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›› Politique intérieure

L’ANP, toujours compassée, sous les feux d’Internet et de la presse

C’est dans cette ambiance marquée par la modification des rapports entre la société et le pouvoir, où la session annuelle de l’ANP paraît, par contraste, plus compassée que jamais, dans un contexte où les frustrations semblent se fédérer par le truchement du net et par le biais d’une nouvelle presse, dont les affinités contestataires, encouragées par les enquêtes d’experts et peut-être par une fronde politique, se sont rejointes dans un éditorial publié le même jour dans treize journaux, que le Premier Ministre a prononcé son discours fleuve sur la politique de son gouvernement.

Privilégiant comme toujours la vigilance, laissant parfois percer une tension inquiète, qui fait partie de son style, il a développé trois grand thèmes, après la longue liste obligée des succès et des efforts consentis par le gouvernement - performances de l’économie, aide à la consommation intérieure, politiques sociales, aides aux personnes âgées, aux paysans, aux migrants, aux sinistrés du séisme de Wenchuan, programmes de santé et d’éducation, lutte contre la corruption, construction d’infrastructures, appui aux technologies nouvelles, lutte contre la pollution -.

Le premier thème, de nature macroéconomique, laissait transparaître la contradiction entre d’une part le souci de ne pas favoriser les bulles spéculatives, l’inflation, la surproduction et les mauvaises créances des banques, et d’autre part celui de maintenir la croissance à un bon niveau par une stimulation financière contrôlée. En somme maintenir l’élan de 2009, en évitant l’emballement. S’il est vrai que Wen Jiabao n’a pas éludé les soucis d’environnement, cette partie a cependant clairement montré que la poursuite de la croissance à un bon niveau était un des soucis majeurs de l’équipe actuelle.

Le deuxième thème, plus politique, était consacré aux efforts sociaux et éducatifs, image de marque du tandem Hu et Wen, dont l’ambition est de faire naître une société « harmonieuse au confort modeste » - xiaokang - idée confucéenne d’une société apaisée, dont la stabilité reposerait sur la modicité des besoins et des moyens. A cet égard il a promis de lutter avec détermination pour combattre la corruption et rééquilibrer les revenus des villes et des campagnes, réformer le système du Hukou dans les petites villes (première réponse limitée à l’éditorial commun du 1er mars), et relever le niveau des universités provinciales, toujours sous le feu des critiques.

Le troisième thème, aujourd’hui le plus sensible, renvoyait aux soucis du pouvoir après les effervescences ethniques au Tibet et au Xinjiang. Il a donné lieu à un long développement assez vague sur la priorité que l’Etat donnait à la préservation de « l’héritage culturel des minorités et à la protection de leur écosystème », sous la bannière unique du Parti, sans cependant entrer dans le détail des politiques culturelles qui permettraient d’y parvenir.

C’est ce passage du discours, associé plus loin à la question de Taiwan qui a fourni le prétexte d’un des rares développements sur les relations extérieures par Li Zhaoxing, ancien ambassadeur à Washington, puis ministre des Affaires étrangères, aujourd’hui porte parole de l’ANP, à qui revient désormais la charge de répondre aux questions de la conférence de presse.

Li Zhaoxing, très à l’aise dans l’exercice, bien moins compassé que beaucoup de ses collègues, répondait à une question d’un journaliste occidental sur les tensions entre la Chine et l’Occident. Rappelant la vieille histoire du paysan chinois qui, à force de craindre que le ciel ne lui tombe sur la tête, avait fini par s’attirer les pires malheurs, l’ancien ministre est revenu sur une des positions traditionnelles et immuables du Waijiaobu : Il n’y a pas lieu de craindre que les tensions s’enveniment, pour peu que chacun s’occupe de ses affaires et ne vienne pas se mêler de celles des autres.

On ne peut mieux dire. La Chine craint par-dessus tout les interférences extérieures dans ses problèmes internes à la fois politiques, sociaux et ethniques, qui, comme le souligne la session de l’ANP et le contexte dans lequel elle baigne, ne sont pas minces. Surtout s’ils sont instrumentalisés par les querelles de succession qui redoubleront à l’approche du 18e Congrès.


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