›› Editorial
Récemment, Xi Jinping, le Vice-président Chinois et futur Secrétaire Général, a, dans un discours public, entretenu l’affabulation de la guerre froide selon laquelle l’envoi du million de volontaires chinois dans le conflit coréen en 1951 répondait à une agression du Sud contre le Nord.
Disant cela, il savait qu’il travestissait la vérité, mais il le faisait pour des raisons de politique intérieure, dans un contexte où le mensonge participe de l’image que le régime souhaite donner de la République Populaire à son peuple, attentif à la réputation internationale de la Chine, à la fois puissance indépendante, intransigeante et moralement irréprochable.
Mais le magistère chinois en Asie s’oppose à celui des Etats-Unis, appuyé par de puissants déploiements militaires. Ces derniers tirent précisément leur légitimité du souvenir de l’engagement américain dans le pacifique. Il avait permis d’éliminer le militarisme japonais, bête noire des Chinois, et contribué à faciliter la victoire de Mao sur la Grande Terre, tandis que Tchang Kai Chek, épuisé par ses luttes contre les armées japonaises et la guerre civile était contraint de se réfugier à Taïwan. Sous couvert de l’ONU, l’engagement militaire américain, avait aussi sauvé la Corée du Sud d’une annexion pure et simple par Pyongyang.
Le poids du rayonnement américain dans la zone constitue donc l’autre élément majeur qui, avec la montée en puissance de la Chine, influe directement sur la question coréenne. Il contribue en outre à mettre sous le boisseau deux des membres du dialogue à Six, le Japon et la Corée du Sud, totalement inféodés à Washington et dont la marge de manœuvre est voisine de zéro.
Au point que, lorsqu’en 1997, le charismatique Kim Dae Jong reprenait la main en lançant sa « Sunshine Policy », prenant à contre pied la Chine, les Etats-Unis et l’establishment sud-coréen, la machine bureaucratique de l’alliance Washington - Séoul, qui sentait son magistère menacé, est restée très en retrait.