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›› Economie

L’économie dans tous ses états

• Inflation

Alors que la hausse des prix est restée à 5,3% en avril, très au-dessus de l’objectif de 4% fixé par le gouvernement, certaines voix se font entendre pour desserrer les mesures de contrôle du crédit et freiner la hausse des taux d’intérêt, « pour éviter un accident économique », écrivait le 12 mai dernier China Daily, qui se faisait l’avocat du secteur productif, en particulier des PME qui commencent à souffrir de la rareté et du coût de crédit.

Mais les excellents résultats du commerce extérieur chinois, dont l’excédent a bondi à 11,4 Mds de $ en avril, (seulement 130 Millions de $ en mars) sont venus infirmer les appréciations d’un ralentissement.

Aux causes structurelles connues de l’inflation (augmentation des salaires et des coûts de production, désordre des circuits de distribution des produits agricoles et coûts des intrants, dépendance accrue à l’égard des ressources, raréfaction de la main d’œuvre, politique monétaire expansionniste), s’ajoutent aujourd’hui l’afflux de capitaux étrangers (38 Mds de $ au cours des 4 premiers moins de 2011, en hausse de 26% par rapport à 2010) et l’augmentation des réserves de change qui atteignent aujourd’hui 3000 Mds de $.

Le 10 mai, Wang Qishan répétait que l’inflation restait un problème sérieux. La banque de Chine, qui a déjà augmenté à 7 reprises le taux de réserve obligatoire des banque depuis la mi-novembre, est sur la même ligne, jouant également du taux du Yuan qu’elle a laissé s’apprécier de 0,9% contre dollar pour le seul mois d’avril, soit trois plus vite que la moyenne de la hausse enregistrée depuis 2005.

• Système monétaire international

Le 30 mai, le China Daily a publié deux longs articles de réflexion sur le système monétaire international, plaidant pour l’augmentation du pouvoir de vote de la Chine au FMI -aujourd’hui très sous évalué à seulement 4% -.

En même temps, les deux articles insistaient sur la nécessité d’un réajustement de l’économie chinoise et une meilleure utilisation des réserves de change, aujourd’hui réinjectées dans des bonds du trésor américain. Ce qui supposerait de libérer les investissements à l’étranger, toujours très étroitement contrôlés par l’Etat et réservés aux entreprises publiques.

En réalité ces contradictions tirent aussi leur origine de la prudence de la Direction chinoise qui, craignant les conséquences politiques de trop de libéralisme, freine à la fois le passage du Yuan à une totale convertibilité et contrôle étroitement les mouvements de capitaux vers l’étranger.

3. Investissements Directs Etrangers (IDE)

• Querelles commerciales

Le 11 mai, au milieu d’une controverse où Chinois, et Européen et Américains s’accusent mutuellement de protectionnisme, la Chine a, lors des deux jours du dialogue économique et stratégique avec les Etats-Unis, promis de faciliter l’accès des compagnies américaines au marché chinois, en particulier dans le domaine des banques et des assurances.

De l’avis des principales Chambres de Commerce étrangères à Pékin, Il est cependant peu probable que ces secteurs fermés par de nombreux obstacles et constituant toujours une chasse gardée, pour l’instant pratiquement inviolée des compagnies chinoises, soit rapidement accessible à des groupes étrangers.

• Controverses autour de la Banque Chinoise de Développement

La BCD - 7e banque mondiale en termes de capitalisation boursière, considérée par les autorités chinoises elles-mêmes comme l’outil financier le plus efficace d’aide aux investissements chinois à l’étranger - est depuis 2009 le plus gros prêteur chinois en devises étrangères avec 97,4 Mds de $, contre 96 Mds de $ pour la Banque de Chine.

Aux Etats-Unis et en Europe, son mode d’action - prêts garantis par l’Etat chinois, à très long terme et à faible intérêt, parfois sans intérêts alloués aux clients des sociétés chinoises - soulève une polémique qui stigmatise le non respect par la Chine des règles du marché. Sur la sellette les géants des télécom, Huawei, ZTE, ainsi que les grands des panneaux solaires, Lingyi et Linuo , Group.Co.

Ayant un rôle politique autant que financier, la BCD engage l’état chinois prêtant directement sans intérêt, le plus souvent aux pays riches en ressources minières ou énergétiques, y compris à ceux dont les capacités de remboursement ne sont pas garanties. Un article de Bloomberg News du 5 mai cite un prêt de 20,6 Mds de $ octroyé en août 2011 au Venezuela - signalé comme un pays à risque par les agences de crédit internationales - contre la garantie de livraison de 300 000 barils de pétrole / jour.

