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Investissements chinois à l’étranger. Arrêt sur image

Répartition des investissements chinois en Europe (2015).

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Se référant à un rapport de la Commission de réforme et développement chinoise (NDRC) et à des études de plusieurs cabinets spécialisés (Dealogic, Cushman & Wakefield, fDi markets, Ernst & Young et d’autres), les Conseillers du Commerce Extérieur de la France publient régulièrement « La Chine hors les murs », un très utile point de situation des investissements chinois à l’étranger.

Le dernier en date, paru le 27 septembre constate, sous la plume de Christophe Garnier une hausse des investissements privés ayant au premier trimestre représenté 68% des Fusions & Acquisitions chinoises. Cette augmentation en grande partie appliquée aux projets des routes de la soie, compense un freinage des investissements privés domestiques et même un recul au mois de juin pour « la première fois dans l’histoire des statistiques chinoises. »

Une hausse rapide à mettre en perspective.

A la fin 2015 (déjà cité par QC) le stock des investissements chinois extérieurs – IDE - (toutes origines confondues) s’élevait à 1000 Mds de $ en augmentation de 50% depuis 2013. Ces chiffres sont notablement inférieurs à ceux de « China Tracker » (Voir China’s Outward Investment Explodes, and Peaks ?, document PDF) qui situent le stock des IDE chinois à 1300 Mds de $ en 2016, à comparer cependant aux 17 000 Mds de $ investis par les pays développés depuis 1990. Ce qui situe le stock des IDE chinois à moins de 10% de la somme mondiale des investissements enregistrés depuis 25 ans. (Source UNCTAD)

Selon « China Tracker », le record historique des IDE chinois a été atteint au premier semestre 2016 équivalant au total de toute l’année 2015. Enfin entre 2010 et 2016 la part du privé dans les IDE chinois est passée de 9,3% à 51,6%.

Il reste que, dans un article du Monde du 28 septembre, André Loesekrug-Pietri, conseiller du commerce extérieur et président d’Acapital constatant que les opérations extérieures deviennent plus difficiles pour les groupes chinois, s’interroge sur la pérénnité de cette dynamique d’investissements extérieurs parfois ponctuée d’OPA hostiles dont la valeur totale atteint 78 Mds de $, ce qui constitue un autre record dont l’impact négatif sur la sérénité des acteurs ayant à faire aux finances chinoises ne peut pas être négligé.

Enfin, pour l’auteur, « une analyse plus fine montre que près de la moitié des performances 2016 vient d’une seule opération, l’acquisition du géant de l’agrochimie Syngenta par Chemchina (lire notre article ChemChina se paye SYNGENTA. Objectifs : progrès technologiques et modernisation des campagnes) ». Enfin l’article ajoute que 20 Mds de $ d’investissements chinois ont été annulés par le Comité américain régulant les investissements étrangers aux États-Unis. Ces blocages s’inscrivent dans l’ambiance de tensions croissantes entre Pékin et Washington.

La fringale immobilière et l’explosion du tourisme chinois.

Le rapport jette un éclairage sur la boulimie d’investissements immobiliers (17 Mds de $ de janvier à mai 2016 dont la très grande majorité a ciblé des immeubles de bureau et des hôtels (92%), le reste ayant été dirigé vers des résidences privées - 1,3 Mds de $ -).

Alors que les investissements publics se contractent en même temps que baisse la valeur du portefeuille du fonds souverain C.I.C (une chute de 3% en 2015), néanmoins crédité d’un rapport moyen annuel tout à fait honorable de 4,58% depuis 2007, l’éditorial constate que, pour les 18 derniers mois, les cibles extérieures des finances chinoises ont été en priorité dirigées vers les pays des nouvelles routes des la soie - dont cependant le périmètre est flou -, représentant 56% des nouveaux investissements créateurs d’activités, tandis que sur les autres cibles extérieures, ces derniers sont en baisse de 29%.

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Une partie importante du rapport est consacrée au potentiel du tourisme chinois à l’étranger (226 Md de $ dépensés en 2015) et à son augmentation probable à la suite du regroupement, orchestré par la SASAC, entre CITS et HKCTS, pour développer 200 projets le long des routes de la soie où la société Silk Road Travel & Hotel tient la corde avec une chaîne d’hôtels déjà implantée sur les trajets Chine – Asie-Centrale – Europe.

Appartenant à Peter M.K Wong, délégué au Congrès et Président de la chambre de commerce de Chine, le groupe bénéficie de toutes les bienveillances du pouvoir pour capter une partie des 150 millions de touristes chinois ce qui, selon Ernst & Young, représenterait 200 Mds de $ de chiffre d’affaires potentiel pour hôtellerie chinoise.

En France, extrémité occidentale des routes de la soie, avec l’acquisition par des groupes ou des particuliers chinois de 120 vignobles essentiellement bordelais [1], se dessine une activité de tourisme culturel à vocation œnologique.

L’acquisition du Château de Millefleurs, centre de vacances bien connu en Gironde, par Changyu, n°1 du vin chinois, ouvre peut-être la voie à un afflux de touristes fortunés de la classe moyenne hors des traditionnels circuits du luxe parisien. D’autres variantes du tourisme touchent aux soins médicaux, à la chirurgie esthétique, au thermalisme et à la gériatrie. Dans ces domaines, les destinations privilégiées des Chinois sont d’abord américaines, anglaises, coréennes, singapourienne et thaïlandaises.

Répertoriés par des sociétés de service comme Beijing Saint Lucia Hospital Management ayant conclu des accords aux États-Unis avec Harvard Medical, Mayo Clinic, John Hopkins et, au Royaume Uni, avec King’s College, ces créneaux, en pleine expansion, spéculent sur le vieillissement annoncé de la population chinoise. (Cependant encore moins prononcé qu’en France où les plus de 65 ans comptent pour 18% de la population - source INSEE 2014 - contre seulement 10% en Chine).

L’acquisition de « La clinique de Paris International » (soins anti-âge, nutrition, soins esthétiques) dont le siège social est à Hong-Kong, confirme l’attrait de ce secteur pour les classes moyennes supérieures chinoises, devenues une cible pour les agences de tourisme.

Par ailleurs, exprimant la vitalité de l’hôtellerie chinoise, le document établit la liste des dix plus grands groupes hôteliers mondiaux dans laquelle figure maintenant 3 groupes chinois, avec cependant le bémol important que le classement n’est que quantitatif uniquement lié au nombre de chambres : 1) Jinjiang qui, associé à Plateno et Vienna Chine, totalise 570 000 chambres, avant le Français Accor associé à Fairmont Raffles (550 000 chambres). Les deux autres sont Home Inns (320 000 chambres) et Huazhu (220 000 chambres).

Note(s) :

[1Il est vrai que de nombreuses personnalités ou groupes chinois, tels Qu Naijie (30 châteaux achetés), la société de jeux de Macao devenue propriétaire du Clos Vougeot en Bourgogne ou Jack Ma propriétaire du château de Sours (Entre-Deux-Mers) racheté au chasseur de têtes britannique Martin Krajewsk, ont pris le contrôle de nombreuses propriétés viticoles en France.

Mais rapportés à l’ensemble des domaines les achats chinois ne représentent qu’une très faible part. Dans le Bordelais par exemple, sur les 7400 châteaux, moins de 2% sont entre des mains chinoises. Par ailleurs certains Chinois ayant une culture du thé (terroirs, histoire, traditions, grands crus, dégustation) traditionnellement assez comparable à celle du vin français, pourraient à l’avenir se montrer des investisseurs beaucoup plus respectueux de la culture que d’autres uniquement intéressés par la spéculation.


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