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›› Chronique

La difficile embellie de la question coréenne

Les dernières tensions sur la péninsule coréenne, coupée en deux par une longue cicatrice barbelée, bordée de champs de mines, et dominée de loin en loin par des miradors, ont au moins deux séries de racines.

Les unes sont d’ordre culturel et historique. Elles sont un élément d’explication au « claquemurage » insolite et borné du pays et à l’attirance actuelle de la Chine pour la Corée du Nord. Les autres, d’ordre stratégique, rendent compte des enchaînements à l’œuvre depuis 1950 et renvoient aux conséquences de l’après-guerre, mal gérées par l’administration Truman, au lendemain de la victoire américaine qui vitrifia deux villes japonaises.

Comme dans un miroir, on peut y lire l’autisme du régime, ses dérapages terroristes, ses tendances au chantage, sa proximité ambiguë avec la Chine, ainsi que les méfiances et les rivalités avec les États-Unis.

Les matrices culturelles et historiques des tensions.

Les tendances nationalistes teintées de xénophobie des Coréens sont réelles. En 1997, durant la « crise asiatique », quand le Won, la monnaie locale dégringolait et que les Sud-coréens étaient saisis de panique, il arriva que des Occidentaux « au long nez », à qui on attribuait la responsabilité des déboires économiques ne soient pas acceptés dans les échoppes coréennes.

Le réflexe venait de loin et remontait à l’époque du « Pays Ermite », quand la péninsule coréenne, où les suzerains chinois de la dynastie Qing avaient, à partir du milieu du XVIIe siècle diffusé un néo-confucianisme strict et corseté, s’était fermée à l’extérieur, incendiant de larges bandes de terres le long de ses côtes, repoussant les vaisseaux étrangers et s’imposant un blocus radical avec tous ses voisins, sauf avec la Chine.

Ainsi, le Royaume de Choson vécut en « ermite », en tête à tête avec l’Empire chinois pendant plus de 2 siècles, jusqu’en 1876, quand, affaibli par des querelles internes, il fut contraint de signer un traité d’ouverture de ses ports avec le Japon, assorti de droits d’exterritorialité sur le modèle de ceux que les autres pays d’Asie, - y compris la Chine -, avaient été contraints de signer avec l’Occident.

La deuxième matrice de la situation actuelle est à rechercher dans la décision de Truman de « partager » avec Staline l’administration provisoire de la Corée, que les troupes japonaises vaincues, présentes depuis 1910, étaient en train d’évacuer, laissant un vide que l’armée soviétique s’empressa opportunément de combler, sans en avoir cependant acquis la légitimité militaire, par la moindre participation aux combats contre le Japon.

A cet effet, la péninsule fut divisée, un peu au hasard, le long du 38e parallèle, par des officiers d’état-major américains – dont l’un était le futur Secrétaire d’Etat Dean Rusk -. Après la guerre de Corée, cette cicatrice longue de 248 km, devint la « Ligne de démarcation ». Elle est toujours là, inquiétante et anachronique, comme l’une des marques les plus douloureuses que la guerre froide n’en finit pas de mourir.

La séparation, était par l’effet d’une pure coïncidence – aucun expert de la Corée n’avait été consulté - identique à celle qui, en 1896, divisa la Corée entre deux zones d’influence russe et japonaise, dans une période de tensions graves entre Tokyo et Moscou, dont l’apogée fut la victoire de l’empire nippon contre la Russie en 1905, dix ans après celle de Tokyo sur la Chine, en 1895, sanctionnée par le traité de Shimonoseki.


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