Enfin, la BCD dont les capitaux sont 100% d’état et qui avait également financé la création du Fond d’aide à l’Afrique créé sous l’égide de Hu Jintao en 2006 (1,2 Mds de $), s’engage de plus en plus à l’intérieur pour des projets industriels ou d’infrastructure, et même, à hauteur de 90 Mds de $, au profit de gouvernement locaux, dont les trésoreries seront menacées par les restructurations en cours et l’évolution du schéma de croissance du pays.

• Afrique

Selon une information du Guardian (1er février), reprise en avril par l’Expansion, la Chine s’apprêterait à investir 10 Mds de $ au Zimbabwe, essentiellement dans secteur minier - le pays possède les deuxièmes réserves mondiales de platine -, la construction d’infrastructures, et les télécom. L’investissement global envisagé par la Chine représente 2 fois le PIB du pays.

En revanche, à la mi mai, on apprenait, que la China Guangdong Nuclear Corporation (CGNC) avait retiré son offre de 1,2 Mds de $ pour entrer dans le capital de la mine d’uranium britannique Mineral PLC au Kalahari, après une tentative de CGNC pour baisser son offre initiale de 10%. 13 réacteurs nucléaires sont actuellement en fonctionnement en Chine et les importations d’uranium ont triplé en 2010 pour atteindre annuellement 17 000 tonnes (La France importe 12 500 tonnes par an).

• Compétition chinoise

Les deux géants chinois des télécom - ZTE et Huawei - produits high-tech et infrastructure de télécom - présents séparément ou ensemble sur tous les marchés où la Chine s’engage - Asie, Moyen Orient, Afghanistan, Afrique, Europe, Etats-Unis, Amérique Latine - ont entamé une guerre fratricide pour la maîtrise du marché mondial de la téléphonie mobile de 4e génération, où ils sont en compétition avec les autres grands du secteur. Huawei a porté plainte en France, en Allemagne et en Hongrie pour l’utilisation frauduleuse sans brevets par ZTE d’équipements et de produits Huawei.

ZTE contre attaque sur le même sujet, accusant Huawei de ne pas respecter le droit de propriété en France. Le fait qu’un conflit entre deux groupes chinois - très fréquents et impitoyables en Chine - ait été rendu public hors de Chine est une première. Que les plaintes aient été déposées en Europe et non en Chine signale une volonté d’échapper aux habituels compromis des tribunaux chinoises et, peut-être, une stratégie publicitaire, dont le vainqueur pourrait bénéficier.

• Le CIC

Le fonds souverain chinois qui avait été doté de 200 Mds de $ en 2007 provenant d’obligations émises au taux de 4,3 à 4,9%, sera renfloué par l’Etat chinois d’ici la fin de l’année (Caixin). A l’avenir, selon une décision arrêtée en mars lors de la révision par l’ANP du budget 2011, l’approvisionnement du fonds se ferait par un mécanisme régulier à long terme, injectant des devises étrangères par l’émission d’obligations d’Etat, garanties par les réserves de change.

Sur la dotation initiale de 2007, la moitié avait été consacrée au renflouement des institutions financières chinoises. Les informations, très incomplètes du dernier rapport du fonds souverain indiquent que le reste était allé à l’achat d’actifs dans les secteurs des mines et de l’énergie.

Les nouvelles dispositions devraient augmenter sa puissance d’intervention dont, selon Wang Jianxi, vice-directeur, toutes les ressources sont aujourd’hui engagées. En 2009 et 2010 le Fond, tirant la leçon des pertes essuyées par ses engagements dans les fonds d’investissements américains Blackstone et Morgan Stanley - estimées à 2% de son portefeuille global, et bien inférieures à celles d’autres fonds souverains -, avait réajusté ses positions.

En 2008, le fonds avait enregistré 23 Mds de $ de bénéfice. En 2009, le retour sur investissement de ses engagements extérieurs avait été de 11,7%. Selon le porte parole, les résultats 2010 seraient comparables à ceux de 2009. Une des prochaines cibles du fonds est la Russie, destination dont les investisseurs chinois s’étaient jusqu’à présent méfié. Pour limiter les risques, Lou Jiwei, président du CIC compte sur les garanties offertes par la structure spéciale d’accueil des investissements étrangers créée par Medvedev en 2010.

• Carlyle

Gérant plus de 100 Mds de $ et jusqu’à présent considérée comme l’une des plus efficaces et de plus profitables sociétés d’investissements en Chine, notamment grâce à une prise de participation minoritaire dans China Pacific Insurance, Carlyle est aujourd’hui sur la sellette suite à ses engagements dans 2 sociétés chinoises accusées de fraude, et dont les opérations ont été suspendues aux bourses de HongKong et New-York.

