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›› Politique intérieure

L’après Bo Xilai. Protéger le Parti et préparer l’avenir. Un Français dans la tourmente

Protéger le Parti. Désigner des boucs émissaires.

A l’heure où la machine politique du Parti a entrepris de sélectionner les futurs dirigeants du pays, tandis que surgissent d’importants questionnements internes sur le schéma de développement et l’ouverture politique du régime, sa transparence et sa rectitude morale, l’affaire Bo Xilai, qui traîne derrière elle de forts relents de cynisme, de népotisme et de corruption, véhiculés par l’histoire trouble à Dalian et à Chongqing d’un homme pour qui la fin justifiait les moyens, constitue désormais un repoussoir sulfureux.

Le sujet est d’autant plus sensible que - Zhang Dejiang l’a signalé lui-même - les réalisations de Bo Xilai à Chongqing, reconnues par Sun Liping professeur à Qinghua et proche de Xi Jinping (croissance de 16%, construction de 800 000 logements sociaux, amélioration de l’environnement et du système de santé, financement des projets sociaux par les entreprises publiques), lui confèrent, en dépit de ses dérapages disciplinaires et éthiques , une popularité pour le moins inopportune et embarrassante.

Dans ce contexte et en amont du Congrès, les priorités les plus pressantes du Parti sont de préserver à tout prix la cohésion du système politique ; elles sont aussi d’ajuster le processus de sélection des élites pour éviter de placer de nouveaux trublions machiavéliques et opportunistes sur la trajectoire du pouvoir suprême.

Si les déclarations de contrition de Zhang constituent une concession à la transparence, la Commission Centrale de Discipline, véritable justice parallèle totalement impénétrable, a commencé à déployer une stratégie d’évitement en stigmatisant d’abord l’épouse de Bo Xilai, dont l’ancien Secrétaire Général de Chongqing s’est lui-même désolidarisé, en soulignant qu’il était en instance de divorce. Ce qui tombe à point nommé, puisque, selon le journal japonais Asahi Shimbun, Gu Kailai aurait avoué le meurtre de Neil Heywood à l’automne 2011.

L’intérêt que Pékin manifeste pour l’affaire Bo s’est également exprimé par le piège tendu à Phnom-Penh à Patrick Devillers, architecte français proche du couple dans les années Dalian et, selon Reuter, probable amant de Gu Kailai avant 2007, arrêté sans avoir été informé de ses torts et dans des conditions légales incertaines, avec la complicité du régime cambodgien. Hypnotisé par les largesses du régime chinois, mais ne disposant d’aucun motif d’inculpation sérieux, le gouvernement de Phnom-Penh a en effet traqué le Français en faisant intervenir des agents de la sécurité pour le compte d’une société immobilière.

P.Devillers pourrait être accusé d’avoir participé à des transferts illégaux de capitaux au profit de Gu Kalai. Encore faudra t-il que le Parti Communiste Chinois en fournisse les preuves.

La force de la secousse ressentie par l’appareil et l’importance qu’il y attache sont encore attestées par la présence dans la capitale cambodgienne, le jour même de « l’enlèvement » du Français, de He Guoqiang (sur la photo, à droite), président de la Commission Centrale de Discipline du Parti, venu à Phnom-Penh, les bras chargés de cadeaux sous forme d’investissements et de prêts à faible taux, en échange de quoi Pékin exige l’extradition vers la Chine de Patrick Devillers.

Alors que la menace qui pèse sur le Français adresse une mise en garde aux étrangers tentés de prêter leur concours à l’évasion de capitaux, sur fond de règlements de comptes en amont du Congrès, il n’est pas inutile de rappeler que He Guoqiang est l’un des prédécesseurs de Bo Xilai à Chongqing. Ce dernier qui avait été agacé par la tourmente policière hautement médiatisée déclenchée contre la mafia dans un fief dont il avait lui-même eu la charge, figure parmi les plus féroces ennemis du « fils de prince » déchu.


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