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›› Economie

La croissance ralentit. L’inflation faiblit. Pékin relâche le contrôle monétaire

Le cas d’école des projets TGV.

Au mois d’août dernier, un article du magazine Caixin tirait les leçons de l’accident de Wenzhou sur un mode ironique. Il s’intitulait : « Mieux vaut regarder avant de bondir », faisant allusion au sobriquet de Liu Zhijun, ministre du rail limogé et mis en examen en février, que la vox populi avait surnommé « Liu le bondissant » - « 刘跨越 - Liu Kua Yue ». (Voir notre article).

Le style et la méthode de Li Zhijun étaient en effet représentatifs d’un développement articulé autour de projets nourris de nationalisme visionnaire, mais dispendieux, détournant sans contrôles les ressources financières du pays vers des objectifs, certes porteurs de progrès technologiques et de renommée, mais en réalité de plus en plus décalés par rapport aux investissements sociaux, dont chacun – à commencer par le Premier Ministre - mesure à quels points ils sont aujourd’hui indispensables.

Les discours du ministre glosaient en effet avec emphase sur « les succès planétaires du rail chinois, devenu un leader mondial, pour le développement des nouvelles technologies ». Ce qui conduit Caixin à rappeler les « périodes de folie de l’histoire de la Chine, où il n’était question que de performances de portée mondiale. « Ce qui n’était qu’un moyen de transport parmi d’autres devint ainsi un instrument politique et une affirmation de la fierté de la Chine ».

Le message emphatique du ministre visait à glorifier le ministère et à lui épargner toute contre enquête qui vérifierait la pertinence des projets, la probité et la régularité de leur mise en œuvre. De fait, les critiques étaient rarissimes, même si le sens commun et les expériences hors de Chine prouvaient la corrélation directe entre la vitesse, les coûts d’exploitation du réseau et les risques d’accident.

Plus encore, ajoutait Caixin, en prenant les commandes du ministère Liu ne chercha qu’à conforter son pouvoir, ignorant les réalités de la situation du pays et les exigences d’un développement plus équilibré. S’il est vrai que son modèle permettait des percées rapides, que certains qualifièrent parfois de « miracle », il n’en reste pas moins qu’il est antiéconomique, qu’il exclut les entreprises privées et qu’il génère une corruption massive.

La conclusion était un appel à un changement radical de modèle économique : « nos responsables politiques devraient porter une grande attention aux dangers de ce modèle de développement nourri de « techno-nationalisme » (…). Voilà vingt ans que la Chine tente de s’éloigner de ce schéma. Aujourd’hui il faut le rendre définitivement inoffensif et nous assurer que cette fièvre ne reviendra jamais plus ».

Au passage, l’article donnait un coup de griffe aux tenants de l’immobilisme politique, citant Wu Jinglian, le doyen des économistes chinois : « les récents événements au ministère du rail nous ont donné raison. Le système de monopole d’état ne se contente pas de poser des voies ferrées et de fabriquer des trains, il contrôle et gère les grandes entreprises, tient les rênes de la sécurité interne et continue même d’avoir la haute main sur l’appareil judiciaire, en dépit des réformes ».


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