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›› Politique intérieure

L’arrestation du PDG des assurances Anbang, pointe émergée du labyrinthe financier et politique chinois

Les piliers contradictoires des finances chinoises.

Le premier pilier évoqué plus haut, est l’augmentation rapide de la part des capitaux injectés dans des fonds d’investissements évaluées en avril dernier à 9000 Mds de $ par Bloomberg dont l’ampleur approche les 100 % du PIB.

50% d’entre eux concernent les fonds de gestion d’actifs aux risques largement sous estimés par le public chinois toujours persuadé que l’État viendrait au secours des fonds en difficultés. Pour l’heure en amont du Congrès, la tendance officielle du gouvernement préoccupé par la nécessité d’éviter toute crise financière pouvant déboucher sur des secousses sociales, donne raison aux investisseurs.

1.- La mode irresistibles des gestions d’actifs.

Si le public entend bien les mises en garde du pouvoir affimant qu’il ne viendra pas au secours des fonds en difficulté, il n’y croit pas. Il n’a pas pas tort. En dépit des déclarations évoquant une plus grande rigueur, le mouvement dominant des autorités financières reste cependant de veiller à un niveau de liquidités suffisant pour maintenir le rythme l’activité économique.

Lire l’article de Bloomberg : China Is Playing a $9 Trillion Game of Chicken With Savers

Sérieux obstacle aux mesures de redressement, selon Bloomberg l’importance des fonds de gestion d’actifs correspondant à 80% du PIB (4200 Mds de $ - chiffres de la Commission de régulation boursière -). Ce qui rend peu probable leur régulation publique plus sévère. D’autant que, pour les investisseurs, ils restent rentables, attractifs et sûrs.

Il est facile de comprendre pourquoi explique Bloomberg dans une analyse publiée le 11 avril dernier. Alors même que l’équilibre financier des fonds investissement dans des actifs volatils tels que l’immoblier où les obligations émises par les entreprises publiques est aléatoire, les retours des fonds de gestion d’actifs sont, en dépit des risques sous-jacents, remarquablement stables.

Sur les 181 000 produits financiers arrivés à maturité en 2015, seulement 44 dont la plupart avaient été achetés par des banques étrangères, ont enregistré des pertes. Aujourd’hui, les garanties moyennes de retour annuel des fonds de gestion d’actifs sont de 4,3%, contre 1,5% proposés par les banques publiques. Mais la réalité, moins florissante, renvoie aux vastes non-dits du système financier, dessinant une relation trouble entre le public, les banques et le pouvoir.

S’il est exact que les interventions de l’État pour tenir la tête hors de l’eau des fonds en difficultés sont rares, la vérité oblige à dire que, lorsque des produits financiers manquent à leurs promesses de retour sur investissement, les banques qui les distribuent, toutes liées à la puissance publique, mettent la main à la poche pour combler les différences.

2.- Le vaste flot des capitaux publics.

Dans cette logique, le deuxième pivot du sytème est l’important effort de la banque centrale pour maintenir le flot des liquidités disponibles et éviter un assèchement brutal du crédit. La tendance était en partie documentée par une dépêche de Xinhua du 2 mai dernier annonçant l’injection dans le système financier de 4000 Mds de Yuan (586 Mds de $) par la Banque Centrale et la Banque de Chine par le truchement de prêts à court et moyen termes de 6 mois à un an et différentes facilités de crédits.

Mais, selon la Deutsche Bank qui se réfère aux données officielles chinoises, les injections sont bien plus importantes. La valeur des seuls prêts à court et moyen termes est passée de 1000 Mds de Yuan en mai 2015 à 4000 Mds de Yuan en mars 2017, tandis que les autres crédits accordés aux banques sous diverses formes atteignent 5000 Mds de Yuan. Le total des facilités accordées aux banques et aux investisseurs du secteur industriel (9000 Mds de Yuan soit 1300 Mds de $), dessine un système de crédit dont l’exposition aux risques augmente régulièrement.

*

Face à ce dilemme le pouvoir ne reste pas inactif, mais compte tenu de l’ampleur du phénomène, sa marge de manœuvre est limitée. Récemment la Banque Centrale a augmenté les taux d’intérêt. La nanoeuvre freine la tendance des fonds d’actifs à emprunter à court terme pour tenir leurs échances et leurs promesses de retour. Elle a également rehaussé le taux des obligations des entreprises publiques, principales cibles des spéculateurs des fonds d’actifs qui comptent sur la réactivité publique pour rattraper les éventuelles mauvaises performances de leurs produits financiers industriels.

3.- Repression ciblée des débordements.

Dernière offensive en date contre la finance grise, dont on voit bien qu’elle est consubstantielle du système financier chinois, le pouvoir s’est brutalement attaqué aux abus les plus flangrants récemment identifiés dans le secteur des assurances. S’il est vrai que ce dernier ne représente qu’une faible part des 9000 Mds de $ des actifs des fonds de gestion, il est aussi celui dont les débordement ont récemment été les plus manifestes.

Ainsi, à côté de l’avalanche de capitaux injectés dans les fonds de gestion d’actifs ; parallèlement aux efforts publics pour ne pas assécher les liquidités, le 3e phénomène observable aujourd’hui faisant la une de la plupart des journaux de la planète, est l’assaut brutal du pouvoir contre le groupe d’assurances Anbang dont le président Wu Xiaohui, bien connu des lecteurs de QC, a été mis sous les verrous le 13 juin dernier. Lire notre article La nouvelle agressivité des groupes chinois à l’international mise en perspective.

*

Le 14 juin dernier, un article du New-York Times proposait une analyse à la fois technique et politique des raisons ayant poussé le pouvoir à cibler directement Wu. Depuis plusieurs années les stratégies aventureuses du magnat des assurances flirtent avec les limites sensibles de ce que le régime est prêt à accepter de la part de ses hommes d’affaires. Qu’il s’agisse du respect des lois et règlements internes ou des règles non écrites de la prévalence absolue du Parti sur la scène internationale.


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