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›› Technologies - Energie

L’extraordinaire défi du nucléaire en Chine

L’industrie nucléaire française captive de la Chine. Opportunités et risques.

La logique industrielle, technologique et commerciale de la coopération franco-chinoise est implacable. Alors que le marché des centrales nucléaires est fortement menacé en Europe et dans les pays occidentaux, où la pression des mouvements anti-nucléaires obligera à réduire le parc des centrales et qu’en France une seule centrale est en construction, dans un contexte politique où le maintien de la filière à ce niveau est incertain, la Chine, dont le marché est en expansion et dont les besoins en technologies modernes sont considérables, est un partenaire incontournable.

La coopération avec Pékin en matière de sûreté est par ailleurs d’une importance stratégique capitale, dans un contexte où un accident en Chine risquerait de sonner le glas définitif de la filière placée sous la pression politiquement irrésistible des anti-nucléaires.

C’est en tous cas l’avis de l’actuel administrateur du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), Bernard Bigot, rapporté par le Wall Street Journal et repris par le numéro de Courrier International du 19 au 25 janvier 2012 : « Si les investissements de la Chine en matière d’énergie nucléaire sont un échec, d’un point de vue industriel et en matière de sécurité, la France devra changer de stratégie ».

Les investissements français dans la filière nucléaire en Chine sont substantiels. Aux 250 Mds d’€, engagés depuis 40 ans, s’ajoutent aujourd’hui les efforts pour préparer l’avenir, avec l’inauguration, à l’automne 2011, dans la province de Canton, d’un Institut Franco Chinois de l’énergie nucléaire, financé à 50% par la France. Les ingénieurs chinois qui y sont formés seront titulaires d’un master en génie atomique et fourniront – espère Paris – le vivier des interlocuteurs privilégiés de la coopération nucléaire franco-chinoise du futur.

Simultanément, se développait sur le marché chinois, une concurrence dangereuse entre EDF et AREVA. Alors que le groupe nucléaire français construit aujourd’hui 2 réacteurs EPR à Taishan, livrables en 2013 et 2014, au prix de 8 milliards d’€, EDF a, de son côté, conclu un accord avec CGNPC pour construire un réacteur plus petit et moins cher, de surcroît exportable sur le marché international. AREVA fait, pour sa part, la promotion auprès des Chinois d’un petit réacteur de 3e génération à eau pressurisée d’une puissance de 1000 mW, baptisé ATMEA-1, construit en coopération avec le Japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI).

La conjonction, d’une part des efforts de coopération pour la formation des ingénieurs chinois dans les domaines de la sûreté et des technologies modernes, et d’autre part de la concurrence fratricide entre AREVA et EDF, face à un partenaire chinois avide de s’approprier les nouvelles technologies du nucléaire, non seulement pour son propre parc, mais aussi à des fins d’exportation sur le marché mondial, crée un risque important de captation par l’industrie nucléaire chinoise des technologies, qui sont au cœur des savoir faire français et de leurs avantages à l’export.

Telles sont les données enchevêtrées et complexes de la filière nucléaire française, à la fois fragilisée par les craintes de plus en plus médiatisées sur la sûreté des centrales, et irrésistiblement liée au développement massif du nucléaire en Chine, dont le développement rapide, favorisé par une longue coopération avec la France, ouvre d’importantes perspectives commerciales et industrielles.

En même temps, l’ampleur des progrès chinois risque de faciliter la création d’un concurrent redoutable, capable de maîtriser les technologies assimilées grâce à la collaboration obligée des industriels français.

Ces risques seraient encore exacerbés si les concurrences franco-françaises entre AREVA et EDF, qui poussent à la surenchère dans les transferts, n’étaient pas réglées. Le tout restant placé sous la menace d’un accident nucléaire que certains spécialistes chinois jugent probable, compte tenu du développement trop rapide du programme, du déficit en ressources humaines qualifiées et du retard technologique.


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