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L’ASEAN et la Chine : le vieux défi de Washington en Asie

L’ASEAN timorée et divisée face à la Chine.

Face à face entre gardes côtes chinois et vietnamiens dans les parages des Paracels en mai 2014.

Nourri par la crainte de perte d’influence, l’agacement de la Maison Blanche qui ne souhaite pas être en première ligne sur les controverses territoriales est palpable à chaque réunion de l’ASEAN d’autant que Pékin appuie ses prétentions par des initiatives de grignotage et d’affirmation de souveraineté articulées autour de projets d’explorations pétrolières dans les eaux contestées, en établissant des zones de contrôle des pêches aux dimensions considérables, en harcelant les chalutiers vietnamiens ou philippins, parfois en séquestrant une partie des équipages vietnamiens, libérés contre rançon.

Organisé cette année par le Myanmar, le cycle des sommets de l’ASEAN commencé en janvier par la réunion des ministres de Affaires étrangères n’a pas fait exception aux habitudes de crispations entre Pékin, Washington et quelques autres capitales, suivis par des communiqués lénifiants et édulcorés de l’association qui mettent soigneusement les différends sous le boisseau. Le premier point culminant des tensions avait eu lieu lors de la réunion des ministres de la défense du 19 au 21 mai, moins d’une semaine après l’explosion des violences anti-chinoises au Vietnam attisées par le gouvernement de Hanoi suite aux mouvements d’une plateforme pétrolière de CNOOC aux abords des Paracels.

Mais après un échange acerbe entre le nouveau secrétaire général de l’ASEAN, le Vietnamien Le Luong Minh, à qui Pékin reprochait son manque d’impartialité et les accusations du Premier Ministre Vietnamien Nguyen Tan Dung qui pointaient du doigt l’agressivité chinoise, le communiqué conjoint des ministres de la défense exprimait un art consommé de la langue de bois et de l’évitement, uniquement articulé autour des coopérations de défense considérées comme des « adjuvants de la paix et de la prospérité ».

L’autre poussée d’adrénaline a eu lieu au cours du week-end du 8 août, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères où, cette fois, les échanges corrosifs ont directement eu lieu entre Pékin et Washington alors que la Chine rendait publique la construction à compter du 27 juillet de phares et de balises d’aide à la navigation sur 5 îlots des Paracels.

Une décision en apparence anodine, pourtant considérée comme une provocation non seulement par Washington, mais également par Hanoi qui rejette toute initiative d’implantation dans l’archipel et par Manille en litige juridique avec Pékin au tribunal sur le droit de la mer à La Haye.

Vifs échanges entre Washington et Pékin.

En réponse à la proposition de John Kerry de geler les constructions en signe d’apaisement et de bonne volonté chinoise, Pékin a violemment riposté accusant les États-Unis de vouloir importer en Asie leur agressivité militaire exprimée ailleurs dans le monde.

« En jetant de l’huile sur le feu et en ralliant les Philippines et le Vietnam contre la Chine, Washington crée un doute sur ses intentions réelles et éloigne les perspectives d’une solution apaisée des différends ». Un commentaire de Xinhua a même ajouté que « l’Oncle Sam ayant installé le chaos en Irak, en Syrie et en Libye, il fallait éviter qu’il fasse la même chose en mer de Chine du sud ».

A quoi la Maison Blanche piquée au vif a répondu que l’instabilité en mer de Chine du sud n’était pas le fait des États-Unis mais de l’agressivité chinoise. « Toutes nos actions visent à apaiser les tensions et militent pour une solution diplomatique des différends en évitant la coercition et les mesures déstabilisatrices telles que celles prises par les Chinois depuis plusieurs mois ».

Cette fois, le communiqué des 27 n’a cependant pas complètement éludé les tensions et appelé les protagonistes à la retenue, au respect de la convention sur le droit de la mer et aux efforts pour la négociation d’un code de conduite, conformément à la déclaration de Phnom Penh en 2002.

L’ASEAN désunie. Washington en porte à faux

Il reste que compte tenu des positions très éloignées des acteurs, aucune solution d’apaisement n’est en vue. Le sommet s’est même terminé sur l’impression qu’en dépit de ses déclarations, la Maison Blanche n’a pas les moyens d’aider ses alliés en litige avec Pékin, tandis que l’ASEAN reste profondément divisée sur l’attitude à observer à l’égard de la Chine et des États-Unis.

Parmi les 4 pays de la région – Brunei, Malaisie, Vietnam, Philippines – en litige territorial avec Pékin, seul Manille est complètement en phase avec Washington, tandis que Hanoï donne le sentiment de toujours se ménager la possibilité d’une négociation bilatérale avec Pékin en dépit des fortes tensions en cours. Quant aux deux autres, ils ne souhaitent surtout pas se heurter à la Chine qui répète que Washington exagère les tensions à dessein.

Aucun des six autres pays de l’Association n’est prêt à prendre clairement partie dans ces querelles. S’il est vrai que Singapour et l’Indonésie ont, dans un passé récent, appuyé une position proche de Washington appelant la Chine à respecter les déclarations sur le Code de Conduite de 2002, leur attitude, peut-être dictée par le poids économique de la Chine, semble évoluer vers un prudent attentisme. C’est le cas de la plupart des autres pays dont la Birmanie, le Laos et la Thaïlande. Quant au Cambodge où la Chine a investi 12 Mds de $ qui correspondent à 2 fois et-demi le budget du pays, il est inféodé sans conditions à Pékin.

Très handicapée en Asie du Sud-est par les divergences des pays de l’ASEAN et les attaques chinoises qui tentent de les discréditer, les États-Unis cherchent à rallier New-Delhi, Tokyo et Canberra.


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