China Forestry listée à Hong Kong et China Agritech fabricants d’engrais, listée au Nasdaq, dont Carlyle possède respectivement 11 et 22% des parts sont pointées du doigt par le gouvernement chinois, la Bourse de Hong Kong et le Nasdaq suite à des accusations de corruption des manquements au règles de transparence et à des indices de fraude, signalant des manipulations boursières. En février, Li Han-chun, le PDG de China Forestry’s était arrêté pour avoir détourné 4,6 Millions de $, tandis qu’Agritech n’était pas en mesure de présenter son bilan et subissait plusieurs audits suite à des accusations de manipulations.

Ces affaires qui surgissent au milieu de méfiances réciproques entre la Chine, l’UE et les Etats-Unis, ponctuées d’accusations dumping et de protectionnisme, ajoutent encore au climat de controverses. Selon le Financial Times, qui cite un consultant basé à Pékin, sur 19 sociétés actuellement suspendues par le Nasdaq, 15 seraient chinoises.

• Contrôle des investissements étrangers en Chine

Alors que se développait la controverse Carlyle, le ministre chinois du commerce, Chen Deming, défendait dans le China Daily la transparence des nouvelles procédures de contrôle des investissements étrangers établies en avril et accusait Washington d’opacité dans ses décisions de blocage des investissements chinois aux Etats-Unis.

Publié le 1er avril par le ministère du commerce et Commission Nationale pour la Recherche et Développement (CNRD), le catalogue actualisé des secteurs autorisés ou interdits aux investissements étrangers a peu évolué dans le domaine de l’interdit. Les difficultés d’accès au secteur des services restent sans amélioration majeure. En revanche, le catalogue a ouvert de nouveaux secteurs.

Les secteurs interdits, au nombre de 39, concernent, entre autres, la pharmacopée chinoise, les aspects sensibles des sciences de la vie (clonage), le patrimoine, les ressources naturelles, la fabrication des armes, les services de postes express, les piles au mercure et la construction de villas.

Les nouveaux secteurs autorisés privilégient les technologiques très précises, où les entreprises chinoises souffrent de lacunes, notamment dans le domaine de l’environnement. Ils confirment très nettement la quête de qualité au détriment de l’apport en capital.

Le 10 mai, Chen Deming critiquait les restrictions imposées par les Etats-Unis frappant 2000 produits interdits d’exportation en Chine et s’insurgeait contre l’exclusion de la Chine de la liste des 164 pays bénéficiant d’un régime particulier d’importation de produits sensibles venant des Etats-Unis, baptisé « Strategic Trade Authorization ».

• Investissements chinois en Europe

Les émissions d’emprunt européen dont la maturité pourrait courir de 5 à 10 ans intéressent beaucoup les Chinois, selon les responsables financiers de l’UE. La Chine qui reste discrète sur le montant de ses autres engagements en Europe, cherche à diversifier ses avoirs en devises étrangères et sera, en juin prochain, à coup sûr parmi les acheteurs des 78 Mds d’Euros décidés par l’UE pour secourir le Portugal.

• Crispations européennes

Représailles chinoises. Le 14 mai Bruxelles annonçait des taxes appliquées aux importations de papier de luxe venant de Chine, visant ainsi les subventions chinoises du secteur. En représailles Pékin a décidé de taxer l’amidon venant d’Europe, en raison des subventions européennes accordées à ce secteur (Les Echos).

Depuis plusieurs mois des voix s’élèvent en Europe, dont celle de Michel Barnier qui dénonce la fermeture du marché des banques et des assurances, s’ajoutant à celle du Commissaire européen au commerce Karel de Gucht. Ce dernier critique à la fois les subventions publiques chinoises sur presque tous les produits importés de Chine, et les difficultés d’accès des entreprises étrangères aux marchés publics chinois.

Au moins d’avril la Chambre de Commerce européenne de Pékin ajoutait sa voix à celle des Etats-Unis pour dénoncer les difficultés du marché chinois. Les principales récriminations concernent les subventions et les distorsions de la concurrence, notamment pour l’accès aux marchés publics.

En riposte, le China Daily publiait le 26 mai dernier un article décrivant, avec l’aide de quelques témoignages, dont celui du représentant d’ALSTOM, les succès des entreprises européennes en Chine où, dit l’article, 71% des sociétés européennes avaient augmenté leurs profits en 2010.


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