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›› Editorial

L’apaisement de l’APEC et les hésitations du destin

Photo : En 2012, un chalutier chinois et deux garde-côtes japonais au large de l’île Uotsuri, une des îles de l’archipel des Senkaku (Diaoyu en Chinois). Photo : Yomiuri Shimbun, Masataka Morita.

Une trajectoire conflictuelle.

Depuis quelques années, la compétition entre les États-Unis, la Chine et le Japon qui sont aussi les premières puissances économiques de la planète, s’est cristallisée et durcie autour de deux piliers de la stratégie globale de la Maison Blanche devenus de sérieux points d’achoppement : annoncée au début 2012 au milieu de postures martiales, la bascule stratégique des États-Unis vers le Pacifique occidental et le lancement du Trans Pacific Partnership (Partenariat Transpacifique), dont la Chine est exclue. Tous deux sont vus par Pékin comme une volonté délibérée de Washington de contrebalancer l’influence de la Chine en Asie et de gêner sa montée en puissance.

En réponse, Pékin a considérablement renforcé sa marine de combat et sa flotte de sous-marins et a lancé la construction d’une série de porte-avions. En même temps ses initiatives d’accords commerciaux de libre échange déjà très denses avec les 10 pays de l’ASEAN, le Japon et la Corée du sud (les derniers en date avec le Cambodge, le Myanmar, le Vietnam et le Laos doivent entrer en vigueur en janvier 2015), ont récemment été étendues à une proposition de pacte encore dans les limbes, appelé « Zone de libre échange de l’Asie Pacifique ».

Ce dernier est le concurrent chinois du Partenariat Transpacifique américain, qui lui-même butte au Japon et dans plusieurs autres pays de la région sur la clause imposée par Washington de suppression complète des taxes.

En fond de tableau, une longue série de différends qui vont de tarifs douaniers et du respect des lois du marché aux droits de l’homme en passant par le « cyber-espionnage », les querelles territoriales en Asie de l’Est et la liberté de navigation en mer de Chine.

Cette dernière est le sujet d’une controverse qui s’envenime régulièrement, utilisée comme un levier de pressions contre les exorbitantes revendications territoriales de Pékin par Tokyo, Washington et même récemment par New-Delhi.

Elle prend en otages les petits pays riverains de la Mer de Chine dont les marges de manœuvre sont faibles au milieu des rivalités des grandes puissances, mais dont les crispations – notamment celles de Hanoi et de Manille - placent la région dont presque tous les budgets de la défense sont en hausse, sur une trajectoire inquiétante au-dessus de laquelle plane le spectre d’un dérapage militaire.

Des conceptions des relations internationales opposées

A l’étage supérieur deux visions des relations internationales et du monde, affichées par la Maison Blanche et le Parti communiste chinois, autour de laquelle gravitent les autres acteurs. D’une part, le rôle global que s’attribuent les États-Unis et que le Président Obama a répété à Pékin : « guider le monde dans la solution des défis de la planète ». Un des leviers de cette mission auto-attribuée étant la diffusion des principes démocratiques dont les États-Unis s’estiment les dépositaires.

D’autre part, l’appel chinois à l’émergence d’un monde multipolaire dont l’organisation s’éloignerait des arrangements de l’après-guerre conclus à l’avantage de l’Occident et des États-Unis et où règnerait un esprit de coopération et d’échanges équilibrés.

Surtout, répète Pékin, cette nouvelle organisation du monde serait à l’avantage commercial et économique de tous, dans le respect des particularités politiques et culturelles de chacun, excluant systématiquement l’ingérence dans les affaires intérieures des autres, condition de la paix.

Telle est la substance du message que le Président Xi Jinping a adressé à Barack Obama à Pékin, lors du sommet de l’APEC : « l’Océan Pacifique est assez grand pour accueillir le développement de la Chine et des Etats-Unis. Les deux pays devraient, en dépit de leurs différends, travailler ensemble pour contribuer à la sécurité en Asie (…) Chaque partie devrait respecter les préoccupations et les intérêts vitaux de l’autre et s’efforcer de régler les divergences de manière constructive. »

On notera – et il s’agit là d’une incidence qui pourrait exprimer une rupture dans l’arrière plan conflictuel - que les discours américain et chinois contenaient chacun une inflexion majeure qui les démarquait des récentes rhétoriques où l’expression des antagonismes avait progressivement pris le pas sur celle de la conciliation.


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