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›› Chronique

Hong – Kong, un dilemme chinois. Retour de flamme et contrecoup taïwanais

Retour de flamme protestataire.

Photo : Ma Ying-jeou, le 10 octobre, jour de la fête nationale taïwanaise. Lui-même en difficulté avec le blocage par l’opposition de la construction de la 4e centrale nucléaire et de l’accord cadre sur les services avec la Chine. Egalement accusé par le président du Yuan Législatif de manquer aux obligations démocratiques de sa charge, le président a réaffirmé son appui au mouvement qu’il soutient depuis son lancement.

La conjonction des deux événements - report sine die des négociations et accusation de corruption lancée contre le gouverneur dont les manifestants avaient déjà réclamé la démission -, contribua à relancer le mouvement. Le 11 octobre au soir, des milliers de protestataires avec familles et enfants s’étaient remobilisés au milieu des gratte-ciels du centre des affaires. Entre temps, la fédération des étudiants de Hong Kong adressait une lettre ouverte au Secrétaire Général du Parti pour réclamer l’instauration d’un authentique système démocratique dans la R.A.S.

« Nous sommes préparés à une occupation de longue durée », déclarait Benny Tai, le chef du mouvement « Occupy Central », au milieu d’un campement d’une centaine de tentes multicolores dressées en travers de la voie rapide de Harcourt Road où la logistique des manifestants avait préparé un réseau de postes de premier secours et de points de ravitaillement.

Dans une ambiance encore bon enfant de la manifestation et alors que les déploiements de police étaient nettement plus légers que la semaine dernière, indiquant la prudence du pouvoir, Li Keqiang en voyage en Allemagne (le troisième sommet cette année entre Berlin et Pékin) exprimait le 9 octobre la première prise de position officielle du Parti. Sans surprise, elle était adressée aux tenants de la stabilité des affaires : « Le maintien d’une stabilité durable n’est pas seulement dans l’intérêt de la Chine, mais également dans celui du peuple de Hong Kong ».

L’obsédant fantôme de la 5e modernisation…

En avançant l’argument classique de la stabilité, le Premier ministre tient à distance le fantôme de la 5e modernisation qui, depuis plus de 30 années, hante les esprits des intellectuels chinois. Aujourd’hui son ombre plane sur la question de Hong Kong et resurgit depuis l’autre rive du détroit de Taïwan, comme le principal obstacle à la réunification. Le 7 octobre et le 10 octobre, jour du « double dix », la fête nationale taïwanaise, Ma Ying-jeou a exhorté Pékin à « transformer la crise en opportunité » et à « tenir les promesses de 1997 » de garantir les libertés politiques de la RAS.

Dans son élan, il s’est même payé le luxe d’une référence à Deng Xiaoping, symbole des réformes et de l’ouverture sur le continent : « Il y a trente ans, Deng, l’avocat des réformes, avait proposé que certains Chinois s’enrichissent avant les autres. Pourquoi ne pas l’imiter aujourd’hui à Hong Kong et autoriser, avant la Chine, la démocratie dans R.A.S ? ».

…resurgit dans le détroit de Taïwan.

Cette envolée illusoire faisait suite à un article dans le magasine 天下杂志 (titre anglais « Commonwealth »), paru le 3 octobre au milieu d’une série présentant la situation socio-économique et politique dans la R.A.S, sous le titre « Hong Kong paye le prix de la formule un pays deux systèmes ». Le schéma imaginé par le Parti Communiste chinois, modèle du Continent pour la réunification dans le Détroit était désigné comme le principal responsable du déclassement de Hong Kong derrière Singapour et Shanghai.

L’auteur soulignait notamment que « les deux systèmes » avaient en réalité été un paravent pour l’installation progressive à Hong Kong de la norme du Continent. A la diversité des cultures fut privilégié l’intérêt des affaires politiquement calibrées à la chinoise, à quoi s’est ajoutée une progressive main mise politique sur les médias indépendants de la R.AS. Le dernier paragraphe de la conclusion faisait un parallèle entre la démocratie taïwanaise ayant déjà fait l’expérience d’une alternance politique, comparée à l’étroitesse des choix proposés aux Hongkongais.

Alors que les médias officiels chinois accusaient les États-Unis d’interférence dans les affaires intérieures de la Chine et réaffirmaient la détermination de Pékin à maintenir la stabilité et la prospérité de la R.A.S, le gouverneur CY Leung s’est durant le week-end du 12 août pour la première fois exprimé sur la chaîne de télévision locale TVB.

Tout en refusant de qualifier le mouvement de « révolutionnaire », il a néanmoins concédé qu’il était devenu « incontrôlable » et rejeté les demandes de démission qui selon lui « ne résoudrait rien ». Il a ajouté que les manifestations n’avaient aucune chance de modifier la position de la Chine sur la manière d’élire le prochain gouverneur en 2017. « Il est totalement impossible que le Comité Permanent revienne sur sa décision du 31 août ».

Après le retour d’effervescence à la fin de semaine, le mouvement a à nouveau reflué le 13 octobre, tandis que la police commençait à retirer les barrières du centre de la ville.


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