis de se tenir à distance des tentations de corruption, de cultiver les contacts avec les citoyens quelles que soient leurs convictions, de promouvoir les jeunes talents et surtout, de respecter scrupuleusement le schéma « un pays deux système ». Pour se rallier les bonnes grâces de Pékin qui le tient à longueur de gaffe, il a décliné une invitation à participer, le dimanche 5 mars, à un forum organisé par les démocrates sur les élections .

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